Le mildiou des tomates, cauchemar du potager
Phytophthora infestans est le petit nom scientifique du champignon responsable du mildiou, maladie cryptogamique ou maladie fongique très redoutée des jardiniers.ières qui cultivent des solanacées et notamment des pommes de terre et des tomates.
Beaucoup se souviendront sûrement avec amertume de la saison 2021 qui a été un véritable cauchemar pour les cultures de tomates en extérieur, ravagées par le mildiou qui s’en est donné à cœur joie, jouissant, durant tout l’été, d’une humidité régulière et de températures idéales pour son développement !
Espérons que le scénario 2021 ne se reproduira pas 🤞 !
Espérer, c’est bien, mais agir ça peut être bien aussi, afin de mettre toutes les chances de votre côté d’obtenir une belle récolte !
Alors, que faire pour prévenir l’arrivée du mildiou et comment gérer la maladie une fois qu’elle s’est déclarée sur vos plants de tomates ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet un petit aparté sur le design ne permaculture… trop souvent négligée, une bonne conception de votre jardin est toujours la réponse adaptée! Varier les techniques et endroits de production? Ne pas faire de monoculture de tomate (lieux et variétés), avoir des variétés précoces et d’autres tardives, favoriser les courants d’air ou les pièges à chaleur pour ne pas avoir de zones top humides sur vos cultures sensibles? Tout cela est abordé et traité dans une bonne conception et une bonne planification de vos cultures!
Magalie, membre de notre bureau d’études et grande fan de tomates, vous partage en vidéo ses méthodes culturales et traitements naturels pour prendre soin de ses tomates dans son potager en permaculture 😉.
Vous rêvez de belles récoltes de tomates colorées et juteuses en provenance directe de votre potager en permaculture… seulement, vous débutez et ne savez pas comment faire ni par quoi commencer ?
Et si vous vous laissiez guider par notre formation en ligne et son accompagnement sur 3 ans pour savoir quoi faire mois après mois ?
Quels traitements contre le mildiou des tomates dans un potager en permaculture ?
On ne peut pas venir dans mon jardin sans que je vous parle de tomates, parce que dans la famille, on est de grands fans de tomates.
Avec la météo vraiment très particulière qu’on a cette année (vidéo tournée en 2021), puisqu’aujourd’hui on a de la chance, il fait très beau, mais vous seriez venus hier, c’était temps gris et il faisait 14 degrés donc c’est un petit peu étrange…
Les tomates ont eu vraiment tendance à attraper la fameuse maladie « mildiou ».
Prévenir l’arrivée du mildiou sur les tomates à l’aide du bicarbonate de soude
Au fil du temps, j’ai testé différents soins : bouillie bordelaise au tout départ, mais ça, on a arrêté et puis ensuite, je suis allée plus vers de la pulvérisation donc on a un pulvérisateur qui se met en sac à dos.
C’est pratique parce qu’il y a quand même de la quantité à faire, dans lequel on met un mélange avec de l’eau, du bicarbonate de soude et du savon noir : dissoudre 1 cuillère à soupe de bicarbonate de soude et 1 cuillère à café de savon noir dans 1 L d’eau à pulvériser sur le feuillage.
On a constaté que ça fonctionne aussi bien en préventif qu’en curatif (voir en fin d’article nos retours d’expériences pour plus de détails là-dessus).
Quand vraiment il y en a beaucoup, on peut vite être débordé, si on ne fait pas suffisamment de pulvérisations suivies.
Parce que dans ces cas-là, il faut en faire au moins deux fois par semaine, et s’il pleut entre temps, il faut refaire parce que, de toute façon, la pluie a lessivé le produit.
C’est quand même assez contraignant.
Soigner les plants de tomates déjà bien attaqués par le mildiou
Cette année, je suis en train de faire un test sur des plants où la tige commence à être atteinte par le mildiou, et donc où je leur passe des badigeons à base de miel, qui est une substance antifongique.
Je rajoute des huiles essentielles qui ont aussi cette propriété antifongique.
Donc là, j’ai fait un mélange avec de la « Sarriette des montagnes », de « l’arbre à thé » et du « Romarin à Cinéole ».
Dans un litre de miel, je mets 1 millilitre d’huiles essentielles, les trois confondues.
Quand je tombe sur un plant qui commence à avoir des traces de maladie alors tout ce qui est feuillage, là, on voit qu’il y a une feuille qui est atteinte : je retire ! Donc on peut faire ça évidemment au sécateur.
Je ne l’ai pas sur moi, je vais le faire à la main…
Hop ! Ça, je retire et évidemment je ne mets pas au compost ni au pied de ma plante sinon ça ne sert à rien, la maladie va continuer de progresser : je jette.
Dès que j’ai un endroit où une partie de tige est atteinte, comme là, c’est un début de feuille, mais il y en a quand même un peu sur la tige, là, je fais le badigeon au miel.
Je le fais au doigt, on peut utiliser autre chose, un pinceau ou un bout de coton pour ceux qui veulent.
Moi j’aime bien au doigt et je passe tout simplement mon badigeon de miel aux huiles essentielles, sur les endroits malades en débordant un peu plus loin que la tâche.
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Premières observations suite au traitement des plants de tomates atteints par le mildiou
Alors, sur cette butte, c’est là que le mildiou est apparu en premier cette année.
Notamment sur ces plants-là qui sont des variétés qu’on appelle « à feuilles de patates ».
Donc on peut voir qu’elles ont un feuillage qui ressemble plus à un feuillage de pommes de terre qu’à un feuillage habituel de tomates et souvent, l’eau reste pas mal dans ces feuilles.
C’est là qu’a commencé la maladie. Notamment sur ce plant qui a été très vite atteint au niveau des tiges. Il a été le tout premier que j’ai commencé à soigner avec le badigeon de miel.
Et là, ça fait 15 jours que je lui applique ce badigeon de miel de façon assez régulière, deux fois par semaine.
On peut voir en fait que les parties qui étaient bien noires commencent à sécher.
Du coup, depuis 15 jours, la maladie n’a pas du tout progressé au niveau des tiges, c’est toujours en l’état et je n’ai plus d’attaques au niveau des feuilles.
Le développement de mon plant en hauteur est sain et du coup ça me donne bon espoir pour réussir à avoir une récolte malgré tout.
Donc c’est un petit peu risqué de le garder parce qu’effectivement le mildiou peut se transmettre de plant en plant via le vent, mais comme je porte une attention vraiment particulière à cette butte-là qui est la plus infestée de mon jardin et que je vois que la maladie ne progresse pas, je conserve encore mes plants et je croise les doigts.
Tailler pour éviter l’arrivée du mildiou sur les tomates…
Sur les tomates, il y a un débat qui est récurrent chaque année : faut-il tailler ou non ses pieds de tomates ? Moi je dirais oui et non.
En fait, je conseille à tout le monde d’essayer les deux méthodes et de voir en parallèle, des plants taillés, des plants pas taillés, c’est ce qu’on fait ici, pour voir les résultats.
Parce que c’est tellement tributaire de la météo et aussi de l’espace disponible qu’on va avoir pour ses plants et de la façon dont on veut conduire sa culture, qu’en fait, il n’y a pas de dogme.
Il n’y a pas : il faut tailler ou faut pas tailler. Je pense qu’il faut expérimenter le truc. Et voir ce qu’on préfère en fonction de son contexte personnel.
Donc sur cette butte-ci, on a choisi de bien mettre des tuteurs et de couper dès le départ les feuilles qui touchaient le sol pour éviter les maladies comme le mildiou. Bon, Ben, loupé !
Du coup, celles-ci ont été taillées pas mal au départ, les feuilles qui touchaient le sol et également les gourmands qui partaient au départ des feuilles comme ici.
En revanche, j’ai certains plants de tomates que je laisse vraiment divaguer comme ils le souhaitent donc là, je ne taille pas les gourmands. Je peux éventuellement enlever deux, trois feuilles qui vraiment traînent au sol, mais c’est tout.
Et à ce moment-là, souvent, ces plants-là deviennent de véritables buissons et là, par contre, ça nécessite d’avoir de l’espace disponible en termes de surface au sol parce que ça peut vite faire trois mètres carrés voire plus !
… et tailler aussi pour favoriser la mise à fruit
Moi, ce que j’aime bien pratiquer ici, souvent, je taille les variétés à gros fruits. Parce que du coup, ça facilite l’arrivée du fruit et ça pousse un peu la plante à se concentrer là-dessus.
Et je laisse divaguer les variétés de tomates cerises, cocktail, tout ce qui est petit fruit, parce que là, du coup, il y a moins de difficultés pour la plante à amener son fruit jusqu’à maturité et souvent, quand on ne taille pas du petit fruit, c’est l’explosion, il y en a partout.
Conseil pratique de bon sens : récoltez vos graines des plants qui produisent beaucoup ET, qui n’ont pas été attaqués par le mildiou pour les reproduire d’une année sur l’autre!
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Conseils sur la taille des tomates
Donc la taille, c’est relativement simple, on coupe les feuilles qui touchent le sol au ras de la tige principale et pour le gourmand, c’est tout simple : soit on pince avec les doigts, soit on coupe au sécateur s’ils sont un petit peu plus développés.
Par exemple, celui-ci, c’est trop tard, je n’ai pas taillé à temps et vu que la plante a perdu beaucoup de son feuillage, vu que je lui en ai enlevé beaucoup à cause du mildiou, je lui laisse le gourmand parce que quand même, elle a besoin un petit peu d’avoir du feuillage pour se remettre de tous ses petits traumatismes.
Si on taille au sécateur, on fait attention de nettoyer ses lames de sécateur avec un produit désinfectant pour éviter de transporter des maladies d’un endroit à un autre.
J’utilise ici de l’alcool à 70°.
La serre, un élément essentiel pour garantir une récolte de tomates, même les pires années à mildiou !
Les principes basiques — www.permaculturedesign.fr
Obtenir une récolte.
Alors, on a quand même mis des tomates en serre pour être sûr d’en déguster un minimum et comme là, c’est protégé et je ne crains pas trop le mildiou, on peut le voir… je n’ai pas vraiment taillé.
Donc, on a des plants de tomates qui partent un peu dans tous les sens.
J’ai quand même dû pas mal les guider pour juste pouvoir accéder au fond.
Et là, depuis à peu près une semaine, on commence à avoir des fruits qui mûrissent.
Il y en a une petite tomate rouge qui est la première à commencer à nous donner des récoltes donc voilà on est content.
Et on a aussi une variété noire russe là-bas, qui commence à donner également. Il faut se faufiler, c’est un peu la jungle.
Et là, on est sur une noire russe qui va avoir la chair un peu plus rouge foncé.
Digression sur le murissement des tomates, un autre obstacle à la récolte
Autant l’année dernière, on avait des problèmes de mûrissement, parce qu’en fait il y a eu des canicules pile au moment où les tomates arrivent à maturité. Quand il fait trop chaud, les plants stoppent complètement le mûrissement des fruits et se mettent à l’arrêt. Au-dessus de 30 degrés, 35 degrés.
Et puis quand il fait trop froid et qu’il n’y a pas assez de luminosité, parce qu’il fait très gris, ben c’est pareil, ça ne mûrit pas donc là, on est fin juillet et on déguste des tomates et encore, en petit nombre, depuis à peine une semaine.
On attend, rêvant, que celles-ci mûrissent donc ça, c’est de la « Brandywine pink » par exemple.
Elle doit devenir rose et comme on peut le voir, elle n’a même pas encore commencé à changer de couleur.
On attend et on espère que ça va vite arriver parce que, depuis qu’on fait nos tomates, on n’achète plus de tomates du commerce et du coup, là il nous tarde vraiment d’en manger !
Retour sur les traitements anti-mildiou testés par Magalie
La saison 2021 étant terminée, nous sommes à même de vous faire un retour sur les traitements testés par Magalie.
Le traitement anti-mildiou à base de bicarbonate de soude
Clairement le bicarbonate de soude sur une année aussi catastrophique que 2021 n’a pas fait le poids face à l’ampleur de la maladie qui s’est propagée à vitesse grand V sur la quasi-totalité des plants de tomates plantés en extérieur.
Cependant, cela reste une solution intéressante et très efficace en prévention quand on a ensuite une saison estivale plutôt sèche et chaude. Cela peut vraiment éviter l’apparition de la maladie.
Cette pulvérisation est efficace en curatif uniquement en tout début d’attaque, pour limiter la propagation de la maladie. Elle doit s’accompagner d’un retrait minutieux de toutes feuilles atteintes.
Le traitement anti-mildiou à base de miel et huiles essentielles
Nous allons le tester à nouveau en 2022, car les résultats 2021 n’ont pas été concluants !
Pendant plus de 3 semaines, Magalie a choyé tous ses plants malades, leur appliquant environ 2 fois par semaine son badigeon au miel et huiles essentielles.
Elle avait bon espoir que cela fonctionne, car elle a pu observer un arrêt de la progression de la maladie et un assèchement accompagné d’un changement de couleur de toutes les portions de tiges atteintes et traitées au badigeon de miel.
Son espoir résidait notamment dans un changement de météo : si, en parallèle de ce traitement, le temps était devenu plus chaud et plus sec, les résultats de ce test auraient sans doute été positifs.
Malheureusement, il en a été autrement, tout du moins pour Magalie en Limousin, où les pluies répétées et les températures, entre 15 et 25 °C presque tout l’été, ont déroulé le tapis rouge au mildiou.
À la mi-août 2021, soit un peu plus de 2 semaines après le tournage de cette vidéo, il a fallu se rendre à l’évidence, sur cette saison-là, le mildiou l’avait emporté !
La quasi-totalité des plants installés en extérieur dans son potager en permaculture ont été arrachés et détruits 😥.
Elle a eu cependant deux variétés à petits fruits (’Sprite’ et ‘Ghost Cherry’) qui ont résisté plus longtemps que les autres à la maladie et ont même réussi à amener quelques rares fruits à maturité dont les graines ont été précieusement récoltées en vue de la saison prochaine 😉 !
En effet, les graines des fruits étant arrivées à maturité malgré la maladie pourront donner des plants développant une meilleure résistance au mildiou !
Cette mésaventure 2021 n’a cependant pas découragé Magalie qui s’est relancée en 2022 dans une nouvelle culture de tomates anciennes dans son potager en permaculture… parce que quand on est fan de tomates, c’est pour la vie 🥰 !
À suivre…
Pour réussir son potager un bon conseil est de créer des écosystèmes complets, de varier ses cultures, de bien sélectionner ses variétés et de ne pas rater d’étapes.. tout ce que nous vous proposons dans notre formation dédiée!
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Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.
Bonjour article concernant le mildiou .
Depuis 10 ans je n applique aucun produit et je n ai eu aucune attaque de mildiou sauf a partir de oct nov ce qui est normal. Pourtant en Nord Isere meteo pas optimale.
Des l instant que l on applique des anti fongiques, meme sous forme # naturelle # adieu tous les champignons. Hors vous connaissez pourtant bien les symbioses michorysiennes ou les champignons protègent leur hote. De plus tous ces produits comme le bicarbonate de soude modifient localement les potentiels redox des plantes qui perdent de leur immunité et cherche à revenir à un équilibre. Le pire de tout étant bien sûr la bouillie bordelaise mais que vous n utilisez plus je l’ai bien entendu.
Comment nous les humains pourrions mieux faire confiance voir participer aux dynamiques du vivant. Globalement dans une illusion de la maîtrise nous sur estimons nos gestes et sous-evaluons ces dynamiques du vivant . notion pourtant bien partagée par la permaculture
Il n’en reste pas moins vrai qu’il y a des mesures à prendre comme l’aération, des tailles raisonnées et cetera et cetera, bien cordialement et merci pour vos articles et partages