Malgré l­­­a couleur qui lui a donné son nom, l’abeille noire (Apis mellifera mellifera) ne vient pas du continent Africain !
Son territoire est européen et plus précisément sur une zone très étendue allant de la chaîne des Pyrénées jusqu’à la Pologne.

Depuis la nuit des temps, l’abeille noire est parfaitement adaptée au climat de cette grande zone géographique.
Il y a encore un siècle, elle y était l’unique espèce d’abeille présente dans les ruches.
On la nommait alors l’abeille commune, parfaitement adaptée à son contexte climatique.

L’abeille noire – Une espèce délaissée par les apiculteurs producteurs…

L’abeille noire ne représente plus aujourd’hui que 10 % de la population des abeilles mellifères en France !
Afin de la sauvegarder, une quinzaine de conservatoires ont été créés dans l’hexagone par des passionnés.
Le premier fut celui de l’île d’Ouessant en 1989.

Éloigné du continent et bénéficiant d’un environnement sans pesticide, ce sanctuaire breton est une référence en la matière.

Mais cela n’est pas suffisant, car depuis plus de 50 ans l’abeille noire est négligée par le monde apicole lui préférant des espèces plus productives d’importation.

Dans les années 60, c’est l’abeille jaune (apis mellifica linguista) la belle italienne, qui avait les honneurs.

Puis dans les années 70-80, c’est l’abeille grise (apis mellifica caucasica) la besogneuse de la région du Caucase qui était à la mode.
L’abeille brune (apis mellifica carnica) de Slovénie a eu son époque glorieuse dans les années 90.

Afin d’obtenir des récoltes de plus en plus importantes, les apiculteurs ont sélectionné des abeilles produisant des colonies très populeuses, démarrant rapidement au printemps, essaimant le moins possible et doux comme des agneaux… l’abeille idéale en quelque sorte !

De nos jours c’est la Buckfast © (marque déposée) qui peuple principalement les ruchers.
Créée par homme, en croisant les différentes espèces en laboratoire, elle nécessite une sélection continue afin de cumuler le maximum de qualités des différentes lignées dont elle est issue, tout en écartant leurs défauts.

Abeilles butinant une fleur de courge

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Une espèce pourtant parfaitement adaptée à son environnement

Parfaitement adaptée à son contexte, l’abeille noire mérite une place de choix dans l’apiculture naturelle.
Abeille noire butinant une fleur de prunelier. Photo ©Pierre Javaudin

L’abeille noire à une morphologie idéale

L’abeille noire est d’assez grande taille, sa couleur est très sombre pour une meilleure absorption solaire, son abdomen est large et volumineux.

Elle possède des poils nombreux et longs qui facilitent le transport du pollen dans les intempéries.
Ses ailes et ses muscles thoraciques sont puissants lui permettant de travailler dans le vent.
Une population adaptée aux météos capricieuses

Certes, la reine des abeilles noires ne se précipite pas pour pondre dès les premiers rayons de soleil.
La colonie se développe donc moins rapidement en début de saison que les autres espèces.

Mais, en cas de printemps pourri, il n’y aura pas une armée de butineuse à nourrir dans l’attente d’une météo plus clémente.
Alors, une colonie d’abeilles noire est évidemment inférieure en nombre à une colonie d’abeilles brunes ou jaunes, mais elle compte du coup moins de bouches à nourrir, les réserves de miel diminuent donc moins en cas de mauvaises météos.

Parfaitement adaptée à son contexte, l’abeille noire mérite une place de choix dans l’apiculture naturelle.
Abeilles noires parcourant un rayon de cire afin de nourrir les larves. Photo ©Pierre Javaudin

L’abeille noire présente une résistance hivernale et une rusticité hors pairs

L’abeille noire est d’ailleurs celle qui consomme le moins de nourriture l’hiver.
Il faut dire qu’elle a la faculté d’accumuler de la graisse, grâce à son héritage génétique qui remonte à la dernière période de glaciation il y a quelques millions d’années.
En comparaison, L’abeille jaune d’origine méditerranéenne est frileuse et a besoin de plus de calories pour se réchauffer.
C’est donc l’espèce la plus résistante en période hivernale.
Rustique, elle a aussi l’avantage de se débrouiller très bien sans l’aide de l’homme qui n’a pas besoin de la nourrir en dehors de conditions très exceptionnelles.

Parfaitement adaptée à son contexte, l’abeille noire mérite une place de choix dans l’apiculture naturelle.
Abeille noire sur un chaton de noisetier à la sortie de l’hiver. Photo ©Pierre Javaudin

L’abeille noire est une courageuse combattante

L’abeille noire est aussi une courageuse combattante face aux prédateurs et aux intrus, ce qui est un bon signe de défense contre divers parasites et maladies.
Mais pas de craintes excessives à avoir à ce niveau-là, l’apiculteur qui travaille tout en douceur en respectant ses abeilles n’a rien à craindre.
Il n’a pas plus de risque d’être piqué par des abeilles jaunes, grises ou noires s’il adopte une attitude respectueuse de ses colonies.

Certains jours, avant même d’atteindre la ruche, un apiculteur à l’écoute sait que ce n’est pas le bon jour, quand les abeilles sont nerveuses, il vaut mieux remettre au lendemain l’intervention prévue.
Bref, pas besoin de manipulations génétique pour créer des abeilles dociles, il faut simplement que l’homme s’adapte à l’abeille et non l’inverse.

Toutes ces qualités intrinsèques de l’abeille noire en font donc l’espèce naturellement la mieux adaptée à son environnement sur sa zone géographique.

Pour une recolonisation de nos jardins par l’abeille noire

Une tendance à l’essaimage bénéfique pour la sauvegarde de l’espèce

L’essaimage est un phénomène naturel de reproduction et dispersion des colonies indispensable à la survie de l’espèce. Aux plus beaux jours, une partie de la colonie quitte la ruche avec la reine et s’envole vers de nouveaux horizons.
Réduite de moitié, la colonie restante, avec sa jeune reine produira moins de miel… c’est pourquoi l’essaimage est vécu comme un cauchemar pour les apiculteurs producteurs !
Certains vont jusqu’à couper les ailes des reines (le clippage) pour éviter ce phénomène naturel.

Parfaitement adaptée à son contexte, l’abeille noire mérite une place de choix dans l’apiculture naturelle.
Un rayon de ruche horizontale recouvert d’abeilles noires. Photo ©Pierre Javaudin

L’essaimage est pourtant indispensable pour brasser les colonies et ainsi éviter les consanguinités (bien qu’il n’y ait pas de sang à circuler dans le corps de l’abeille, mais de l’hémolymphe).

Certes la moitié de la colonie s’envolera en pleine période mellifère (mai/juin), mais l’essaim qui s’envole va installer une nouvelle colonie, à bonne distance de la colonie d’origine et une nouvelle ruche va naître.
Par les temps qui courent, avec des populations d’abeilles déclinant partout dans le monde, toutes espèces confondues, cette capacité de l’abeille noire à l’essaimage naturel est donc un atout pour sa réintroduction dans nos jardins et sa sauvegarde !

Pour une apiculture plus naturelle

Grâce à sa résistance hivernale, à ses capacités de vol, à son adaptation à son environnement, à facultés de défenses contre les intrus et sa rusticité, l’abeille noire a donc toute sa place dans nos ruches.

C’est pourquoi nous lançons un appel pour favoriser la recolonisation de nos jardins par cette espèce qui a évolué naturellement avec son environnement pour y être parfaitement adaptée.

La réintroduction de l’abeille noire fera donc le bonheur des adeptes d’une apiculture moins intensive, moins productiviste, bref plus naturelle…
Avis aux amateurs…

Quelques liens de conservatoires français de l’abeille noire :

http://abeillenoirelimousine.fr
http://www.ruchetronc.fr/ruche_tronc.php?mn=14
http://www.abeillenoire45.org
http://www.abeillenoireouessant.fr
http://www.abeillenoirepyrenees.fr
http://www.abeille-noire.org
http://www.abeillenoire-iledegroix.com
http://unionapicole61.free.fr/CETAWEB/abeille-noire/presentation.htm