On n’approche pas un rouge-gorge, c’est lui qui vous suit !
Le rouge-gorge familier n’est pas un oiseau facile à approcher, il est même plutôt farouche. Mais pourquoi donc avoir affublé son nom du terme « familier » ?
S’il n’est en effet pas facile de s’approcher de lui, lui, en revanche, peut ne pas hésiter à s’approcher de vous, parfois à quelques mètres, sans être plus inquiet que cela.
Familier, oui, mais quand il veut, lui !
Ce comportement n’est pas sans intérêt et s’explique aisément.
Il a lieu le plus souvent à la mauvaise saison et, en particulier, lorsque vous êtes au potager en train de gratter la terre, ramasser des feuilles mortes, ou, je l’ai vécu, lorsque plusieurs personnes discutent au jardin en « faisant du sur place ».
L’hiver, le rouge-gorge a pour habitude de se déplacer en compagnie de faisans et de sangliers.

Le rouge-gorge aime bien la compagnie du faisan de colchide et des sangliers.
Ce n’est pas que ces bestioles aient plus de conversation que d’autres, mais plutôt que les faisans ont la manie de brasser la litière du sol, quant aux sangliers, ils retournent carrément la terre, afin de dégoter de quoi se mettre sous le bec ou sous le groin.
Le rouge-gorge, dont la taille ne permet pas de faire voler en éclats une litière givrée ou une couche de neige comme ses acolytes, profite du travail de ces terrassiers pour chaparder de quoi se nourrir sur la terre mise à nu.
Ainsi, lorsque, seul, vous ramassez les feuilles mortes au jardin, vous imitez à merveille une poule faisane… Et pour le rouge-gorge, que peuvent donc faire 3 ou 4 individus au jardin piétinant sur place, si ce n’est pour brasser la terre et y trouver de quoi se nourrir ?
Le rouge-gorge, oiseau familier… pas avec tout le monde !
Le rouge-gorge familier est un oiseau très territorial à la belle saison. Les intimidations et démonstrations de plastron vont bon train et, si cela ne suffit pas, les oiseaux n’hésiteront pas à se battre.
La femelle rouge-gorge, contrairement aux femelles des autres espèces d’oiseaux du jardin plutôt réservées, participe activement à la défense du territoire et chante à qui veut bien l’entendre qu’« ici les autres plastrons rouges ne sont pas les bienvenus ».

Rouge-gorge en train de chanter.
Plus surprenant encore, le rouge-gorge va également défendre son territoire l’hiver alors même que beaucoup d’espèces oublient les querelles de voisinage à cette époque, voire, adoptent un comportement grégaire pour faire face aux rigueurs hivernales.
Cela explique que votre mangeoire ne voit guère plus qu’un rouge-gorge à la fois.
Si mésanges, moineaux, et autres verdiers arrivent par paquets de 10, le rouge-gorge est souvent seul.
Dans une majorité de cas, le plastron rouge va éviter la cohue des heures de pointe à la mangeoire pour préférer les moments plus calmes, de préférence tôt le matin et tard le soir. Il est équipé pour, l’animal !
En effet, oiseau des sous-bois, sa vision dans la pénombre est parfaite.
Ainsi, lorsque les autres oiseaux hésitent à se déplacer à ces heures, de peur de ne pas voir arriver les prédateurs, notre rouge-gorge se goinfre tranquillement à la mangeoire…

Le rouge-gorge est un oiseau des sous-bois.
Le rouge-gorge, oiseau migrateur partiel
Ce dernier mot a ici un double sens : « partiel », car tous les individus ne migrent pas, « partiel » parce que les distances parcourues sont moindres.
Ainsi, l’ensemble des rouges-gorges vivant au nord de l’Europe va migrer plus au sud sans forcément franchir la Méditerranée.
L’ensemble des individus présent dans le sud de la France est sédentaire.
Entre ces deux extrêmes, les deux phénomènes existent avec des proportions plus ou moins variables. Si ces deux stratégies coexistent, c’est qu’elles ont chacune leur avantage, sans cela, mère nature aurait fait le ménage.
Une stratégie migratoire variable selon les hivers
Et c’est la rudesse de l’hiver qui va jouer « les arbitres » et favoriser l’une ou l’autre de ces deux stratégies selon les années.
Si l’hiver est rude, les oiseaux ayant fait le choix de rester vont périr en grand nombre. Les migrateurs, de retour, auront l’embarras du choix du territoire, et conquérir une femelle lorsque le domaine est vaste n’est qu’une simple formalité.
Sédentaire : 0, migrateur : 1.
Si l’hiver est clément, les oiseaux ayant fait le choix de rester vont récupérer un territoire avant le retour des migrateurs. Ces derniers, de retour, devront se satisfaire de petits lopins de terre sans intérêts. Conquérir une femelle dans ces conditions est une autre paire de manches. Ainsi, certains des migrateurs passeront une année blanche… triste sort.
Sédentaire 1, migrateur : 0.

Rouge-gorge ayant choisi de passer l’hiver sur place.
Le rouge-gorge à la mangeoire : un oiseau qui peut venir de loin ou du bois d’à côté !
Ainsi, l’hiver, le rouge-gorge qui vient à votre mangeoire peut être Russe, Scandinave, venir de la forêt derrière chez vous, ou de la montagne la plus proche si vous êtes en vallée.
Dans tous les cas, il fuit les conditions plus ou moins rigoureuses de son habitat d’origine, et protègera ce nouveau territoire bec et ongles.
De préférence insectivore, il s’approchera des habitations à cette période froide de l’année où la recherche de nourriture, voire d’abris, est plus aisée qu’en pleine nature.
La saison des amours du rouge-gorge familier
Entre le mois de mars et d’avril, la femelle choisit, seule, l’emplacement du nid qu’elle construit sans l’aide du mâle,en 4 jours maximum, c’est un record.

Rouge-gorge femelle ramenant des matériaux pour la confection du nid.
Sous une touffe d’herbe pliée par la neige, dans un tas de foin, au creux du chevelu racinaire d’un arbre couché par le vent, dans la poche d’une veste du cabanon au fond du jardin…
L’emplacement du nid est souvent insolite, toujours proche du sol, voire, à terre.
Elle pond et couve seule également.
Le mâle, lui, s’occupe de la défense du territoire et du ravitaillement de madame qui adopte un comportement juvénile pour réclamer de la nourriture.
Légèrement abaissée vers l’avant, les ailes écartées et tremblantes, madame réclame comme un jeune fraichement sorti du nid.
Cet échange de nourriture se fait à l’écart du nid pour ne pas attirer l’attention des prédateurs.
Le mâle reste vigilant, car d’autres plastrons rouges se baladent dans le coin, le bec plein, prêts à nourrir une femelle dans le besoin… ainsi, il arrive que, dans la fratrie, tous les jeunes n’aient pas le même père.

Rouge-gorge mâle qui revient au nid avec les provisions.
Les oisillons, au nombre de 4 ou 5, seront nourris au nid pendant 15 jours par les 2 parents.
Puis, au moment de leur sortie du nid, la femelle remet cela.
Elle construit un nouveau nid pour la deuxième couvée et abandonne donc le nourrissage de sa progéniture.
Une semaine intense attend le mâle qui se voit contraint de nourrir la femelle en plus des 5 voraces !
Puis le rythme de nourrissage va décrescendo pendant encore 15 jours jusqu’à ce que les jeunes soient parfaitement autonomes.
Costume camouflage pour le jeune rouge-gorge
Les jeunes rouges-gorges à la sortie du nid sont équipés par dame nature d’un costume camouflage qui a fait ses preuves. Robe marron unie, parsemée de taches plus claires, imitant à merveille la lumière du jour filtrant à travers le feuillage.

Costume de camouflage des jeunes rouges-gorges.
Quelle que soit l’espèce, les jeunes oiseaux ont tendance à avoir un plumage plus proche de celui de la mère, plutôt discret, que de celui du père plutôt criard.
C’est qu’il s’agit d’une période fragile pour les jeunes sortis du nid, mais au vol très incertain. Le mieux étant donc de se faire discret, en se fondant dans le paysage.
Se refaire une santé avant l’hiver
Le mois d’août arrivant, il est grand temps pour le rouge-gorge de penser un peu à lui. L’élevage de ces 2 couvées a mis son plumage dans un état déplorable.
L’hiver arrivant, la doudoune du rouge-gorge a intérêt d’être efficace, il est donc grand temps de changer sa garde-robe, c’est l’heure de la mue.
Lorsque ce sera chose faite, il faudra reprendre des forces pour supporter une migration éreintante plus au sud, ou affronter l’hiver sur place. Et le cycle recommence.

Sébastien Lazzaroni
Sébastien Lazzaroni
Naturaliste de terrain depuis l'enfance, Sébastien Lazzaroni est un amoureux de la faune et de la flore sauvage. Il explore, observe, recense et préserve la nature sauvage grâce à la confection et la pose de nichoirs et d’aménagements divers. Ancien professeur de biologie, il partage, avec pédagogie, son expérience au travers de conférences déambulées pour comprendre, d’ateliers bricolage pour agir, d’articles hebdomadaires dédiés sur son blog colocaterre, et sa page facebook colocaterre. Il conseille également les particuliers et les professionnels dans la mise en place de stratégies pour accueillir la biodiversité et en faire une alliée du jardin, du potager, des cultures, des vergers et de la douceur de vivre.

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Vraiment très intéressant votre présentation du rouge gorge, un petit oiseau solitaire mais aussi très curieux. Si j’ai bien compris, il niche près du sol ce qui le met à portée de prédateurs ?
Que peut-on faire pour lui faciliter la vie et l’accueillir dans son jardin ou dans un petit bois ?
Merci encore.
Bonjour
Pour bien accueillir le rouge gorge dans le jardin, il faut lui prévoir une multitude de cachette au sol, et jusqu’à 1m, 1m50 du sol.
Un tas de branche Pacifique, de pierre par là, des buissons à foison, du lierre, des ronces, un trou dans l abri de jardin…