Les baissières (ou « swales » en anglais) sont des fossés peu profonds sur les courbes de niveaux, conçus pour capter et infiltrer l’eau de pluie dans le sol.
En ralentissant le ruissellement, elles permettent d’arroser naturellement le terrain, de prévenir l’érosion et de régénérer les sols.
Elles sont un élément clé en permaculture pour la gestion durable de l’eau et la résilience du jardin face aux sécheresses.
Il s’agit d’un ouvrage de terrassement très simple à mettre en œuvre.
L’histoire des baissières
Les baissières trouvent leur origine dans les pratiques agricoles ancestrales de nombreuses civilisations.
Elles sont inspirées des techniques traditionnelles d’irrigation et de contrôle de l’érosion, que l’on retrouve notamment en Afrique du Nord, en Asie et en Amérique latine.
Adaptées et popularisées par Bill Mollison, pionnier de la permaculture, elles sont aujourd’hui largement utilisées dans les jardins écologiques.
Les baissières s’inscrivent pleinement dans la philosophie du Keyline Design, une méthode d’aménagement du paysage développée par P.A. Yeomans dans les années 1950.
L’approche du Keyline Design repose sur une lecture fine des courbes de niveau et vise à maximiser l’infiltration de l’eau de pluie dans les sols pour en accroître la fertilité.
Inspirée par l’hydrologie régénérative, cette technique ralentit, répartit et infiltre l’eau là où elle est le plus nécessaire, favorisant ainsi la recharge des nappes phréatiques et la création d’écosystèmes résilients.
En guidant l’eau de manière harmonieuse à travers le terrain, les baissières deviennent des outils essentiels pour restaurer les sols dégradés et optimiser la productivité des paysages agricoles et naturels.
Fonctionnement d’une baissière
Une baissière est creusée le long des courbes de niveau du terrain.
Cela signifie qu’elle suit les lignes naturelles dont chaque point est à la même altitude, l’eau s’y accumule donc horizontalement et de façon uniforme sur l’ensemble de l’ouvrage.
Contrairement à un fossé de drainage classique, elle est conçue pour retenir l’eau, l’infiltrer et la redistribuer progressivement au sol, créant ainsi une zone fertile et humide.
Méthode de mise en œuvre d’une baissière
1. Analyse du terrain
- Observez les zones de ruissellement après une pluie.
- Repérez les courbes de niveau avec un niveau à bulle, un laser ou un « niveau égyptien » (appelé aussi niveau en A) ».
2. Marquer la courbe de niveau
- Tracez la courbe de niveau avec des piquets et une corde ou de la chaux.
3. Creuser la baissière
- Creusez un fossé de 30 à 60 cm de profondeur et de largeur sur la courbe de niveau tracée.
- Déposez la terre en aval pour former une petite butte.
4. Stabiliser la butte
- Plantez des arbres, arbustes ou plantes fixatrices d’azote (trèfle, luzerne…) sur la butte pour la stabiliser.
- Paillez généreusement.
5. Vérification et ajustement
- Observez lors des premières pluies et ajustez l’inclinaison si nécessaire.
Les avantages et les inconvénients d’une baissière
Les avantages
Gestion durable de l’eau
- Ralentit le ruissellement et limite les inondations.
- Recharge les nappes phréatiques.
Amélioration du sol
- Prévention de l’érosion.
- Augmente la fertilité des sols en favorisant l’infiltration d’eau et l’activité biologique.
Autonomie et résilience
- Réduction de l’arrosage manuel.
- Favorise la croissance des arbres fruitiers et cultures en bordure.
Biodiversité
- Crée un microclimat favorable aux insectes, oiseaux et autres animaux.
Les inconvénients
- Entretien : Les baissières nécessitent un entretien régulier pour retirer débris, sédiments et végétation envahissante.
- Coût initial : La construction de baissières peut être coûteuse, en particulier si des équipements lourds sont nécessaires pour creuser les tranchées.
- Sols argileux : Dans les zones où le sol est très argileux, les baissières peuvent ne pas fonctionner efficacement car l’eau a du mal à s’infiltrer, ce qui peut entraîner la stagnation.
- Risque de saturation : Dans les zones à forte pluviométrie, les baissières peuvent rapidement déborder, ce qui peut provoquer des inondations locales.
Erreurs à éviter lors de la création d’une baissière
• Mauvais emplacement : creuser une baissière là où l’eau ne s’accumule pas naturellement.
• Profondeur excessive : l’eau stagne et ne s’infiltre plus.
• Manque d’entretien : la baissière s’érode et perd en efficacité.
Allez plus loin
Introduction à la Permaculture
Préface de Lydia et Claude Bourguignon
Bill Mollison
Éditions Passerelle Éco – 2013.
23 €
Méthodologie et outils clefs du design en permaculture
Qu’est-ce que la permaculture ? Comment la pratiquer ? Des outils clairs et concis pour bien débuter.
Christophe Curci et Benjamin Broustey
Éditions Imagine un colibri – 2017.
23 €
Permaculture Design
Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.
bonjour
ptite question: y a t il des types de sols ou des formation géologique dans lesquels il faut absolument éviter les baissière? (glissement de terrain)
Merci
À bientôt
Bonjour! Le mot baissière m’a toujours déplu, car il ne représente pas du tout la swale. Ici au Québec, c’est un trou dans le champ ou il y a souvent de l’eau et rien ne pousse bien… Ne dites jamais à un agriculteur que vous allez construire une baissière si vous voulez qu’il travaille avec vous. Le mot Noue est intéressant mais incomplet puisque c’est une sorte de fossé peu profond, large et végétalisé, qui recueille l’eau de ruissellement, soit pour l’évacuer, l’évaporer ou l’infiltrer. On ne parle pas de de butte ou de suivre le niveau.
En lien avec un commentaire de Benjamin plus bas, le mot Berm signifie un espace plat de niveau, une butte plate ou une barrière surélevée généralement constituée de sol compacté ce qu’on ne doit pas faire dans une Swale qui à une butte de plantation non compactée. En anglais on entend souvent la description suivant: « A ditch and a soft mound on contour » ce qui se traduit par : ‘Un fossé et une butte ou monticule non compacté suivant les courbes de niveau du terrain ». Il est faux de dire qu’on ne peut revenir en arrière, il est toujours temps de rectifier les erreurs du passé. 😉
Moi, Wen Rolland, et mon ami Goulven Bazire proposons depuis quelque temps le mot Sinoue comme alternative au mot Swale. Le S penché vers l’avant permet d’expliquer très facilement la forme de la swale par le dessin et le mot inclut le terme noue ce qui permet d’ajouter un lien entre ce nouveau mot et le terme qui est le plus près de sa signification. Ça sonne aussi comme sinueux, ce que les swales font souvent sur le terrain en suivant les courbes de niveau. Mes élèves et amiEs l’aiment beaucoup.
Je vous invite donc à utiliser le terme s’il vous inspire.
N’est-il pas plus important de débattre sur l’utilité d’avoir recours à ces méthodes que sur la terminologie de certains mots?
2 questions :
– où trouver un document permettant de calculer la profondeur, la largeur et l’espacement nécessaires d’une (ou plusieurs) baissière selon le contexte ?
– n »est-ce pas le fond de la baissière qui doit être parfaitement à niveau pour éviter la formation de courant des eaux récupérées et au contraire permettre l’infiltration ? Et dans ce cas, cela signifie-t-il refaire toutes les mesures de niveaux une fois la tranchée creusée ?
Merci
Bonjour! Le mot baissière m’a toujours déplu, car il ne représente pas du tout la swale. Ici au Québec, c’est un trou dans le champ ou il y a souvent de l’eau et rien ne pousse bien… Ne dites jamais à un agriculteur que vous allez construire une baissière si vous voulez qu’il travaille avec vous. 😉 Il est faut de dire qu’on ne peut revenir en arrière, il est toujours temps de rectifier les erreurs du passé. 😉 Noue est incomplet puisque c’est une sorte de fossé peu profond, large et végétalisé, qui recueille l’eau de ruissellement, soit pour l’évacuer, l’évaporer ou l’infiltrer. On ne parle pas de de butte ou de suivre le niveau.
Moi, Wen Rolland, et mon ami Goulven Bazire proposons depuis quelque temps le mot Sinoue comme alternative au mot Swale. Le S penché vers l’avant permet d’expliquer très facilement la forme de la swale et le mot inclut le terme noue ce qui permet d’ajouter un lien entre ce nouveau mot et le terme qui en est le plus près. Ça sonne aussi comme sinueux, ce que les swales font sur le terrain en suivant les courbes de niveau. 🙂 Mes élèves et amiEs l’aiment beaucoup. 🙂
Je vous invite donc à utiliser le terme s’il vous inspire.
Oops, mon commentaire est au mauvais endroit. Désolé, je me reprends.
Ici : https://www.permaculturereflections.com/swale-calculator
La vidéo a-t-elle disparue, ou ai-je un problème momentanée de connexion ?
Je viens juste de regarder la vidéo: tout est ok 😉
Bonjour,
merci pour tes vidéos qui sont vraiment super !
J’ai une question :
je recherche une solution pour drainer un terrain de 3 hectares dont le sol est argileux ( 48% limons , 40% argile, 12% sable). et qui a une légère pente.
est-ce que le système de baissière est bien adapté aussi en sol agileux ( la marre ainsi formé ne va t-elle pas être permanente ?)
pour construire ma baissière dois par exemple suivre la coube de niveau 500 m déjà identifiée par l’IGN comme sur cette carte http://fermaculture.org/wp-content/uploads/2016/01/courbe-de-niveau.png
merci
Bonjour Benjamin
Quelle est la différence entre une NOUE et une BAISSIERE?
La baissière est la mauvaise traduction de swale le mot anglais. Baissière veut dire « un genre de trou » en Québecois…Mais le problème c’est que le mot est entré dans le langage de la permaculture francophone et que l’on peut difficilement revenir en arrière…
Même swale est un terme erroné, le vrai mot devrait être berm and bassin, soit noue et butte. Une noue d’infiltration (partie creusée) à laquelle succède une butte…Voila à quoi on arrive quand on veut traduire l’anglais !! A la place de deux mots, on se retrouve avec 8, c’est aussi ce qui fait la richesse de notre belle langue française !!!
Merci pour tes réponses
J’ai une question : puis-je créer une « mini-baissière » dans un petit jardin ? Est-ce utile dans ce cas ou pas du tout ? Ou se procurer les engrais verts dont tu parles (trèfle, luzerne…) ? Merci
c’est tout à fait faisable et j’en fait de temps en temps..La subtilité est qu’il faut soit la remplir, soit laisser des passages, car on circule pas mal dans le jardin quand même…Si on la remplit, on utilise des matériaux perméable, bois de différentes taille et dans les climats désertiques (ou ailleurs mais plus particulièrement ceux-ci) du sable, qui limitera l’évaporation…
Je souhaite aussi en réaliser une dans un petit jardin très sableux, comment retenir l’eau ??
Nous avons pensé à disposer des pierres (pour le maintien) et compléter avec de la vase ou acheter de l’argile. Ou du bois à la place des pierres … on ne sait pas trop !
Bonjour Alison, comme expliqué dans la video la baissière ou « swale » en anglais est un ouvrage qui sert à infiltrer l’eau pour hydrater les sols en aval et la butte adjacente…il est donc exclu d’étanchéifier cet ouvrage, ce serait aller contre sa fonction première…amicalement.
Pour les graines, tous les fournisseurs habituels de semences bio, bio germe, kokopelli, pour les plus grosses quantité essem bio par éxenple…