Mare naturelle dans jardin en permaculture

Le guide de la mare naturelle
de A à Z

Toutes les questions que vous vous posez sur la mare naturelle et sa mise en place.

Vous souhaitez réaliser une mare naturelle dans votre jardin ?

Excellente idée, car votre future mare va apporter de nombreux bénéfices à votre jardin en permaculture en plus d’être un élément paysager très esthétique et un formidable lieu d’observation de la faune sauvage.

Mais avant de concrétiser votre projet de mare naturelle, vous avez encore plein de questionnements.

Pas de panique les amis, notre bureau d’études Permaculture Design vous a préparé, sur cette page, toutes les infos essentielles dont vous aurez besoin pour réaliser votre mare naturelle sans vous planter !

Une véritable FAQ de la mare naturelle en permaculture.

Formation crer une mare naturelle en permaculture

Créer et installer une mare naturelle en permaculture.

Cette formation de 3 jours s’adresse autant aux particuliers qu’aux professionnels.

Qu’est-ce qu’une mare naturelle ?

C’est une mare réalisée par l’homme de manière à imiter au maximum la nature en créant des niches et des biotopes divers propices à l’hébergement d’un maximum de biodiversité.

Créez une niche et quelqu’un viendra l’habiter !

— Bill Mollison

Cela se concrétise notamment par différentes profondeurs, des aménagements de bordures spécifiques (abris à batraciens) et un panel varié de plantes aquatiques (oxygénation, esthétique, production comestible).

Créer une mare - principe de mise en place

Ainsi la nature sauvage peut s’y installer comme bon lui semble car elle y trouve le gîte et le couvert.

Quelle profondeur pour une mare ?

La profondeur maximale pour une mare sera de 2 m, au-delà, on parlera plutôt d’un étang.

La profondeur idéale pour héberger un maximum de biodiversité sera d’au moins 80 cm et si possible 1 m, à atteindre sur au moins une partie de la mare.

Une telle profondeur permet de garantir qu’au moins une partie de la mare reste toujours hors gel, ce qui permet, par exemple, à certains amphibiens d’y passer l’hiver.

Une mare naturelle comportera ainsi plusieurs profondeurs réparties sur différentes zones :

  • des zones en pente douce depuis la berge
  • des zones avec des paliers successifs à diverses profondeurs (par exemple 20 cm, 40 cm, 60 cm…).
Profondeur et paliers d’une mare naturelle.
Exemple de petite mare naturelle avec des paliers à différentes profondeurs jusqu’à 80 cm.

Comment faire une mare ?

Si vous vous posez la question de comment réaliser une mare naturelle, voici les grandes étapes clés.

Choisir la taille de sa mare naturelle

Vous pouvez choisir toutes tailles jusqu’à 5000 m² (au-delà, on parlera plutôt d’étang).

La taille idéale pour une mare naturelle permettant de créer un écosystème fonctionnel est d’au moins 20 m².

Plus la mare sera grandeplus elle offrira d’habitats et de possibilités pour l’accueil d’une faune riche et variée et moins elle nécessitera d’entretien.

Vous n’avez qu’un petit terrain et vous pensez ne pas pouvoir faire de mare naturelle ?

Détrompez-vous, car même une toute petite mare de 1 m² de surface aura un impact positif sur le jardin et sa biodiversité.

Choisir la forme de sa mare naturelle

Principe de permaculture – www.permaculturedesign.fr

Utiliser et valoriser l’effet de bordure

En permaculture, on va chercher à favoriser les effets de bordures en augmentant notamment la surface dédiée aux berges (interfaces entre le milieu aquatique et le milieu terrestre).

Pour cela, plutôt que de créer une mare parfaitement ronde, carrée ou rectangulaire, vous pouvez ajouter des courbes ou autres formes à ces modèles simples.

L'effet de bordure sur une mare en permaculture.

Gardez quand même à l’esprit de rester sur une forme qui sera facile à réaliser concrètement.

Choisir l’endroit idéal pour sa mare naturelle :

Le choix de l’endroit où se trouvera votre mare sur le terrain est fondamental pour sa durabilité et son bon fonctionnement.

Il doit donc être mûrement réfléchi et adapté à vos différentes contraintes (topographiques, climatiques, réglementaires, etc.).

Positionner la mare selon la topographie de votre terrain :

En permaculture, on conseille, si possible, de stocker l’eau au plus haut et au plus près de sa source (ou de son entrée sur le terrain).

Cela permet notamment de pouvoir profiter de la gravité pour bien distribuer l’eau ensuite sur son terrain.

Dans certains contextes cependant, selon les entrées de l’eau sur votre terrain, selon les pentes et ruissellements des eaux de pluie, selon la profondeur du sol, les besoins en drainage, l’emplacement idéal peut se trouver en bas d’une pente.

L’observation des flux d’eau entrants et sortants de votre terrain, notamment à la saison pluvieuse, vous aidera donc à trouver le bon endroit pour votre mare naturelle.

Le choix de l’emplacement définitif pour votre mare naturelle devra faire l’objet d’un minimum de design pour être cohérent par rapport à vos objectifs, vos contextes et vos autres éléments en présence.

Enchainement de plusieurs grandes mares naturelles à flanc de colline, reliées entre elles par leur trop-plein, sur le Krameterhof, la ferme de Sepp Holzer en Autriche. ©krameterhof.at

Autres points clés pour choisir l’emplacement de sa mare naturelle :

  • pouvoir facilement l’approvisionner en eau
  • pouvoir gérer correctement son trop-plein
  • pouvoir creuser sans risques (hors passages de câbles, tuyaux ou canalisations dans le sol)
  • avoir un temps d’ensoleillement de la mare sur une journée au moins 5 à 6 heures.
© Gilles Leblais

Comment construire sa mare naturelle ?

Une fois que vous avez choisi la taille, la forme et l’emplacement de votre mare naturelle vient l’étape du creusement de la mare.

Piquetez ou marquez son emplacement sur votre terrain.

Délimitez aussi par un marquage spécifique, les zones de différentes profondeurs prévues.

Et procédez au creusement.

Quels outils pour creuser sa mare naturelle :

  • Pour les grandes mares naturelles ou les sols très argileux ou très caillouteux, la location d’une mini-pelle sera souvent préférable pour ne pas se tuer à la tâche.
  • Pour les mares de petites surfaces (< 20 m²) et hors sol difficiles, l’option pelle et pioche manuelle est tout à fait jouable, si vous être en bonne forme physique et pas trop pressé(e).

Quand creuser une mare naturelle ?

Creusement d’une petite mare, avec des outils à main, initié au mois de mai 2020.

Dans l’idéal, au printemps, après les dernières gelées.

Deuxième période propice : fin d’été/début d’automne.

Pourquoi privilégier ces 2 périodes ?

En réalisant votre mare naturelle sur l’une de ces périodes, vous profiterez :

  • de températures idéales pour les travaux physiques et pour une bonne souplesse de la bâche d’étanchéité (liner) à poser
  • de pluies saisonnières fréquentes pouvant aider au remplissage
  • du bon moment pour installer vos plantes aquatiques.

Comment rendre sa mare naturelle étanche ?

Le plus simple, rapide et efficace, sera d’utiliser du géotextile et une bâche plastique adaptée (ou liner), spécial bassin qu’on déposera sur le sol après y avoir éventuellement ajouté une couche d’environ 5 cm de sable.

Au niveau des matières, on choisira, de préférence, une bâche EPDM qui sera plus écologique qu’une bâche en PVC.

Pour réaliser une petite mare, l’achat d’un bassin préformé, déjà étanche peut aussi être pertinent.

Exemple de bassin préformé étanche, prêt à être installé au jardin. ©Aquajardin.net

Comment créer une mare naturelle sans bâche plastique ?

Si vous souhaitez absolument vous passer de bâche plastique dans la réalisation de votre mare naturelle, c’est possible, mais sous certaines conditions.

À noter qu’il faut un minimum de savoir-faire technique pour réussir, de façon durable, l’étanchéité de sa mare sans bâche plastique.

Les solutions à base d’argile pour créer des mares naturelles

L’étanchéité à la bentonite :

La bentonite est une argile gonflant au contact de l’eau.

On peut s’en procurer par achat dans le commerce.

Son coût et celui de son transport peuvent être assez importants selon la surface de mare à imperméabiliser.

C’est une solution d’étanchéité sans bâche assez technique à réaliser correctement, car c’est un revêtement sujet aux microfissures dans le temps s’il est mal fait.

L’étanchéité à l’argile :

Quand on a, de base, un sol argileux (plus de 60 % d’argile), on peut s’en servir pour faire l’étanchéité de sa mare naturelle.

En dessous de 60 % d’argile dans le sol cependant, c’est une solution peu pertinente.

Une bonne gestion de l’eau dans sa mare naturelle

Après avoir travaillé votre projet, fait des choix stratégiques, creusé et étanchéifié votre mare, vous voilà arrivé(e) au moment de sa mise en eau !

Une astuce pour commencer, quelle que soit l’option de remplissage choisie, prévoyez au moins un seau d’eau d’une mare naturelle existante, à ajouter après remplissage, pour ensemencer le milieu en vie et accélérer l’arrivée de la biodiversité.

À cette étape, plusieurs options sont possibles, en voici un petit récapitulatif.

Quelle eau pour remplir ma mare naturelle au départ ?

L’eau de pluie :

C’est la meilleure option selon nous, car la plus économique avec une eau à température ambiante et souvent de bonne qualité pour le développement de la vie.

Pour être une option envisageable, elle doit cependant être anticipée par du stockage en quantité suffisante en cuve ou bac de récupération d’eau de pluie.

L’eau de puits ou de forage :

L’eau pompée de puits ou de forage peut être très froide, ce n’est pas un problème au premier remplissage, car la vie n’est pas encore installée.

Il faudra simplement attendre un peu plus longtemps pour installer les premières plantes aquatiques et ensemencer le milieu en vie, le temps que l’eau atteigne une température plus clémente (environ 12 °C).

À noter que si vous utilisez cette option pour vos réapprovisionnements en eau au fil du temps, vous allez perturber le fonctionnement de la vie dans votre mare avec ces ajouts d’eau très froide. On essayera autant que possible de l’éviter.

Les eaux de puits ou de forage peuvent parfois être polluées (pesticides, nitrates), il peut être intéressant de vous renseigner localement sur les risques de pollutions et éventuellement de les faire analyser avant de les utiliser pour remplir votre mare.

Enfin, des restrictions territoriales temporaires comme des arrêtés préfectoraux en période de sécheresse par exemple, peuvent interdire l’utilisation de cette ressource pour remplir votre mare.

Les prélèvements dans les cours d’eau :

Les prélèvements dans les cours ne se font pas à la légère.

Ils ne sont pas toujours autorisés et peuvent nécessiter une demande d’autorisation préalable.

Ils sont strictement réglementés au niveau territorial et dépendent de divers paramètres.

Pour savoir si cette option s’ouvre à vous, renseignez-vous auprès des autorités compétentes (votre mairie ou votre DDT).

Pensez également à vous renseigner sur les pollutions éventuelles en amont du cours d’eau.

L’eau de ville :

C’est l’option la plus coûteuse et pas forcément la plus saine.

L’eau de ville peut en effet contenir des résidus de produits chimiques (pesticides, résidus médicamenteux, produits de traitement des eaux…) qui ne sont pas très propices au développement de la vie.

Elle peut également être soumise à des restrictions selon les périodes de l’année.

On essayera donc autant que possible de s’en passer !

Faut-il faire des réapprovisionnements en eau ?

Des réapprovisionnements en eau peuvent être nécessaires une à deux fois dans l’année afin de maintenir un niveau suffisant, pour les plantes aquatiques notamment.

Le nombre de réapprovisionnements variera cependant selon les dimensions de la mare naturelle et sa couverture végétale.

C’est en été ou en période de fortes chaleurs qu’il faut surtout être vigilant(e) sur les besoins en réapprovisionnements, car ce sont les moments où l’évaporation de l’eau en surface et l’évapotranspiration des plantes fait le plus baisser le niveau d’eau.

Pour faire ces réapprovisionnements, on privilégiera l’utilisation de l’eau de pluie issue de cuves de récupérations.

Comment gérer le trop-plein de votre mare ?

En permaculture, toute création de mares demande une réflexion de design sur le parcours de l’eau.

Si vous avez réfléchi à la façon dont l’eau va arriver dans votre mare, il ne faut pas oublier de réfléchir à la façon dont elle va en sortir aussi.

À la saison pluvieuse notamment, votre mare peut déborder… il faut donc anticiper la gestion de ce trop-plein dès l’aménagement pour éviter des dégâts en aval de votre mare.

Le trop-plein de votre mare peut ainsi être envoyé vers :

  • une autre mare en aval
  • une noue d’infiltration couplée à une butte plantée de végétaux adaptés à votre contexte
  • une zone laissée délibérément sauvage pour former une zone humide marécageuse

Comment aménager les abords de votre mare naturelle ?

Après la mise en eau, l’aménagement des abords de la mare est une étape très importante à réaliser avec soin afin de favoriser l’installation d’un maximum de biodiversité.

Des rangées de grosses pierres qui se chevauchent, de vieilles souches de bois mort ou encore des contenants en terre cuite bien agencés autour de la mare deviendront de formidables refuges pour la faune sauvage et notamment les batraciens.

Quelles plantes pour une mare naturelle ?

Il existe un très grand nombreux de plantes aquatiques ou semi-aquatiques.

Il y en a donc pour tous les goûts et pour toutes les profondeurs !!

On distingue 2 strates pour les plantes aquatiques : hélophyte et hydrophyte.

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La strate hélophyte :

Elle inclut les plantes ayant les racines dans peu d’eau ou dans des sols très humides, et la « tête » hors de l’eau. Certaines plantes de cette strate sont capables de supporter des fluctuations importantes de l’humidité du sol dans lequel elles poussent. Ce sont des plantes de berges, de marécages ou de marais.

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La strate hydrophyte :

Elle inclut les plantes ne pouvant vivre qu’avec les racines constamment immergées dans l’eau. Elles peuvent être flottantes, totalement immergées ou avec des parties aériennes dépassant de la surface de l’eau.

Dans une mare naturelle d’environ 20 m², on conseille d’installer de 4 à 6 plantes aquatiques en piochant dans ces 2 strates sans oublier d’inclure, dans ce choix, 1 à 2 plantes oxygénantes.

À quelle profondeur installer les plantes aquatiques ?

Chaque espèce de plante aquatique a une profondeur minimale et une profondeur maximale conseillées pour une plantation réussie et un bon développement.

Voici quelques exemples de plantes aquatiques intéressantes classées par profondeur de plantation :

Entre 0 et 10 cm :

  • Populage des marais (Caltha palustris),
  • Véronique aquatique (Veronica beccabunga),
  • Glycérie aquatique (Glyceria maxima),
  • Menthe aquatique (Mentha aquatica),
  • Linaigrette (Eriophorum angustifolium),
  • Iris d’Amérique (Iris versicolor)

Jusqu’à 20 cm :

  • Pontédérie à feuilles en cœur (Pontederia cordata),
  • Iris des marais (Iris pseudacorus),
  • Hottonie des marais (Hottonia palustris),
  • Plante bougie (Orontium aquaticum),
  • Papyrus (Cyperus involucratus)

Entre 20 et 60 cm :

  • Pesse d’eau (Hippuris vulgaris),
  • Massette à feuilles larges (Typha latifolia),
  • Roseau commun (Phragmites australis),
  • Lotus sacré (Nelumbo Nucifera),
  • Lotus jaune (Nelumbo Lutea)

Entre 60 cm et 1 m :

  • Myriophylle verticillé (Myriophyllum verticillatum),
  • Vanille d’eau (Aponogeton distachyos),
  • Vallisnérie spiralée (Vallisneria spiralis),
  • Potamot luisant (Potamogeton lucens)

À quelle profondeur planter les nénuphars ?

Pour les nénuphars, fleurs stars des mares naturelles, il existe aujourd’hui des variétés pour toutes les profondeurs d’eau.

Vous pourrez donc en installer même dans une petite mare peu profonde !

Entre 15 cm et 30 cm :

  • Nénuphar nain blanc (Nymphaea pygmaea ‘Alba’)
  • Nénuphar nain jaune pâle (Nymphaea pygmaea ‘Helvola’)
  • Nénuphar nain rouge/rose (Nymphaea pygmaea ‘Rubra’)

Entre 30 cm et 50 cm :

  • Nénuphar rustique rose tendre (Nymphaea ‘Fire Crest’)
  • Nénuphar rustique rose vif (Nymphaea ‘Mayla’)
  • Nénuphar rustique saumon (Nymphaea ‘Colorado‘)
  • Nénuphar rustique jaune (Nymphaea ‘Puttaruksa‘)
  • Nénuphar rustique blanc (Nymphaea ‘Albatros‘)

Entre 50 cm et 1 m :

  • Nénuphar rustique blanc (Nymphaea ‘Alba’)
  • Nénuphar rustique pourpre (Nymphaea ‘Black Princess’)
  • Nénuphar rustique rouge/rose (Nymphaea ‘Attraction’)

Quand installer ses plantes aquatiques ?

Les plantes aquatiques s’installent idéalement quand la température de l’eau est entre 12 °C et 25 °C, ce qui sera le cas généralement entre la mi-avril et la mi-octobre.

La période de plantation la plus propice pour une bonne reprise de la végétation s’étend sur les mois de mai et juin.

Comment installer ses plantes aquatiques ?

Le plus pratique pour installer les plantes aquatiques et les gérer au fil du temps est d’utiliser des paniers de plantations conçus à cet effet.

Il en existe en plastique, mais aussi en fibre naturelle comme la fibre de coco.

Le panier de plantation permet de :

  • contenir l’expansion des systèmes racinaires.
  • déplacer plus facilement les plantes pour l’entretien ou l’hivernage.

Où trouver des plantes aquatiques ?

Acheter des plantes aquatiques dans le commerce :

Le plus simple est de s’adresser à des pépinières spécialisées dans les plantes aquatiques et semi-aquatiques.

Elles seront les plus à même de vous conseiller sur les variétés selon vos besoins et contextes.

Elles pourront vous fournir aussi du matériel annexe comme des paniers de plantations, du substrat, une pompe solaire…

Certains arboretums peuvent aussi proposer ponctuellement des ventes de plantes aquatiques à l’occasion de portes ouvertes ou d’événements spéciaux.

Ces lieux de conservations d’espèces végétales peuvent vous permettre d’acquérir des plantes rares que vous ne trouverez nulle part ailleurs.

Avis donc aux collectionneurs (ses) !

Récupérer des plantes aquatiques par vos propres moyens :

Si vous avez dans votre entourage des personnes ayant déjà un étang ou une mare, vous pourrez peut-être récupérer chez elles des plantes aquatiques.

Attention cependant de ne pas récupérer n’importe quoi !

Il est essentiel de ne récupérer que des plantes aquatiques communes clairement identifiées n’étant ni des espèces envahissantes, ni, à l’inverse, des espèces strictement protégées.

Enfin, ne faites pas de prélèvements sauvages dans la nature, pour ne pas perturber un milieu naturel et éviter les risques de confusions, tant sur une espèce envahissante que sur une espèce protégée !

Exemple : le myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum) et le myriophylle hétérophylle (Myriophyllum heterophyllum) classés parmi les espèces exotiques envahissantes préoccupantes en Europe, peuvent toutes deux se trouver dans la nature.

Or elles peuvent être difficiles à distinguer d’autres espèces de myriophylles intéressantes pour une mare naturelle.

Les algues dans les mares ou étangs naturels

Des algues filamenteuses, souvent vertes, peuvent se développer dans une mare naturelle bien ensoleillée et riche en nutriments dans l’eau (matière organique en décomposition).

Ces algues ne sont pas un problème en elles-mêmes, car, en petite quantité, elles peuvent servir de refuge et même de nourriture à la faune sauvage.

Mais elles deviennent un problème quand elles prolifèrent à outrance et colonisent tout l’espace.

Trop denses et trop répandues, elles deviennent des pièges mortels pour les jeunes batraciens, des concurrentes sérieuses de vos plantes aquatiques pour l’accès à la lumière et l’oxygène notamment.

En excès, elles sont donc mauvaises pour le bon fonctionnement de la mare naturelle.

On régulera donc leur présence  :

  • par des retraits manuels réguliers en période de prolifération
  • en veillant à limiter des dépôts de matière organique dans l’eau
  • avec suffisamment de plantes aquatiques pour consommer les nutriments en excès dans l’eau
  • en favorisant l’accueil de batraciens se nourrissant de ces algues (têtards…)

Comment entretenir une mare naturelle ?

Une fois réalisée, votre mare va naturellement évoluer au fil du tempsen fonction de la faune qui l’habitera ou la visitera et du développement des plantes installées ou arrivées spontanément.

Faut-il entretenir une mare naturelle ?

Oui, l’entretien d’une mare naturelle est un passage obligé même si cela est peu fréquent.

Toute cette vie présente dans votre mare naturelle va engendrer la création de biomasses (végétale, animale) qui va peu à peu s’accumuler dans l’eau.

Par des actions périodiques d’entretien, on va s’attacher à réduire la quantité de matière organique présente dans l’eau.

En effet, trop de matière organique peut compromettre la salubrité de l’eau avec des concentrations trop fortes de nitrates et nutriments divers qui sont nuisibles au bon équilibre écologique de la mare.

Quand et à quelle fréquence entretenir une mare ?

Afin de perturber le moins possible la biodiversité de votre mare, la période recommandée pour l’entretien est l’automne, idéalement à partir de fin octobre.

La fréquence d’entretien est généralement de 2 ans.

Cela variera cependant selon la dimension de la mare, son volume, la végétation dans et autour de la mare, la faune hébergée…

Plus elle sera petite, plus souvent elle devra être entretenue.

Comment nettoyer une mare naturelle ?

Le nettoyage de la mare naturelle consiste principalement en deux actions :

1) Le nettoyage partiel du fond de la mare :

Exemple d’épuisette idéale pour le nettoyage de la mare naturelle. ©oase.com

À l’aide d’une épuisette adaptée aux dimensions de votre mare, vous allez retirer une partie de la vase accumulée au fond (débris de matières organiques notamment feuilles mortes).

Vous veillerez à ne pas tout enlever pour laisser nourriture et cachette à la biodiversité du fond des eaux.

Lors de ces opérations de nettoyage, vous pouvez déposer temporairement les débris végétaux retirés sur le bord de la mare afin de laisser le temps à la faune piégée dans ses débris de s’en extirper et retrouver le chemin de l’eau (larves de libellules, tritons, dytiques…).

2) L’entretien des plantes aquatiques :

Cet entretien consiste dans un premier temps à couper les parties aériennes mortes et sèches des plantes aquatiques.

Puis vous allez aussi éclaircir les plantes qui se sont trop développées et prennent trop de place dans la mare afin d’éviter qu’elles n’envahissent totalement la surface dès la reprise au printemps suivant.

Tous les débris végétaux retirés lors de cette opération pourront là encore être laissés quelque temps en bord de mare pour permettre à la faune de rejoindre l’eau.

Ils pourront ensuite être mis au compost ou utilisés en mulch de surface dans votre jardin.

Plantes aquatiques retirées d’un bassin naturel et utilisées en mulch ou paillage au potager

Hivernage de la mare, que faut-il faire ?

À l’approche de l’hiver, avant les premiers gels, il y a quelques gestes simples à faire pour éviter les dégâts sur la mare en elle-même et pour aider la faune et la flore à survivre à la saison froide.

1) S’assurer que la mare est bien remplie

L’idée est de ne pas laisser des parties de la bâche à nues en hiver pour éviter qu’elle s’abîme (fissures et perte d’étanchéité).

2) Permettre l’oxygénation de l’eau en période de gel

Pour cela, il suffit d’insérer verticalement dans l’eau de petits fagots de bois ou de paille ayant une partie immergée et une partie hors de l’eau.

Ainsi quand la surface de la mare se couvrira d’une couche de gel, ces fagots créeront des entrées d’air permettant un minimum d’oxygénation de l’eau.

Cela aidera notamment les batraciens pouvant hiberner en fond de mare.

3) Hiverner les plantes aquatiques non rustiques

Si vous avez choisi d’installer des plantes aquatiques ne supportant pas les températures trop froides, vous devrez les retirer de la mare et les hiverner dans une bassine d’eau dans une pièce hors gel.

Pour éviter d’avoir à faire ce genre d’opération, choisissez des plantes aquatiques rustiques adaptées à votre contexte climatique.

Faune sauvage : qui sont les habitants et visiteurs de la mare naturelle ?

La mare naturelle est sans doute le moyen le plus efficace qui soit pour faire revenir la biodiversité dans un jardin et surtout contribuer à sa protection, chacun à notre échelle !

Voici une liste non exhaustive de la faune que vous pourrez très bientôt observer chez vous si vous installez une mare naturelle :

Les invertébrés :

  • Les libellules
  • Les punaises aquatiques
  • Les coléoptères aquatiques
  • Les mollusques d’eau douce
  • Les araignées aquatiques,
  • Des petits crustacés,
  • Des éponges…

Les batraciens :

  • Les anoures : crapauds, grenouilles, rainettes
  • Les urodèles : tritons et salamandres

Les oiseaux sédentaires ou de passage :

  • Tous les passereaux du jardin et des environs : rouges-gorges, mésanges, moineaux, pinsons, chardonnerets, merles, roitelets, hirondelles…
  • Autres oiseaux sauvages : héron cendré, geai des chênes, pigeon ramier, tourterelle, épervier, buse, chouette hulotte…

Les mammifères :

  • Écureuil, fouine, hermine, musaraigne, hérisson, chauve-souris, renard…

Les reptiles :

  • Lézards des murailles, lézards verts, couleuvres, couleuvre à collier…

Moustiques et mare naturelle ?

Vous êtes nombreux (ses) à soulever le problème des moustiques !

C’est, en effet, LA question qu’on nous pose le plus pendant nos formations pour apprendre à créer une mare naturelle : cela va-t-il attirer les moustiques ?

La réponse est oui, et c’est très bien !

Pourquoi ?

Car la mare naturelle va aussi attirer et faire s’établir sur votre jardin en permaculture tous leurs prédateurs qui sont aussi de formidables auxiliaires.

Résultat : vous aurez, au final, moins de moustiques avec une mare naturelle que sans !

Que ce soit, en effet, dans la mare ou autour, les prédateurs des moustiques qui vont s’installer sont nombreux, que ce soit pour manger les larves, ou les moustiques adultes.

Voici un petit inventaire des prédateurs de moustiques que vous allez attirer grâce à votre mare naturelle :

Les gros mangeurs de larves de moustiques :

  • Les tritons
  • Les larves de libellules
  • Les larves de dytiques
  • Les grenouilles

Les gros mangeurs de moustiques adultes :

  • Les batraciens/amphibiens (tritons, grenouilles, salamandres…)
  • Les libellules adultes
  • Les chauves-souris
  • Les oiseaux insectivores (soit la plupart des passereaux du jardin !)
Exemples de prédateurs des moustiques vivants dans où à proximité d’une mare naturelle. © Gilles Leblais

En attendant que cette biodiversité prédatrice des moustiques arrive, installer de petits systèmes de bulleurs ou fontaines alimentés par panneau solaire pour créer du mouvement à la surface de l’eau limitera grandement les pontes, car les femelles moustiques recherchent des eaux stagnantes et calmes !

Quel poisson pour une mare naturelle ?

De manière générale, nous déconseillons l’installation de poissons dans une mare naturelle, car leur présence peut rapidement mettre à mal le développement de la biodiversité en créant un fort déséquilibre dans la chaîne alimentaire.

Si vous souhaitez avoir des poissons (moyens à gros) pour la pêche, c’est plutôt vers la réalisation d’un étang, plus grand et plus profond qu’une mare, qu’il faut vous tourner.

Gambusies, tétras, poissons rouges, guppys ou ide mélanote aussi appelé poisson moustique sont déconseillés dans une mare naturelle dans laquelle on souhaite héberger un maximum de biodievrsité. © ncwetlands.org

Mare naturelle et réglementations

La création d’une mare naturelle dans votre jardin peut nécessiter certaines démarches administratives, selon les caractéristiques du projet et les lois en vigueur sur votre territoire.

Il est donc important de se renseigner, en premier lieu auprès de votre mairie, avant de vous lancer concrètement dans la création de votre mare.

Les services de la mairie pourront notamment vous renseigner sur les dispositions à respecter dans le cadre des PLU (Plan Local d’Urbanisme) et POS (Plan d’Occupation des Sols), mais également sur le règlement sanitaire départementale ou autre législation applicable sur votre commune.

Les démarches à faire selon la surface de sa mare naturelle :

Après avoir validé l’adéquation de votre projet de mare avec les différentes réglementations en vigueur, il peut rester des démarches administratives à faire avant de passer concrètement à l’action sur le terrain.

Pour une mare de moins de 10 m² :
Aucune autorisation de travaux n’est nécessaire.

Pour une mare de 10 à 100 m² :
Il faut faire une déclaration de travaux en mairie.

Pour une mare de 100 à 1000 m² :
Il faut faire une demande de permis de construire en mairie.

Pour une mare de plus de 1000 m² :
Il faut faire un dossier de déclaration IOTA auprès des services de la police de l’eau de votre DDT (Direction départementale des Territoires).

Pour en savoir plus sur les mares naturelles et la législation [AR036]

Pourquoi faire une mare dans son jardin en permaculture ?

Lorsqu’on crée un jardin en permaculture, il est rare que l’on soit indifférent à la biodiversité et à la place laissée au sauvage.

Pour nous, c’est une évidence : dès que possible, chaque jardin en permaculture devrait avoir, au moins, une mare naturelle tant les bénéfices sont nombreux !

Les avantages d’une mare naturelle :

Créer une mare naturelle vous permettra de :

  • décupler la biodiversité animale et végétale de votre jardin
  • avoir des réserves d’eau supplémentaires
  • tempérer les grosses chaleurs
  • apporter de la beauté, de l’harmonie au jardin
© Gilles Leblais
  • observer la nature à l’œuvre et s’émerveiller du spectacle de la vie
  • produire de la nourriture (plantes aquatiques comestibles)
Exemples de plantes aquatiques comestibles : menthe aquatique, châtaigne d’eau, vanille d’eau, plante caméléon, lotus sacré
  • créer des microclimats favorables aux cultures
  • réfléchir la lumière au profit des plantations avoisinantes
Un petit bassin naturel au cœur d’un potager de vivaces orienté de façon à former un piège à soleil pour optimiser la réflexion de la lumière sur les plantes voisines et créer un microclimat favorable aux cultures
  • aider au drainage des sols gorgés d’eau

Les inconvénients d’une mare naturelle :

La mare naturelle peut aussi avoir des inconvénients, plus ou moins importants selon les choix stratégiques que vous aurez faits et votre contexte.

Une mare naturelle, ça peut donc aussi être :

  • un coût de réalisation non négligeable (achats et locations diverses)
  • un coût de réalisation non négligeable (achats et locations diverses)
  • un espace à clôturer pour protéger les personnes fragiles des risques de chute ou de noyade
  • un élément pouvant attirer des animaux considérés comme nuisibles (moustiques, serpents)

Quelles sont les erreurs à éviter quand on crée sa mare naturelle ?

Pour finir, voici un résumé des erreurs à éviter quand on se lance dans un projet de mare naturelle :

  • choisir l’emplacement à la légère
  • ne pas se renseigner sur les réglementations en vigueur sur son territoire
  • ne pas créer de paliers à différentes profondeurs
  • ne pas faire d’endroit en pente douce pour la biodiversité
  • placer la mare trop à l’ombre (moins de 5 h d’ensoleillement/jour)
  • laisser la bâche d’étanchéité trop apparente sur les bords
  • ne pas créer de niches pour la biodiversité dans les bordures de la mare
  • installer trop de plantes dès le départ
  • inclure des poissons

Notre formation sur la mare naturelle pour acquérir théorie et pratique

Comme dit le proverbe, « C’est en forgeant qu’on devient forgeron », car faire soi-même reste le meilleur moyen d’apprendre et de comprendre.

C’est pourquoi nous vous proposons une formation de 3 jours très orientée sur la pratique avec la réalisation concrète, sur notre écocentre, d’une mare naturelle d’un peu plus de 20 m2.

Bien entendu, notre formation « Créer et installer une mare naturelle » inclut aussi des enseignements théoriques et des moments d’échanges avec notre formateur expert et notre équipe de paysagistes professionnels qui installent des mares et bassins depuis plusieurs années dans le respect du vivant et de la biodiversité.

Pour se lancer sans se planter, c’est vraiment l’idéal !

Retrouvez toutes les dates et informations pour cette formation en cliquant sur le bouton ci-dessous.

Formation crer une mare naturelle en permaculture

Créer et installer une mare naturelle en permaculture.

Cette formation de 3 jours s’adresse autant aux particuliers qu’aux professionnels.

Livres sur les mares naturelles et la biodiversité

Il existe énormément de livres sur les mares et bassins.

Vous trouverez, ci-dessous, ceux qui nous paraissent les meilleurs.

Ces ouvrages ont en commun de chercher à vraiment favoriser la biodiversité grâce aux mares et nous apprendre à la connaître pour mieux l’accueillir et la protéger dans nos jardins.

Livre « J’aménage ma mare naturelle » de Gilles Leblais

J’aménage ma mare naturelle

Gilles Leblais

Édition Terre Vivante

Environ 12 €

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Mares et étangs

Ecologie, gestion, aménagement et valorisation.

Beat Oertli et Pierre-André Frossard

Édition PU POLYTECHNIQU

Environ 69.5 €

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La vie secrète de ma mare

J’observe la nature à fleur d’eau

Livre de Gilles Leblais

Éditions Terre Vivante

Environ 14 €

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Créer une mare

un point d’eau, une baignade naturelle

Livre de Frédéric Proniewski

Éditions Ulmer

Environ 15.9 €

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La vie des eaux douces

Les plantes, les animaux, les empreintes

Livre de Malcolm Greenhalgh et Denys Ovenden

Éditions Delachaux et Niestlé

Environ 30,4 €

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