Faut-il optimiser l’espace de son potager en permaculture ?
J’entends déjà certains me questionner sur l’intérêt d’optimiser l’espace au potager. En effet, nombreux parmi vous sont ceux qui possèdent de grands potagers, de surfaces parfois supérieures à 150 ou 200 m2 ! Dans ce contexte, quid de l’optimisation ?
Vous l’aurez compris, optimiser l’espace au potager permet naturellement une augmentation des rendements au m2. Mais au-delà de cet aspect productif, densifier les cultures potagères me semble avoir du sens, même quand la taille du jardin ne nous y contraint pas.
En premier lieu, je défends l’idée que la densification est une source… de motivation. On observe dans nos potagers une corrélation étroite entre l’intensité des soins que l’on apporte à nos surfaces cultivées et la productivité de celles-ci. Or il n’est possible d’être attentif à chaque mètre carré de son potager que si celui-ci reste dans des proportions modestes !
La productivité entretenant la motivation, plus petit sera votre potager, meilleure sera votre motivation !
Deuxièmement, je crois que la densification favorise l’autonomie. En réduisant la taille du potager et en le cultivant plus intensément, on libère des espaces qui peuvent accroître l’autonomie et la résilience du jardin : sur ces espaces, on peut alors implanter une prairie ou un parterre de consoude pour répondre à ses besoins en paillis, planter des végétaux ligneux à croissance rapide (sureau, noisetier…) pour les transformer en bois raméal fragmenté, installer des poules, une mare, un tas de branches pour accueillir la biodiversité, une haie sèche, des fruitiers productifs,… et pourquoi pas envisager de créer une « zone 5 » ou « zone sauvage » que vous laisseriez en évolution libre ?
Densifier les plantations contribue également à améliorer la fertilité de votre sol. Celle-ci découle indirectement de l’énergie lumineuse émise en continu par le soleil. Grâce au mécanisme de la photosynthèse, la plante est en effet capable de capter l’énergie solaire pour la transformer en biomasse (feuilles, tiges, racines…). À la mort du végétal, l’énergie lumineuse stockée dans les tissus végétaux sera restituée au sol lors de la décomposition des feuillages et des réseaux racinaires (dans la mesure où il n’y a pas d’exportations). Cette litière alimentera la faune du sol, indispensable à la fertilité du potager. Contrairement à ce que l’imaginaire collectif nous laisse entendre (le végétal épuiserait le sol), la plante le nourrit !
Et puis cultiver une petite surface facilite aussi le recours à des techniques manuelles et sobres. Vos engrais verts pourront être fauchés à la main en remplacement du taille-haie électrique, les limaces pourront être ramassées manuellement, ce qui devient délicat sur de grandes surfaces potagères, et vos besoins en paillage seront limités, vous évitant d’avoir recours à des intrants provenant de l’extérieur (paille, foin…). Nous sommes bien là au cœur des principes de la permaculture, en cherchant l’efficience énergétique !
Enfin, en cultivant une surface restreinte, vous conserverez le temps de l’observation et de la compréhension de votre écosystème. Bien que cela puisse paraître anecdotique, je crois au contraire que cette capacité d’observation et d’analyse du jardinier participe à une montée en compétence qui est absolument fondamentale pour réussir à agir avec mesure et conscience dans notre écosystème jardiné.
Optimiser l’espace dans son potager en permaculture semble donc pertinent à bien des égards ! Mais recentrons-nous désormais sur la mise en œuvre des successions culturales.

Les avantages à densifier l’espace au potager sont nombreux. ©Joseph Chauffrey

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Accélérer les successions des cultures dans son potager
N’importe quel jardinier, même peu chevronné, pratique déjà la succession des cultures. Quand après la récolte de vos radis vous semez un rang de pois, vous êtes dans le cadre d’une succession de cultures. L’enjeu est donc surtout de réfléchir aux moyens d’accélérer ces successions, pour envisager de récolter successivement 3 voir 4 légumes différents sur une même planche de culture.
Voici quelques techniques qui pourront vous y aider :
- Semez en contenants : nous aurons l’occasion dans un prochain article de reparler plus en détail de cet aspect fondamental. Notez simplement que réaliser vos semis dans des contenants (godets, plaque de culture, terrine…) permet d’une part d’allonger la saison de culture (les semis peuvent être démarrés au chaud, à une période où les semis en pleine terre sont impossibles), d’autre part d’accélérer la succession des cultures au potager. En anticipant vos semis dans des contenants alors que les cultures en place au potager terminent leur croissance, vous gagnerez plusieurs semaines de production sur la saison potagère !
- Pratiquez le chevauchement de cultures : contrairement à la contre-plantation, qui consiste à semer ou repiquer plusieurs cultures conjointement dans le temps, le chevauchement désigne l’installation d’une culture au sein d’une autre culture qui s’apprête à être récoltée (généralement sous 15 jours à 3 semaines). Les cultures en chevauchement ne se côtoient donc que très peu de temps, mais permettent une accélération évidente dans la succession des cultures. Par exemple, repiquez en octobre vos choux pommés de printemps sous les pieds de tomates qui terminent leur production, cela entre dans le champ du chevauchement.
- Récoltez dès maturité : nombreux sont les légumes qu’il est possible de conserver en terre, en envisageant une récolte échelonnée. C’est le cas des carottes, betteraves, panais… Pour optimiser la succession de vos cultures, récoltez dès maturité et privilégiez le stockage en cave ou en silo. Cela vous permet de remettre rapidement en culture les planches libérées.
- Planifiez vos semis : lorsque vous récoltez une planche de culture, vous aurez intérêt, le jour même, à y repiquer le légume qui prendra la suite. Pour avoir de jeunes plants prêts à être repiqués, il vous faudra avoir anticipé vos semis ! Créer votre propre calendrier du jardinier devient alors indispensable ! Le mien m’indique par exemple de semer mes choux pommés de printemps durant la première quinzaine de septembre, pour un repiquage sous les tomates un mois plus tard !

Récolter vos légumes dès maturité pour les placer en silo permet de libérer rapidement l’espace au potager ! ©Joseph Chauffrey

Semer en contenant est indispensable pour accélérer la succession des cultures au potager. ©Joseph Chauffrey
Un exemple de successions de cultures pour votre potager
Voici pour l’exemple, une succession de cultures que je réalise dans ma serre.
Naturellement, cette chronologie ne possède qu’une valeur indicative et ne constitue en rien une recette parfaite, les contextes climatiques et pédologiques de nos jardins étant bien différents !
Début janvier : semis au chaud des premiers légumes primeurs (navets, épinards…).

Janvier : récolte des verdures asiatiques. ©Joseph Chauffrey
Début février : repiquage sous serre de ces légumes, semis direct des carottes primeurs.
Mi-mars : semis au chaud des premières tomates précoces.
Mi-avril : repiquage des tomates précoces au milieu des légumes primeurs qui poursuivent leur croissance (chevauchement). Semis au chaud des tomates d’été.
Avril-Mai : récolte des premiers légumes primeurs semés/repiqués en février.
Fin mai : repiquage des tomates d’été. Il est fréquent que les carottes primeurs ne soient pas encore récoltées. Les tomates sont donc repiquées au milieu des carottes (chevauchement). Si possible, repiquage de laitues sous les tomates (contre-plantation).
Juin-Juillet : récolte des carottes et des salades. Développement important des tomates.

Juin : La récolte des carottes se fait sous les tomates. ©Joseph Chauffrey
Août : semis en plaque de culture des verdures asiatiques, épinards.
Début septembre : Semis en plaque de culture des choux pommés de printemps.
Septembre : repiquage sous les tomates encore en place des verdures asiatiques, épinards… qui passeront l’hiver au jardin.
Début octobre : repiquage sous les tomates des choux pommés de printemps.

Septembre-octobre : repiquage des choux pommés et des verdures asiatiques sous les tomates encore en place. ©Joseph Chauffrey
Fin octobre/début novembre : coupe au pied des pieds de tomates. Cette opération laisse la place libre pour les légumes repiqués en septembre-octobre.
Janvier-février : récolte des verdures asiatiques, épinards…
Février : suppression des verdures asiatiques ayant produit pour laisser la place… aux légumes primeurs !
Alors à vous de jouer !
Joseph Chauffrey

Joseph Chauffrey
Joseph Chauffrey est un jardinier expérimentateur urbain qui a à cœur de partager ses observations et expérimentations avec le plus grand nombre. Formateur en permaculture et jardinage durable, auteur de différents livres et chroniqueur, il consacre son quotidien à la transmission de valeurs, techniques et outils qui nous permettront collectivement de construire une société plus résiliente. Pour en savoir plus, retrouvez-le sur son site.
Pour aller plus loin sur l’optimisation de l’espace au potager
Le deuxième livre de Joseph Chauffrey, (voir références ci-dessous) consacre un chapitre entier à ces techniques de successions de cultures au potager en permaculture. Vous pouvez également lire notre revue sur son livre J’optimise l’espace de mon potager ici.

J'optimise l'espace au potager
Vers une meilleure productivité et plus de diversité
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