En un peu plus d’un demi-siècle, l’état des sols agricoles s’est dégradé à une rapidité inconnue de l’homme depuis sa présence sur la Terre.

De multiples exemples pourraient être cités, mais nous ne sommes pas là pour dresser une liste des catastrophes, mais plutôt là pour essayer de comprendre les erreurs du passé dans le but de pouvoir les corriger et surtout de ne pas les reproduire. Dans les milieux tropicaux, même si la nature est abondante et généreuse, les sols sont très fragiles, il faut donc y être particulièrement vigilant.

8 raisons qui peuvent être à l’origine de cette situation :

  1.  D’une culture vivrière à une production semi-industrielle voire même industrielle…

L’agriculture dans les milieux tropicaux a évolué considérablement au cours des cinquante dernières années. Il y a quelques décennies seulement, la production agricole de ces régions était encore principalement destinée à l’approvisionnement des populations locales. Avec la mondialisation de la production, les récoltes sont encore destinées à une commercialisation locale certes, mais principalement destinées à l’exportation.   Cette réalité a conduit les agriculteurs à adopter des comportements qui ont des répercussions sur la qualité de leur sol.

  1. La productivité avant tout…

Les agriculteurs ont dû adopter des comportements ne respectant pas le cycle de vie du sol. Le système économique mondial demande d’être compétitif et de produire au plus bas prix. Les agriculteurs se mettent donc à produire, et cultures après cultures, ils épuisent leur sol. La terre n’a plus le temps de se régénérer, les réserves de nutriments s’épuisent, le sol s’appauvrit.

  1. Monoculture un choix risqué…

Quand nous observons un écosystème, nous nous apercevons rapidement qu’une multitude d’organismes vivants s’y développent et y partagent, en harmonie la plus totale, l’espace colonisé. L’agriculteur s’est mis à la monoculture pensant se faciliter la vie. Une seule espèce de plantes à cultiver, une bonne connaissance de cette culture, une mécanisation facile d’accès et une commercialisation plus simple sont effectivement des atouts alléchants quand on pense rentabilité. Cependant, ce choix contribue aussi à l’épuisement des éléments nutritifs du sol et va à l’encontre du principe que nous privilégions en permaculture : favoriser la diversité !

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  1. Les engrais chimiques…

Le développement de la pétrochimie va venir en aide aux agriculteurs qui doivent trouver des solutions pour nourrir leurs productions qui sont maintenant cultivées dans un sol de moins en moins riche. Dans des laboratoires, des hommes en blouses blanches découvrent que l’ajout de granulés d’azote, de potasse et de phosphate permet d’obtenir des productions agricoles même dans un sol épuisé. Cependant, ces produits issus de la chimie de synthèse ont des effets néfastes sur la biodiversité du sol. La biodiversité présente va tendre à disparaître sous l’effet des éléments chimiques. Il faut bien comprendre que, dans le sol, nous retrouvons tout un monde qui travaille pour notre bien-être. En effet, crapauds, vers de terre, termites, fourmis, larves, acariens, collemboles, cloportes, protozoaires, nématodes, bactéries, champignons, algues, etc. y jouent tous un rôle dans l’équilibre naturel. De plus, il existe un effet de bordure insoupçonné entre ces organismes vivants ce qui a un incroyable résultat sur la qualité du sol et ses composantes. Favoriser l’effet de bordure étant un des principes de permaculture.

  1. Du champ de bataille au champ de culture : les pesticides…

La monoculture dans des sols épuisés produit des végétaux moins résistants aux insectes, aux maladies et cryptogames. La monoculture favorise le développement de ces organismes non désirés. Venant au secours des agriculteurs, l’industrie de l’après-guerre modifie ses productions d’armes chimiques destinées aux militaires en armes chimiques destinées aux agriculteurs. Les pesticides appliqués se retrouvent dans le sol provoquant un désastre sur la biodiversité de celui-ci. Certains produits peuvent prendre plusieurs siècles avant de laisser la vie souterraine se réinstaller. Ces interventions vont à l’encontre du principe permacole suivant et que nous privilégions : utiliser les ressources biologiques !

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  1. La mécanisation…

La mise en place de la monoculture a facilité l’accès à la machinerie agricole spécialisée. Le but : gagner du temps, se faciliter la tâche, augmenter le ratio surface/homme, le tout dans un seul but : être plus rentable. Cependant, les conséquences à long terme ont été mal évaluées. Les engins de plus en plus gros compactent le sol sur leur passage réduisant ainsi la perméabilité du sol à l’air et à l’eau indispensable pour une biodiversité souterraine en bonne santé.

Cette mécanisation va aussi permettre de travailler le sol sur des profondeurs jamais atteintes précédemment. Le labour profond aura pour conséquence d’enterrer en profondeur les micro-organismes aérobies et remonter en surface les micro-organismes anaérobies. Étant changés de milieu, ces deux types d’organismes sont grandement anéantis, ce qui a des conséquences directes sur la vie du sol.

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  1. Les facteurs climatiques…

Dans certaines régions tropicales les sols sont jeunes; je pense particulièrement aux îles volcaniques. Déjà en manque de matière organique en raison de leur âge, elles sont, comme dans les autres régions tropicales de la planète, confrontées à certains moments de l’année, aux abondantes pluies tropicales. Le ruissellement va entrainer la couche supérieure des sols faisant disparaître le peu de matière organique accumulée.

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Aussi, dans les tropiques, les sols sont exposés à un puissant rayonnement solaire. Un espace de culture non protégé, confronté à ce rayonnement, aura un déficit hydrique important. Jumelé à la montée en température du sol, ces deux paramètres ont des conséquences importantes sur l’activité et le développement de la biodiversité de ce dernier.

  1. Pratiques culturales

Dans certaines régions du globe, la culture sur brûlis est toujours pratiquée. Cette méthode ancestrale a aussi des conséquences négatives sur la biodiversité du sol. La montée en température lors de ces pratiques détruit en partie la vie du sol.

Heureusement, en permaculture, l’observation des modèles naturels nous permet de mettre en place des pratiques qui imitent la nature dans le but de régénérer les sols dégradés et d’y entretenir une biodiversité en santé.   C’est ce que nous aborderons dans un prochain article !