Faire ses semis directs ou semis en godets ? (avantages et inconvénients)

Faire ses semis directs ou semis en godets ? (avantages et inconvénients)

Je constate que nombreux sont les jardiniers qui « ratent » leurs semis.

Mauvaise germination des graines, jeunes cotylédons dévorés par les limaces, plantules qui végètent…

Pourtant, l’étape du semis est déterminante pour espérer des plants trapus et de belles récoltes dans son potager en permaculture.

Encore trop peu utilisée, la technique du semis en contenant offre pourtant de très nombreux avantages.

Contrairement aux semis de pleine terre, réalisés à même le sol du potager, ceux en contenants démarrent leur croissance « hors sol » et nécessitent alors une étape de repiquage.

Mais alors quels sont les avantages de cette méthode ? Quels contenants utiliser ? Et comment réussir de beaux plants ?

Faire germer ses graines en contenants est pratique.

Le semis en contenant offre de nombreux avantages ! ©Joseph Chauffrey

Les avantages du semis en contenants

Traditionnellement, les semis étaient réalisés directement au potager.
Une serfouette était utilisée pour tracer un sillon dans lequel les graines étaient déposées avant d’être enterrées par un rapide passage de râteau.

Certes rapide, cette méthode n’offre pourtant pas toujours les résultats escomptés.
La levée n’est souvent pas homogène, les jeunes plantules sont ravagées, l’éclaircissage souvent de mise… avec pour conséquence un rang clairsemé et une qualité de récolte qui ne permettent pas d’entretenir la motivation du jardinier.

Faire germer les graines sensibles en contenants, permet de gagner du temps.

Les semis directs, ici des navets et des épinards, sont plus sensibles aux aléas climatiques et aux ravageurs. ©Joseph Chauffrey

Il n’y a qu’à observer les pratiques de nos maraichers pour se rendre compte que nombre d’entres eux délaissent le semis direct au bénéfice du semis en contenants, qui permet entre autres avantages :

  • D’allonger la saison de culture : les semis peuvent être démarrés au chaud dès février, à une période où les semis en pleine terre seraient impossibles.
Semis de légumes pour jardin en permaculture.

Ces semis sont démarrés au chaud et sous néon, permettant d’obtenir de jeunes plants bien trapus. ©Joseph Chauffrey

  • D’accélérer la succession des cultures au potager : les semis sont réalisés alors que les cultures en place terminent leur croissance. Ce sont ainsi plusieurs semaines de production qui peuvent être gagnées chaque année (cf article « Optimiser son potager en permaculture avec les successions de cultures »).
  • De contrôler les conditions de germination et de croissance (température, arrosage…). Il est plus facile de surveiller quotidiennement ses semis réunis en un même lieu que dispersés au jardin.
  • D’éviter les attaques de ravageurs sur les jeunes plantules : limaces, chats, oiseaux… que de plants sauvés !
  • De supprimer les plants malingres : seuls les plus beaux plants sont repiqués et les alvéoles non germées sont écartées.
  • De conserver le paillage permanent au potager. Les jeunes plants peuvent être facilement repiqués au travers de l’épais paillage alors que le semis direct est difficile à réaliser dans ces conditions.
  • De devancer les « mauvaises herbes ». Repiqués au stade 4 feuilles, les jeunes plants auront environ 1 mois d’avance sur les adventices voisines.

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Les légumes que je ne fais pas en semis en contenants

Je réalise personnellement l’intégralité de mes semis en contenants, à l’exception des légumes suivants :

  • Les légumes à racine longue : carotte, panais, radis noir. Leur racine ne se développe pas correctement dans le contenant, rendant le légume difforme et difficilement épluchable.
  • Les radis, pour lesquels l’étape de repiquage serait fastidieuse !
  • Les fèves, pois et haricots : Je sème généralement en direct ces légumineuses, dès lors que la terre est bien réchauffée. Il reste néanmoins fréquent que je passe par un semis en godet pour ces grosses graines, en particulier en début de saison lorsque la terre n’est pas réessuyée, ou pour m’épargner les dégâts de la mouche du haricot.
Carottes moches.

Ces carottes semées en contenants puis repiquées n’offrent pas de belles racines. ©Joseph Chauffrey

Le choix du contenant de vos semis pour votre potager en permaculture

Je parle depuis le début de cet article de « contenant », cela pour éviter de fermer les possibles, tant les contenants à utiliser peuvent être variés :

Les plaques de culture

Ce sont des plaques en plastique constituées d’alvéoles de quelques centimètres de profondeur.

C’est la méthode que je privilégie.

Elle est à mes yeux la plus efficace pour les semis hors sol.

La petitesse des alvéoles limite la consommation de terreau et leur profondeur favorise l’enracinement des plantules.

Point essentiel à vérifier lors de l’achat, la taille du trou sous l’alvéole doit permettre le passage d’un doigt pour faciliter le démoulage des mottes.

Les plaques de bonne qualité sont parfois vendues avec une « plaque de démoulage » adaptée, mais souvent onéreuse et peu pratique lorsqu’il s’agit de ne démouler que quelques mottes sur la plaque.

Le modèle que j’utilise couramment est composé d’alvéoles d’une profondeur 46 mm et d’un diamètre de 30 mm.

Cette taille d’alvéole me semble idéale pour la majorité des semis.

Les plaques étant souvent très grandes, il peut être pratique de les recouper en plusieurs morceaux.

Démoulage de semis de légumes pour jardin en permaculture.

Le démoulage de la motte doit pouvoir se faire au doigt. ©Joseph Chauffrey

Les godets plastiques.

Économiques, mais leur contenance importante nécessite de grandes quantités de terreau.

Le godet ne se justifie que pour les semis de grosses graines ou pour les « repiquages intermédiaires », lorsqu’il est nécessaire de faire patienter la plantule dans un contenant plus grand, dans l’attente du repiquage.

Dans ce cas, choisir des godets d’au moins 8 cm de hauteur.

Les terrines

Caisses en bois ou plastique, d’environ 15 cm de profondeur et percées de trous pour le drainage, elles permettent un gain de place.

Mais cette pratique nécessite de repiquer les plantules à racines nues, opération plus fastidieuse que le repiquage de mottes en raison de la nécessité d’effectuer un pralinage des racines et d’habiller les plants (c’est-à-dire supprimer environ 1/3 de leur feuillage).

Les contenants « maison »

Pots de yaourt, boites à œufs… d’innombrables possibilités plus ou moins pratiques.

J’attire simplement votre attention sur le fait que les boites à œufs ne permettent pas au substrat de conserver son humidité.

L’arrosage se doit donc d’y être plus fréquent, et les résultats sont souvent décevants.

Notons que le jardinier a également le choix de se passer de contenant en utilisant un « presse mottes ».

Les mottes sont des cubes de terreau pressés par un outil.

Il suffit ensuite de disposer les mottes sur un plateau et d’y effectuer les semis.

Cette technique supprime l’étape de démoulage, mais nécessite un terreau spécial.

Par ailleurs, les mottes se dessèchent plus vite que dans des alvéoles plastiques.

Différents modèles existent, de 1 à 8 mottes généralement.

Le semis pas à pas en plaque de culture

Voici comment je procède pour réaliser mes semis en plaque de culture :

  1. Je remplis les alvéoles d’un terreau de qualité.
    Tous les terreaux ne se valent pas.
    Je vous invite à tester différentes marques et à privilégier ceux labellisés « Utilisable en Agriculture Biologique ».
  2. Je tasse légèrement le substrat à l’aide d’un manchon du même diamètre que les alvéoles.
    Cette étape évite que le terreau ne se disperse sous la plaque et facilitera la remontée de l’eau par capillarité lors de l’arrosage.
    Semis et substrat pour potager en parmaculture.

    Je tasse légèrement le substrat pour permettre l’arrosage par capillarité. ©Joseph Chauffrey

  3. Je dépose une graine par alvéole dès lors que la faculté germinative des graines n’est pas dépassée (à vérifier sur le sachet de graines).
    Dans le cas contraire, il m’arrive de placer deux graines par alvéole pour m’assurer un taux correct de germination.
    À la levée, seule une plantule sera conservée par alvéole.
  4. Je recouvre le semis d’une fine couche de terreau puis je tasse à nouveau légèrement à l’aide du manchon.
  5. J’étiquette les semis en précisant la variété et le jour du semis.
    Cette étiquette suivra le plant jusqu’à la récolte.
    Faire germer ses graines et bien mettre les étiquettes de ses légumes.

    Bien étiqueter ses semis est fondamental pour s’y retrouver en cours de saison ! ©Joseph Chauffrey

  6. J’arrose par capillarité en remplissant d’eau le plateau, l’arrosage par aspersion ayant tendance à déplacer les graines dans les alvéoles.
    Dès que la couleur du terreau fonce en surface (ce qui se produit généralement en 10 à 30 minutes), je vide du plateau l’eau en excès.
    Cette étape est capitale pour éviter aux graines de pourrir dans leur substrat.
  7. Je place ensuite le plateau dans des conditions de température adaptées au légume semé.
  8. À la germination, je déplace mon plateau en pleine lumière pour éviter que les plantules ne s’étiolent.
  9. Les arrosages suivants se feront toujours par capillarité, en veillant à ne jamais laisser d’eau stagnante dans le plateau.

Dès lors que quelques règles sont respectées et avec un peu d’habitude, il est aisé de réussir ses semis.

Prenez donc le temps d’être méthodique et soigneux à cette étape, la qualité de vos récoltes futures en dépend !

Joseph Chauffrey

Joseph Chaufrrey

Joseph Chauffrey

Joseph Chauffrey est un jardinier expérimentateur urbain qui a à cœur de partager ses observations et expérimentations avec le plus grand nombre. Formateur en permaculture et jardinage durable, auteur de différents livres et chroniqueur, il consacre son quotidien à la transmission de valeurs, techniques et outils qui nous permettront collectivement de construire une société plus résiliente. Pour en savoir plus, retrouvez-le sur son site.

 

Pour vous inspirer : un exemple de serre à semis

Pour celles et ceux qui aimeraient se lancer dans les semis en contenants hors-sol comme préconisé par Joseph Chauffrey ci-dessus, vous pourriez être également inspiré(e) par l’exemple de Yoann, membre des formations en ligne Permaculture Design, qui a réalisé, sur sa microferme, une serre spéciale semis. 

Une serre spécialement conçue pour les semis en contenants

🎥 Découvrez, en vidéo, Yoann, membre des formations Permaculture Design, qui nous explique comment il a conçu sa serre à semis :

La vidéo ci-dessus date de mai 2019.

Si vous voulez voir l’évolution de la microferme de Sophie et Yoann, cliquez sur les liens ci-dessous : 

Bon semis et bonne permaculture à toutes et à tous !

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A propos de l'auteur

Joseph Chauffrey

Joseph Chauffrey est un jardinier expérimentateur urbain qui a à cœur de partager ses observations et expérimentations avec le plus grand nombre. Formateur en permaculture et jardinage durable, auteur de différents livres et chroniqueur, il consacre son quotidien à la transmission de valeurs, techniques et outils qui nous permettront collectivement de construire une société plus résiliente. Pour en savoir plus, retrouvez-le sur son site.

4 Commentaires

  1. christian thibault

    Merci pour les conseils de Mr chauffrey. Qui pourra me dire pourquoi des semis de salade (dans maison à 19°) se développent tout « en fil »( 2 petites feulles au bout d’une tige de 3-4 cm?

    Réponse
  2. Anonyme

    Merci pour ces conseils ; un peu découragé par tant de râtés… On va y arriver;

    Réponse
  3. Jean-Pierre

    Bonjour d’Annonay,
    Cela me conforte dans l’idée de faire des semis avant d’attendre que le sol ne se réchauffe. Pour les débutants, la difficulté est d’éviter d’avoir des plants qui filent. Il faut trouver le bon équilibre entre température et lumière.

    Réponse
  4. Didier

    Un tout grand merci pour cet article qui démystifie tout naturellement les difficultés que l’on peut rencontrer en faisant ses semis.

    Réponse

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