Trop souvent négligé et mal mené par des labours et retournements intempestifs ou des produits chimiques en tous genres, le sol est pourtant essentiel à la Vie sous toutes ses formes, des micro-organismes aux grands mammifères que nous sommes en passant par toute la faune et la flore qu’il accueille et nourrit lorsqu’il est vivant !
C’est pourquoi un jardinier ou un agriculteur conscient vénère son sol.
Si sa fertilité, son équilibre et sa stabilité sont maintenus, il est l’élément nourricier, le terreau d’une plante en bonne santé, productive, aux qualités nutritionnelles inégalables.
Plus qu’un simple substrat, un sol vivant est un véritable écosystème complexe à la base de notre existence ; prenons soin de cet écosystème sol et nous aurons moins besoin de soigner nos plantes. Voyons tout cela d’un peu plus près…
Les quatre grandes composantes du sol :
Un sol dit en « bonne santé ou idéal » est composé de :
- 25 % d’air
- 25 % d’eau
- 5 % de matières organiques
- 45 % de minéral
Selon le lieu, le climat, la diversité de la vie présente et les conditions de formation et d’exploitation, les proportions de ces composantes seront évidemment variables et cela aura une incidence sur la fertilité du sol.
Formation du sol dans la nature :
Le sol est formé par dégradation de la roche mère, par la décomposition des matières organiques, par le travail des végétaux, de la faune et des micro-organismes, des champignons qui y vivent ainsi que par différentes actions physico-chimiques complexes telles que le lessivage par les eaux de pluie, l’érosion, etc.
Si vous voulez plus de renseignements là-dessus, d’excellents ouvrages existent, et notamment « Le génie du sol vivant » de Bernard Bertrand et Victor Renaud, ou encore l’excellent livre de Lydia et Claude Bourguignon intitulé « Le sol, la terre, les champs » à découvrir plus en détails dans notre article dédié.
Ce qui nous intéresse tout particulièrement, en permaculture, c’est la fertilité, la conservation et la régénération d’un sol vivant. Rappelez-vous la méthode BOLRADIME, en permaculture tout part de l’observation.
Alors, observons un sol forestier, donc non travaillé par l’homme. Ce qui frappe en premier lieu : le sol est très souple, nous marchons comme sur un énorme matelas.
Dans un second temps, on s’aperçoit que le sol n’est jamais à nu… la nature a horreur du vide c’est bien connu !
Quand on commence à écarter ce tapis de feuilles, on voit que toutes ces matières sont plus fragmentées puis comme digérées par la faune du sol pour en faire un genre de couscous dans lequel les végétaux se trouvent fort bien !!
En effet, si on regarde bien, les forêts n’ont jamais eu besoin de l’homme, ni d’apport d’engrais d’aucunes sortes pour se porter à merveille !!!
Tout ceci n’est en fait qu’un processus, car la nature a tout prévu : elle tend vers l’autofertilité et l’équilibre constamment.
L’arbre, par exemple, est autotrophe, c’est-à-dire qu’il est capable de se nourrir et générer sa propre matière organique à partir des ressources qu’il puise dans le sol et dans l’atmosphère, puis il produit des fruits, des branches, des feuilles, etc.
Et quand tous ces éléments meurent, ils se déposent à la surface du sol. Sous terre, le processus est le même avec la production et la perte de radicelles (petites racines) régulières.
C’est à ce moment qu’interviennent nos compagnons du sol : vers, champignons, insectes, bactéries et autres micro-organismes… Ils se nourrissent de ces matières organiques.
Certains ont comme boulot de fragmenter la matière, d’autres l’enfouissent dans le sol, d’autres la transforment en éléments assimilables par les plantes.
Une partie des matières organiques est transformée directement et rendue accessible aux plantes sous forme des fameux N, P, K (azote, phosphore, potassium, les trois principaux éléments vitaux pour les végétaux, même s’ils ne sont bien sur pas les seuls !!!), et l’autre est transformée en humus et sera disponible, petit à petit, pour les plantes.
Un genre de stock en gros… La composition de cet humus est en majorité de la lignine (issue du bois), des matières azotées, de la cellulose, des sucres et des oligo-éléments.
Nous sommes donc en présence de cycles où la nature pourvoit entièrement à tous les besoins de l’écosystème qu’elle a créé, les végétaux prolifèrent et s’épanouissent sans aucun besoin de travail du sol ou d’apports extérieurs.
Comment reproduire ce fonctionnement naturel de création de sol dans la production nourricière humaine ?
Pas si compliqué : Ne jamais laisser le sol à nu, un couvre-sol ou mulch ou paillis, va nous apporter beaucoup :
- La faune du sol va dégrader ce couvre-sol et le rendre disponible aux plantes sous forme de nourriture, il va donc fertiliser notre terre.
- Cette faune va creuser des galeries, aérer le sol, le rendre perméable à l’air et poreux à l’eau, ce qui va permettre un meilleur développement des racines, une circulation et un stockage optimal de l’eau.
Voilà pourquoi on recommande très fortement en permaculture de ne pas retourner ou labourer le sol sous peine de briser ce cercle vertueux et de bouleverser l’ensemble de cet équilibre vivant. Une autre raison est l’importance du réseau mycélien dans le sol, qui contribue pour beaucoup plus que l’on ne croit à la santé de nos végétaux, en créant des associations vertueuses avec ceux-ci, en leur mettant à disposition eau et nutriments en échange d’éléments nécessaires à leur survie. - Ce mulch va protéger le sol de l’érosion, du lessivage, du soleil…
- Limiter l’évaporation de l’eau et retenir l’humidité ce qui va réduire énormément les besoins en arrosage.
- En couvrant le sol, on coupe aussi l’accès à la lumière, cela va donc réduire la pousse des plantes « indésirables ». Que du bon !
En observant la nature et ses processus, un des premiers principes de permaculture, vous savez maintenant comment organiser une des bases de la fertilité et la pérennité de votre sol.
N’hésitez pas à puiser des techniques, infos et astuces sur ce blog en gardant toujours à l’esprit de les adapter à votre contexte unique et votre sensibilité.
Pour ceux qui souhaiteraient aller plus loin dans leur découverte du sol, nous vous conseillons l’excellent livre de Bernard Bertrand et Victor Renaud : « Le génie du sol vivant ».
Jardiner sur sol vivant
Quand les vers de terre remplacent la bêche !
Gilles Domenech
Éditions Larousse – 2021.
14.9 €
Ce livre n’est plus édité, mais reste disponible en occasion.
Le sol, la terre et les champs
Pour retrouver une agriculture saine
Lydia et Claude Bourguignon
Éditions Le Sang de la terre – 2015.
29 €
Ce livre n’est plus édité, mais reste disponible en occasion.
Fiche tester la structure de son sol
Cette fiche gratuite vous indiquera comment analyser de façon simple et empirique les principales composantes minérales de votre sol.
Connaître votre sol sera une des clés pour mettre en place des stratégies et techniques permacoles véritablement adaptées à votre contexte.
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Permaculture Design
Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.
Bonjour,
en milieu urbain, quel mulch utilisez-vous? trouvez-vous de quoi faire dans les alentours en utilisant le « disponible » sans forcément acheter?
Personnellement, j’utilise la paille de mes poules et la litière compostable de mon chat, la tonte du peu de gazon qu’il me reste (le potager a colonisé tout le jardin) plus évidemment tout déchet organique issu de la cuisine et des autres plantes. Mais malgré tout ça je n’arrive pas à avoir quelque chose de dense, épais et qui dure…
Je suis curieux de connaitre les astuces que vous auriez trouvé.
Cordialement,
Daniel
bonjour,
pouvez vous m’indiquer ,après travaux d’isolation en ouate de cellulose mes murs, si je laisse sur le sol de mon potager verger la ouate de cellulose (avec traitement en sel de bore en dessous de 5%) non utilisée si celle ci sera nocive à mon sol ou si elle peut être utilisée comme mulch ? en vous remerciant de votre avis… bien à vous,
Aucune idée car jamais essayé Sylvie…tout dépend si ces sels sont nocifs ou non…a tester sur quelques plantes….
Il existe d’excellentes videos sur youtube sur la vie des sols, celles des Bourguignon. Trés claires trés intéressantes et pas forcément trop longues…
Je recommande vivement.
bonjour
vous parlez de faune, je suis d’accord bien sur. Mais qu’en ait il d’un terrain « farci » de campagnols. J’ai essayé le suint de mouton, cela les éloigne un temps mais ils reviennent. Je me suis procuré 3 round de foin mais j’hésite, car ils vont proliférer cet hiver, n’est ce pas?
Merci pour votre réponse .
Martine
Bonjour Martine,
je suis maraicher en permaculture, sur sol vivant (jamais travaillé, toujours couvert etc). Et j’ai moi aussi des campagnols. Pour moi la production de légumes est nécessaire à mes revenus. Et pourtant, quand un campagnol remue tellement bien le « sous » sol que mes carottes, ne s’en remettent pas… et bien, je m’en réjouis (bon pas sur le moment, j’avoue), car il fait tellement du bon travail que c’est l’avenir qu’il prépare. Malgré tout, je m’organise pour qu’il ne prolifère pas car ça provoquerait une année trop « maigre » pour ma production de légumes.
Et après avoir essayé plein de choses, la meilleure technique de régulation est un (ou plutôt plusieurs) chat.
Il ne supprime pas le problème « mulot » mais permet de réguler sa présence.
Je suis désormais en Paix avec les prédateurs de mes cultures, et je leur prévois donc toujours une « part » au jardin.
Jérôme
Bonjour Jerome , je m’interroge à donner l’idée d’introduire des chats sur nos jardins familiaux. Mais les nourrissez vous quand même? Est ce Quils sont sauvages ? Est ce qu’ils sont heureux à vivre à l’extérieur sur votre exploitation , tout seuls ? Et comment cela se passe pour les excréments des chats? Merci
Bonjour Delphine. Je n’ai pas introduit de chats chez moi. Mais il y a toujours des chats « libres » qui trainent par là. Je ne les nourris pas, et ils ne sont donc très autonomes et ne sont jamais nombreux (1 ou 2, c’est tout). Je ne sais pas s’ils sont heureux 🙂 mais ils sont plutôt sauvages et difficiles à approcher, et je n’ai pas de soucis d’excréments. Ils doivent les faire dans les haies ou la prairie.
Merci Jerome pour ton retour d’expérience !
Merci pour cette idée de chat. Il y a en effet quelques chats qui passent par ci par là.
Pour les orienter vers la parcelle qui m’intéresse (butte lasagne, et planche en double bêchage, mulch de foin qui est un lieu 5 étoiles pour les mulots, camapagnol rat taupier???) j’ai déposé quelques arêtes de poisson, je suis prête à apporter du poisson frais.J’espère que les chats accepteront de venir « travailler » dans cet espace, Je veux en effet aussi mettre des haies fruitières, mais cette année je vais attendre, les rongeurs ont rongés trop de plants pour que j’investisse tout de suite dans les arbres.
Bonne méthode.
En biodynamie on utilise de surcroit
1 ) la bouse de corne qui
– améliore la structure du sol
– favorise l’activité microbienne et la formation
d’humus
– régule le Ph du sol
– stimule la germination des graines et la
croissance générale du système racinaire
– accroit le développement des légumineuse et
la formation de leurs nodosités
2 ) le basalte qui
– régénère le sol, participe à la formation du complexe argilo-humique
– stimule l’activité microbienne du sol
bonjour, merci pour votre réponse, cependant je parlais d’animaux rongeurs, campagnole, rat taupier, qui font des galeries et mangent les racines. Il y en a beaucoup dans mon terrain. J’ai perdu les pieds d’artichauts, les poireaux des carottes, des amaryllis etc…y a t il une méthode pour éloigner ces animaux. Le hibou perché sur le pin ne suffit pas.
merci
Martine
Martine, pour ma part j’utilise le piège guillotine. Cette année ma récolte de rat taupier est faible : 2 spécimens jeunes et 5 taupes. Les taupes mettent le bronx dans le jardin mais ne mangent que des vers de terre. Le rat taupier lui, s’installe dans les galeries des taupes si possible et mange tout ce qui est sous la surface du sol : toutes les tubercules, les carottes et aussi oignons, poireaux, betteraves, etc, disparaissent du jour au lendemain. Si je suis prêt à partager, il y a des limites. Cette année a été très sèche, d’où la difficulté de repérer les galeries avec précision et d’y installer des pièges car la terre est friable et sèche. Le couvert favorise bien entendu leur prolifération. En conclusion c’est un combat quotidien, repérer les végétaux mangés, localiser les galeries, installer les pièges et les relever, changer un piège de place s’il n’y a pas de capture sous 48h, telle est ma modeste recette. Bon courage !