Tout savoir sur la coccinelle : demoiselle, bête à bon dieu, coccinelle européenne…

Tout savoir sur la coccinelle : demoiselle, bête à bon dieu, coccinelle européenne…

On l’appelle la bête à bon dieu ou encore la demoiselle : c’est la coccinelle européenne. Derrière sa carapace rouge à taches noires, celle que l’on repère facilement au jardin et dans nos campagnes, est en réalité pleine de surprises. Et pourtant, a-t-on déjà pris le temps de l’observer vraiment ? De nous intéresser à son cycle de vie ? Qu’est-ce qui fait d’elle un insecte amical et bienvenu au jardin ? C’est ce que nous allons voir dans cet article !

La coccinelle : connaissez-vous vraiment cet insecte commun ?

La coccinelle est un coléoptère

La coccinelle, insecte de l’ordre des coléoptères, possède 6 pattes, 2 crochets et 2 paires d’ailes :

  • Une paire d’ailes antérieures, les élytres, qui est rigide et forme une carapace. Elle protège le corps de la coccinelle. C’est d’ailleurs cette caractéristique qui a donné le nom à l’ordre des coléoptères, « coleo » signifiant « étui », en grec. Les élytres aident aussi la coccinelle à stabiliser son vol.
  • Une paire d’ailes membraneuses qui sert à voler, une fois que les élytres se sont soulevées.

Si les coccinelles peuvent avoir des élytres de différentes couleurs selon les espèces, c’est qu’elles jouent un rôle défensif : elles annoncent clairement à l’ennemi que s’il vient se frotter, c’est à ses risques et périls. La coccinelle est capable d’asperger son adversaire de substances vénéneuses à l’effet répulsif.

Coccinelle déployant ses ailes membraneuses pour prendre son envol

Coccinelle déployant ses ailes membraneuses pour prendre son envol

 

Coccinelles : une grande diversité d’espèces

Une centaine d’espèces de coccinelles en Europe

On a tendance à parler des coccinelles en visualisant ce petit insecte volant, à la carapace rouge à points noirs et muni d’antennes. En réalité, les coccinellidés sont une grande famille de plus de 3 000 espèces à travers le monde dont une centaine est présente en Europe.

Cette diversité des coccinelles s’exprime notamment :

  • Dans la couleur des élytres qui peuvent être rouges, oranges, jaunes ou encore noires.
  • Dans le régime alimentaire : carnivores, herbivores ou mycophages (qui mangent des champignons)
  • Dans leur habitat : jardins, prairies, marais ou forêts, selon leurs préférences, on retrouve les coccinelles à des étages différents de la succession écologique.
  • Dans leur comportement : certaines vont hiverner sur leur site de nourriture plutôt en solitaire, quand d’autres vont se déplacer sur de grandes distances pour hiverner en groupes importants.

Les 2 espèces les plus connues

Deux espèces sont particulièrement connues au jardin :

  • Coccinella septempunctata : c’est la célèbre coccinelle rouge à 7 points. Mesurant de 5 à 8 mm, elle dispose de 3 points sur chaque élytre, et 1 point central à cheval sur les 2 ailes. Au stade larvaire, son corps est gris, avec des taches jaunes et noires. Elle se nourrit en majorité de pucerons, mais complète son régime alimentaire avec 30 à 50 % de pollen.
Coccinelle européenne à 7 points - Coccinella septempunctata - sur une feuille d’ortie

Coccinelle européenne à 7 points – Coccinella septempunctata – sur une feuille d’ortie

 

  • Adalia bipunctata, la coccinelle rouge à 2 points, a, quant à elle, 1 point sur chaque élytre. Elle est connue pour son grand appétit, puisqu’elle peut dévorer 90 pucerons par jour au stade adulte, et jusqu’à 150 au stade larvaire.
Coccinelle européenne à 2 points - Adalia bipunctata - sur une feuille d’ortie

Coccinelle européenne à 2 points – Adalia bipunctata – sur une feuille d’ortie

 

D’autres coccinelles à observer

Derrière ces deux espèces emblématiques, se cache en réalité toute une diversité de coccinelles. Voici quelques exemples par type de couleur :

  • Coccinelle jaune : Psyllobora vigintiduopunctata, la coccinelle à 22 points, Propylea quatuordecimpunctata, la coccinelle à damier, Tytthapsis sedecimpunctata, la coccinelle à 16 points.
Exemples de coccinelles aux élytres jaunes avec, de gauche à droite : Psyllobora vigintiduopunctata, Tytthaspis sedecimpunctata et Propylea quatuordecimpunctata aussi appelée coccinelle à damier - photos : Christoph Benisch - kerbtier.de

Exemples de coccinelles aux élytres jaunes avec, de gauche à droite : Psyllobora vigintiduopunctata, Tytthaspis sedecimpunctata et Propylea quatuordecimpunctata aussi appelée coccinelle à damier – photos : Christoph Benisch – kerbtier.de

 

  • Coccinelle orange : Vibidia duodecimguttata, la petite coccinelle orange, Calvia quatuordecimguttata, la coccinelle à 14 points blancs.
Exemples de coccinelles aux élytres oranges avec, à gauche, Vibidia duodecimguttata et à droite Calvia quatuordecimguttata - photos : Christoph Benisch - kerbtier.de

Exemples de coccinelles aux élytres oranges avec, à gauche, Vibidia duodecimguttata et à droite Calvia quatuordecimguttata – photos : Christoph Benisch – kerbtier.de

 

  • Coccinelle noire : la coccinelle à 10 points peut être rouge, mais aussi noire à points rouges. Idem pour la coccinelle à 2 points et bien d’autres encore.
Exemples de coccinelles aux élytres noires avec, à gauche, Adalia decempunctata - photo : Christoph Benisch - kerbtier.de et à droite Harmonia axyridis aussi nommée coccinelle asiatique pouvant avoir des couleurs et points très variables !

Exemples de coccinelles aux élytres noires avec, à gauche, Adalia decempunctata – photo : Christoph Benisch – kerbtier.de et à droite Harmonia axyridis aussi nommée coccinelle asiatique pouvant avoir des couleurs et points très variables !

 

Pour les reconnaître, la difficulté tient dans la grande variabilité des couleurs et du nombre de points au sein d’une même espèce.

 

Comment devient-on une coccinelle ?

Avant de prendre la forme adulte qu’on lui connaît, la coccinelle passe par différents états : œuf, larve, nymphe. Découvrez ce parcours incroyable !

Les œufs

Tout commence au stade de l’œuf ! La femelle coccinelle a pris soin de déposer ses œufs à des endroits stratégiques, au revers des feuilles, et à proximité d’une colonie de pucerons. Par paquets de 10 environ, ils sont placés debout, et serrés les uns contre les autres. Une semaine environ après la ponte, ils éclosent.

Les larves

L’éclosion, c’est la première étape éprouvante pour les larves qui doivent se débarrasser de leur enveloppe grâce à d’innombrables contorsions.

Après tous ces efforts, elles sont épuisées, et ne bougent plus pendant quelque temps. Une fois remises, elles mangent une partie de leur enveloppe, puis partent en quête d’une nourriture de choix : les pucerons.

À partir de là, les larves vivent une série de 4 mues, nécessaires à leur croissance. Le corps des larves étant modelé par la peau, ce dernier doit s’en débarrasser pour grandir, et s’équiper d’une nouvelle enveloppe souple et extensible.

Si les larves sont transparentes à l’éclosion, elles prennent des couleurs plus vives ensuite. Elles ont une forme allongée, sont poilues et munies de 2 crochets autour de la bouche.

À ce stade, elles peuvent manger jusqu’à 150 pucerons par jour.

Larve de coccinelle mangeant un puceron.

Larve de coccinelle mangeant un puceron.

 

La mue

À chaque mue, c’est le même scénario qui se répète. La larve vient se fixer sur une tige grâce à sa ventouse abdominale. De nouvelles contorsions sont nécessaires pour qu’elle se délivre de sa peau devenue trop petite. Au bout d’1 h, une larve toute claire émerge. Mais elle reprend des couleurs aussi rapidement qu’elle se remet à table !

La métamorphose

Dernière étape avant le stade adulte, et pas des moindres : la métamorphose !

À nouveau, la larve de coccinelle se fige pour changer de peau. Mais au lieu de faire une nouvelle mue comme aux étapes précédentes, elle va se transformer en nymphe. Après une nouvelle série de gesticulations la tête en bas et les pattes arrières recourbées, la larve s’immobilise pendant une journée. Puis, la peau de son dos se craque, et grâce à des mouvements pour s’en dégager, la nymphe émerge. Il s’agit d’un cocon hermétique orange dans lequel la coccinelle adulte se forme.

Nymphe de coccinelle, dernière étape avant le stade adulte !

Nymphe de coccinelle, dernière étape avant le stade adulte !

 

La coccinelle adulte

Au bout d’une semaine, la nymphe s’allonge, sa peau se déchire pour permettre au corps de la coccinelle de se dégager peu à peu.

Au sortir de la nymphe, la coccinelle n’a pas encore l’apparence qu’on lui connaît. Elle est alors jaune, et comme toute chiffonnée. En quelques heures, sa carapace se rigidifie, se défroisse et des points apparaissent.

Coccinelle adulte sortant tout juste de sa nymphe, elle n’a pas encore sa couleur définitive ni ses points qui apparaitront plus tard !

Coccinelle adulte sortant tout juste de sa nymphe, elle n’a pas encore sa couleur définitive ni ses points qui apparaitront plus tard !

C’est le moment de déployer les ailes membraneuses pour préparer son envol. Il lui faut s’exercer un certain temps à les étirer et les déplier avant d’être prête.

Après quelques jours, les élytres prennent leur couleur définitive.

 

Coccinelle : un cycle d’un an

Le temps des amours

C’est le printemps, le soleil est plus présent, et réchauffe l’air. Dès qu’il fait 15 °C, c’est le signal du réveil pour les coccinelles qui ont hiverné pendant plusieurs mois.

Les mâles sont rapidement opérationnels, prêts pour la période des amours. Ils se montrent alors démonstratifs en réalisant des mouvements d’antennes. Mais la tâche n’est pas si simple.

Vous êtes vous déjà demandés comment distinguer les coccinelles mâles des femelles ?

Eh bien, sachez que les coccinelles elles-mêmes ne le savent pas ! Voilà pourquoi, les mâles partent tous azimuts en quête d’une femelle. Au hasard, ils grimpent sur le dos d’un partenaire. C’est seulement à ce degré de proximité qu’ils peuvent reconnaître s’ils ont affaire à une femelle ou à un autre mâle. Comment ? Grâce à leur odeur qui diffère selon le sexe.

Une fois que le mâle a trouvé une femelle, il faut encore que celle-ci accepte l’accouplement. Toujours à l’odeur, la femelle est capable de détecter si son prétendant est bien nourri ou non, et c’est un critère de sélection important pour elle. En cas de rejet, elle met tout en œuvre pour déstabiliser le mâle, et s’en débarrasser. À cela, s’ajoute la concurrence d’autres mâles convoitant la même femelle : ils viennent bousculer le mâle engagé, et tenter de prendre sa place. Sans tous ces obstacles, le mâle est déjà bien en peine à essayer de grimper sur le dos arrondi et glissant de sa partenaire. Vous imaginez donc l’épreuve que représente l’accouplement pour une coccinelle mâle.

Finalement, la femelle s’accouple environ 20 fois au cours du printemps. D’une durée de 20 min à 1 h, l’accouplement est le moment où la femelle stocke des spermatozoïdes au chaud dans sa poche ventrale. Elle saura les conserver pour les féconder le moment venu.

Accouplement en cours pour ces deux coccinelles.

Accouplement en cours pour ces deux coccinelles.

 

La ponte

Une coccinelle peut stocker environ 1 500 œufs qu’elle met 2 mois à pondre à des endroits différents.

Le lieu de ponte a toute son importance pour donner le maximum de chance de survie à sa progéniture.

Les larves n’ayant pas d’ailes, elles ne pourront pas se déplacer d’une feuille à une autre pour trouver des pucerons. La femelle doit donc pondre à un endroit où il y a suffisamment de pucerons pour permettre à toutes ses larves de se nourrir. Dans le cas inverse, les larves se mangeront les unes les autres.

Pour les mêmes raisons, elle doit aussi s’assurer de ne pas pondre de nouveaux œufs là où des larves plus anciennes évoluent. Il y aurait là aussi un risque de cannibalisme.

Œufs de coccinelle sur le revers d’une feuille d’ortie.

Œufs de coccinelle sur le revers d’une feuille d’ortie.

 

Manger

Différents régimes alimentaires

Que mange une coccinelle ? La nourriture des coccinelles varie selon les espèces. S’il existe des coccinelles végétariennes, ou d’autres mangeuses de champignons, de nombreuses espèces de coccinelles sont carnivores, et se nourrissent de pucerons principalement.

Les pucerons sont une source de protéines indispensables à la croissance de ces coccinelles aphidiphages (qui mangent des pucerons). En cas de raréfaction des pucerons, les coccinelles peuvent aussi se nourrir de pollen et de nectar, mais cela ralentit les pontes et la croissance des larves. Parfois, elles mangent aussi des cochenilles, des aleurodes, des larves de guêpes, de mouches, de papillons.

Stratégie

Après plusieurs mois d’hiver à jeûner, la coccinelle est affamée. Elle doit vite se nourrir, et pour cela, elle a une stratégie.

La coccinelle adopte le comportement des pucerons. Comme eux, elle explore les feuilles en suivant les nervures, là où ils boivent la sève. Puis, elle cherche l’extrémité des plantes. Cette jeune pousse en pleine croissance est très fréquentée par les pucerons qui y trouvent les protéines dont ils ont besoin.

Bredouille après son exploration, la coccinelle s’envole examiner d’autres feuilles.

Si par contre, sur son parcours elle sent l’odeur du miellat produit par les pucerons, elle se met dans une quête frénétique : elle se déplace de manière à couvrir les moindres recoins de la feuille. Elle ne peut compter sur sa vue qu’au moment de la capture, une fois à proximité du puceron. À ce moment-là, elle l’attrape grâce à ses deux crochets, et n’en fait qu’une bouchée. Dans le cas des gros pucerons, elle injecte ses sucs digestifs dans le corps, et aspire le jus. Il ne reste alors que la carcasse sèche du puceron collée à sa feuille.

Parfois le puceron tente une esquive. Puisqu’il a une meilleure vue que la coccinelle, il peut la voir arriver et :

  • se laisser tomber pour se mettre hors de portée ;
  • ou lui envoyer un liquide visqueux qui la déstabilise et l’éloigne.

Malin le puceron !

Coccinelle en plein festin au sommet d’une tige de fève infestée de pucerons !

Coccinelle en plein festin au sommet d’une tige de fève infestée de pucerons !

 

Hiverner

Selon les espèces, les coccinelles peuvent évoluer dans différents milieux : prairies, forêts, marais où elles passent la belle saison à se nourrir.

Dès la fin de l’été, et pendant toute la saison froide, elles hivernent, c’est-à-dire qu’elles trouvent un abri pour se protéger des intempéries, et passer quelques mois au ralenti.

Selon les espèces, les coccinelles trouvent refuge dans des lieux divers. Herbes hautes, litière des forêts, trous d’arbres, crevasses, fissures dans les murs, tas de pierres, sont autant de sites potentiels pouvant servir d’abri contre le vent, la pluie, le froid. Les comportements divergent : certaines espèces comme la coccinelle à 7 points préfèrent passer la mauvaise saison en solitaire ou en petits groupes. D’autres migrent vers des sites en altitude pour se retrouver en groupes importants, parfois de plusieurs centaines d’individus. C’est le cas de la coccinelle Hippodamia undecimnotata, la coccinelle migratrice.

L’hiver, certaines coccinelles hivernent sous l’écorce des arbres

L’hiver, certaines coccinelles hivernent sous l’écorce des arbres

 

Les coccinelles : auxiliaires du jardin

En quoi la coccinelle est une auxiliaire ?

Vous avez déjà dû voir des colonies de pucerons installées au printemps sur les pousses tendres de vos plants de fèves ou sur les boutons floraux de vos rosiers ? Petit pincement au cœur, non ? Heureusement, la coccinelle est votre alliée. Elle joue un rôle d’auxiliaire en aidant à réguler la présence des pucerons et autres suceurs de sève – cochenilles, aleurodes, acariens — et évite ainsi les dégâts sur les cultures.

On ne le sait pas assez, mais la coccinelle contribue aussi à la pollinisation des plantes. Lorsqu’elle ne trouve plus de pucerons, elle se nourrit de nectar et de pollen, et va donc de fleur en fleur. Certes, elle n’a pas de poils qui accrochent le pollen et qui aident à le transporter vers d’autres fleurs (comme les abeilles noires), mais elle contribue quand même à son niveau !

Précieuses auxiliaires du jardinier, les coccinelles contribuent aussi à la pollinisation du potager et du verger !

Précieuses auxiliaires du jardinier, les coccinelles contribuent aussi à la pollinisation du potager et du verger !

Vous comprenez à présent pourquoi l’on appelle souvent la coccinelle « l’amie du jardinier ».

 

Concurrence, prédateurs et menaces

Concurrence

La vie d’une coccinelle n’est pas un long fleuve tranquille. Simplement pour arriver au stade adulte, celle-ci passe par différentes étapes où elle se retrouve vulnérable. Mais ça ne s’arrête pas là.

Si elle se jette sur les pucerons pour assouvir sa faim, elle n’est pas la seule à les convoiter. Les fourmis sont également de la partie. Non pas qu’elles mangent les pucerons. Elles se nourrissent de leur miellat, ce produit issu de la digestion des sucres contenus dans la sève des plantes, et dont les pucerons n’ont pas besoin (oui, en d’autres termes, ce sont leurs excréments). Pour garantir l’abondance de ce miellat, la fourmi a tout intérêt à protéger les pucerons des attaques de coccinelles. Ce qu’elle fait à coup de destruction d’œufs, de pressions sur les larves, et de jets d’un liquide acide sur les adultes. Coriace la fourmi !

Les fourmis protègent les colonies de pucerons des attaques de coccinelles, ici une fourmi attaque une larve de coccinelle.

 

Prédateurs

Attention : âmes sensibles, s’abstenir ! Il se passe des choses dans la nature à l’échelle de l’infiniment petit qu’il vaut mieux parfois ne pas connaître afin d’éviter de faire des cauchemars. Mais pour satisfaire notre goût de la connaissance, nous vous révélons quand même ce qu’il advient de certaines coccinelles malchanceuses.

La coccinelle demoiselle est la proie de deux parasites qui l’utilisent pour leur propre cycle de reproduction. Ainsi, des mouches pondent leurs œufs dans le corps des coccinelles, d’où sortent des asticots. La pauvre coccinelle ne survit pas à cela, et meurt à petit feu.

Autre parasite impitoyable : la guêpe noire dinocampus coccinellae qui injecte un œuf dont sortent :

  • une larve, qui se nourrit des réserves de graisses de la coccinelle ;
  • des cellules, qui se développent et pompent son sang.
Petite guêpe noire parasitoïde des coccinelles connue sous le nom de Dinocampus coccinellae - ©Rsbernard CC BY-SA 4.0

Petite guêpe noire parasitoïde des coccinelles connue sous le nom de Dinocampus coccinellae – ©Rsbernard CC BY-SA 4.0

 

Quand la larve a vidé le stock de graisses de la coccinelle, elle se reporte alors sur les cellules. Puis, elle sort du corps de la coccinelle, mais y reste accrochée en tissant un cocon sous son ventre. Après plusieurs jours, la guêpe sort du cocon, abandonnant la coccinelle, toujours vivante, à son triste sort.

Parfois, ce sont des punaises qui plantent leur stylet dans les larves ou nymphes des coccinelles pour se nourrir de leurs substances.

Enfin, la coccinelle entre dans le régime alimentaire d’autres animaux tels que les mantes religieuses, les araignées, les oiseaux, les petits rongeurs.

Araignée attaquant une coccinelle adulte.

Araignée attaquant une coccinelle adulte.

 

La concurrence des coccinelles asiatiques

Nous y voilà ! Vous avez peut-être entendu parler de ces fameuses coccinelles asiatiques, mais ne comprenez pas les discussions qui tournent à son sujet. Faisons le point !

La coccinelle asiatique Harmonia axyridis, est, comme son nom l’indique, une coccinelle originaire du Sud-Est de l’Asie. Difficile de la différencier de nos coccinelles, car elle aussi peut présenter une grande variété de couleurs et de tâches. La meilleure opportunité de les différencier se trouve au stade larvaire, la coccinelle asiatique ayant plein de petits plumeaux sur le corps contrairement aux coccinelles européennes.

Cette coccinelle n’est d’ailleurs pas arrivée en Europe par hasard. Elle a été importée par des éleveurs de coccinelles pour être vendue à des professionnels et des particuliers. Objectif : faire de la lutte biologique avec cette coccinelle.

La coccinelle asiatique a l’avantage de s’adapter à tous les milieux, et a un appétit d’ogre quand il s’agit d’avaler les pucerons. Elle s’avère bien plus vorace que nos coccinelles européennes. En plus, elle se reproduit rapidement en faisant plusieurs cycles en une année, là où nos coccinelles indigènes n’en font qu’une ou deux.

Sur le papier, ça semble parfait, mais ce n’est pas sans poser de gros problèmes pour les coccinelles européennes. Celles-ci se voient concurrencées dans leur accès à la nourriture. Par ailleurs, la coccinelle asiatique est aussi un prédateur pour les larves de coccinelles européennes qu’elle n’hésite pas à ajouter à son menu.

Exemple d’Harmonia axyridis ou coccinelle asiatique, une espèce aux multiples couleurs et nombre de points possible, rendant son identification difficile. - photo : Christoph Benisch - kerbtier.de

Exemple d’Harmonia axyridis ou coccinelle asiatique, une espèce aux multiples couleurs et nombre de points possible, rendant son identification difficile. – photo : Christoph Benisch – kerbtier.de

 

Pesticides et perte d’habitat

Les coccinelles sont victimes des pesticides utilisés en agriculture et dans les jardins des particuliers. Comme beaucoup d’autres animaux, elles souffrent également de la fragmentation et de la perte de ses habitats liés aux grandes parcelles de monoculture et à l’urbanisation.

 

Attirer les coccinelles au jardin

Favoriser les coccinelles

Dans un jardin potager en permaculture, on cherche de manière générale à favoriser la biodiversité pour développer un écosystème cultivé équilibré. C’est de cette façon que le jardin potager fonctionne le mieux, sans pesticide, et avec peu d’intervention du jardinier. Et pour cause, il s’appuie sur les espèces auxiliaires pour réguler la présence des nuisibles. Ainsi, toutes les actions visant à accueillir une faune et une flore riches, bénéficient également aux coccinelles. Et on a vraiment besoin d’elles. Alors, plutôt que d’acheter des coccinelles, voici ce que vous pouvez faire spécifiquement pour les attirer chez vous.

Pas de pucerons, pas de coccinelles

Pour attirer les coccinelles au jardin, elles doivent y trouver leur nourriture préférée, les pucerons. Donc, la première des choses à faire, c’est de se retenir d’éliminer les pucerons manuellement : non, on ne les écrase pas sauvagement entre ses doigts ! Objectif : faire en sorte qu’il soient disponibles pour les coccinelles et leurs larves. 

Des plantes pour se nourrir dès le printemps

Au printemps, quand les coccinelles se réveillent, elles ont très faim, mais les pucerons ne sont pas toujours au rendez-vous. En attendant leur arrivée, les coccinelles apprécient de trouver à leur disposition des plantes qui leur fournissent des protéines via leur pollen ou leur nectar. C’est le cas des fleurs des arbres fruitiers et d’autres plantes comme le pissenlit, la centaurée, la tanaisie, le lamier blanc, les graminées…

Des plantes hôtes ou relais, qui attirent les proies des coccinelles, sont également les bienvenues, autour, et dans le jardin potager.

Vous gagnerez à laisser pousser les plantes sauvages comme les orties, le sureau, les séneçons. Et à cultiver la capucine, le fenouil, les fèves, les rosiers. Ils feront venir les pucerons, et donc les coccinelles. D’une manière générale, la permaculture nous enseigne à favoriser la diversité de végétaux ce qui est un avantage pour accueillir de nombreux insectes comme la coccinelle.

 

Exemples de plantes pouvant aider les coccinelles au réveil de printemps : ortie, pissenlit, séneçon, bourrache, capucine, fenouil, noisetier, fèves…

 

Aménager des sites d’hivernage

Certaines coccinelles passent l’hiver dans votre jardin. Elles trouveront sans doute des abris naturels dans les haies, les arbres, les murs, de quoi se protéger pendant la mauvaise saison. Pour les aider, vous pouvez aussi penser à elles en fin d’été en leur mettant à disposition :

  • des petits tas de branches et de feuilles (laissés sur place, ils finiront pas se transformer en compost) ;
  • des amas de pierres ;
  • un carré d’herbes hautes ;
  • des fagots de tiges mortes coupées.
Coccinelle cherchant refuge pour l’hiver dans un tas de feuilles mortes.

Coccinelle cherchant refuge pour l’hiver dans un tas de feuilles mortes.

 

Construire un abri à coccinelles

Vous pouvez aussi bricoler un hôtel à insectes pour les coccinelles en plaçant des petites planches horizontales espacées de 5 mm dans une boîte en bois. Ajoutez un petit matelas de feuilles mortes ou de paille. Puis, installez cette boîte dès la fin du mois d’août dans un endroit ensoleillé, protégé du vent et de la pluie.

 

Un nouveau regard sur les coccinelles

De retour au jardin après la lecture de cet article, vous allez sans doute regarder les coccinelles d’un œil différent :

  • Vous vous amuserez sans doute à essayer d’identifier les différentes espèces de coccinelles qui peuplent votre jardin.
  • Au printemps, vous prêterez plus d’attention au revers des feuillages, aux larves et aux nymphes que vous n’aviez jamais observées auparavant.
  • Peut-être serez-vous ravis de voir se multiplier les pucerons sur vos plantes, car c’est grâce à eux que les coccinelles pourront passer une nouvelle saison au jardin.
  • Enfin, vous aurez certainement envie de laisser pousser les herbes sauvages au jardin, et d’aménager des petits refuges pour que ces demoiselles puissent passer l’hiver à l’abri.

Grâce à ces actions, l’écosystème de votre jardin s’enrichit petit à petit. Pour aller plus loin, pensez aussi à faire de votre jardin un lieu d’accueil pour les autres auxiliaires : chauve-souris, hérisson, grenouille, crapaud.

Observer les coccinelles au jardin : un vrai plaisir simple, à partager en famille !

Observer les coccinelles au jardin : un vrai plaisir simple, à partager en famille !

 

Invitez les coccinelles dans votre potager en permaculture…

Les coccinelles sont de formidables auxiliaires à même de réguler les populations de pucerons indésirables. Mais pour en avoir dans votre potager, encore faut-il qu’elles trouvent de quoi se loger et se nourrir sur place, c’est pourquoi, dans notre nouvelle formation sur le potager en permaculture, nous avons prévu des zones dédiées à la biodiversité. Cliquez sur le bouton ci-dessous pour en savoir plus 😉 !

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A propos de l'auteur

Permaculture Design

Cet article a été rédigé par l’équipe du Bureau d’étude PermacultureDesign.

8 Commentaires

  1. Valérie

    Merci pour cet article très complet et très informatif. Les photos elles-aussi sont superbes! Malheureusement, sur mon balcon au 3ième étage, je n’ai que rarement la visite de coccinelles. Mais peut-être me retiendrai-je plus longtemps d’éliminer les pucerons au printemps prochain 😉
    Amicalement
    Valérie

    Réponse
  2. Lucas

    Merci à toute l’équipe de Permaculture Design pour cet article incroyablement complet ainsi que la série dédiée à la biodiversité du jardin. Ça fait plaisir de voir que certains se préoccupent de la biodiversité dite « banale ». Eh oui, même si on n’est pas un ours polaire, on est aussi digne d’intérêt.

    Ce que j’ai apprécié dans cet article c’est vraiment l’aspect « stratégie » pour les attirer dans son jardin.

    Je suis parfaitement d’accord avec votre vision : au lieu d’acheter des coccinelles il vaut mieux pérenniser les populations déjà présentes chez nous.

    Cela évitera bien des difficultés, notamment l’introduction d’espèces exotiques envahissantes à des fins de biocontrôle tel qu’Harmonia Axyridis (source : « From biological contrôle To invasion : the ladybird Harmonia Axyridis a à modèle species », Roy et Wajnberg ; 2007).

    Bref, tout ça pour dire que l’article est qualitatif, je ne manquerais pas de la citée si besoin d’information sur le sujet =).

    Réponse
    • Magalie Toulzac

      Merci Lucas, ça fait bien plaisir !! Bonne continuation à vous!

      Réponse
  3. BOIVIN

    Bonjour et merci pour ce bel article très complet !
    J’ai énormément de coccinelles qui ont élus domicile chez moi en une seule tournée …
    J’ai lu les choses sur les coccinelles asiatiques dont la manière de les éliminer …
    Mais, j’ai peur de tuer les nôtres aussi.
    Elles sont assez variées en couleurs et points, elles ne me dérangent pas du tout, mais je ne sais pas quoi faire du coup ?
    Dois-je les laisser ou les aspirer pour les remettre dehors ou encore les éliminer totalement …
    Que me conseillez-vous ?
    Merci

    Belle continuation !
    J’espère pouvoir bientôt suivre l’une de vos formations aussi !

    Réponse
    • Magalie Toulzac

      Bonjour, Comme répondu à DEYK juste avant, les coccinelles hivernant en groupe dans les maisons sont généralement les coccinelles asiatiques, il ne devrait pas y avoir de coccinelles européennes à 2 points et 7 points dans le lot, ces dernières choisissant d’hiverner plutôt à l’extérieur sous l’écorce d’arbres ou dans des tas de feuilles mortes. Après à vous de voir l’attitude que vous souhaitez adopter par rapport au groupe de coccinelles qui a élu domicile chez vous. Je vous invite à lire ma réponse à DEYK précédente pour décider de ce que vous ferez ! Merci à vous de votre intérêt pour notre travail.

      Réponse
  4. DEYK

    Bonjour,
    Article très intéressant. Malgré notre maison à insectes, les coccinelles viennent chaque année hiberner à l’intérieur de notre maison, particulièrement cette année ; que faut-il en faire ? Les laisser dans la maison (elles ne nous gênent pas) ou les remettre dans la nature ?
    Par ailleurs, c’est quoi la litière des forêts ??
    Merci encore pour votre très bon site.
    LHD

    Réponse
    • Magalie Toulzac

      Bonjour, Les coccinelles nichant en groupe dans les maisons en hiver sont généralement les coccinelles asiatiques. Cela peut atteindre des quantités importantes avec des groupes de plusieurs centaines d’individus devenant alors plus un indésirable qu’un auxiliaire pouvant causer des dégâts à l’intérieurs des habitations en hiver et mener à la disparition des coccinelles européennes à 2 points et 7 points de votre jardins vu que les coccinelles asiatiques auront tendance à manger leur larves. On ne connait pas vraiment l’ampleur du phénomène chez vous, donc difficile de vous dire quelle action à mettre en oeuvre, cela dépendant aussi de votre sensibilité et de votre contexte. Si vous les relâchez dans la nature maintenant, elles trouveront le moyen de rentrer ailleurs dans un autre logement ou reviendront chez vous. Si elles sont vraiment nombreuses, le phénomène pouvant s’amplifier d’année en année, voici les préconisations d’entomologistes spécialistes des coccinelles asiatiques (université de Liège en Belgique) pour les éliminer sans utiliser d’insecticides : attendre l’hiver quand les coccinelles asiatiques vont se regrouper en agrégats dans la maison, et utiliser un aspirateur pour « récolter » les coccinelles puis les mettre au congélateur pour qu’elles meurent en s’endormant avant de s’en débarrasser. À vous de voir si vous aurez besoin d’en arriver là.
      Ce que vous pouvez faire en revanche quoiqu’il en soit, c’est favoriser l’arrivée de prédateurs naturels au jardin : mantes religieuses, punaises, petits rongeurs, fourmis, araignées, oiseaux insectivores > un maximum de biodiversité = un éco-système plus équilibré à même de réguler les attaques ou invasions d’indésirables ;). Bien cordialement, Magalie pour PermacultureDesign.

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  5. Beck

    Bonjour, j’ai beaucoup apprécié votre article sur les coccinelles qui m’a appris énormément de choses. Ma curiosité est le principal motif de mon inscription. Bien à vous.
    Jacques

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