Salut les permaculteurs ! Nous sommes en partance pour un petit voyage surprise.
On vous emmène dans un endroit assez extraordinaire, vous allez voir tout à l’heure, pour vous ça va être très rapide, l’espace d’un instant dans cette vidéo, pour nous ça va être beaucoup plus long, mais on se retrouve très vite dans ce lieu fantastique.
La mégalopole de Hong Kong et ses problématiques urbaines
Eh bien voilà, je me trouve à Hong Kong donc le port à parfum.
En déplacement professionnel ici, je n’ai pas pu m’empêcher de vous faire une vidéo sur les mégalopoles et sur les problématiques qu’elles rencontrent.
Comment la permaculture pourrait-elle régler ces problématiques ?
Hong Kong, ce sont 250 îles, plus de 8 millions d’habitants sur un territoire très serré.
C’est le troisième centre financier du monde, le cinquième port du monde, la huitième entité commerciale du monde, et cette croissance folle crée de multiples problématiques.
Des problématiques sociales, tout d’abord, parce que, comme la topographie du terrain est très particulière, le logement sur place est très cher : l’espace est très cher et très rare.
On a donc construit énormément de logements sociaux pour ne pas trop déranger les quartiers riches. Et ces logements sociaux sont très très peu qualitatifs.
Du coup, on a des problématiques d’urbanisation : on va gagner sur la mer des territoires alors que bizarrement deux tiers de l’île ne sont pas urbanisés, on va se centraliser autour du port, ce qui est assez curieux, et on va verticaliser.
Il y a énormément de buildings à Hong Kong. C’est une des villes où il y a le plus de buildings au monde.
C’est aussi une des villes où il y a le plus de densité de population : dans certains quartiers, il y a jusqu’à plus de 30 000 habitants/km2, c’est énorme !
C’est l’une des plus grandes densités au monde.
On a des problématiques de pollution aussi avec une centrale à charbon qui alimente la ville extrêmement polluante, et puis, bien entendu, des véhicules qui sont surabondants dans la ville : des bus, des bateaux, des voitures qui font circuler tout ce monde-là.
Donc pollution très importante néanmoins on reste sur une des villes les moins polluées de Chine donc imaginez ce que ça peut être ailleurs, c’est dingue !
La problématique principale des Hongkongais c’est la gestion des déchets, puisqu’on produit ici, dans la ville, 10 000 tonnes de déchets chaque jour. Ce qui est hallucinant c’est que le tiers de ses déchets, soient 3200 tonnes/jour, sont des déchets organiques : majoritairement de la nourriture, des éléments compostables en somme.
Et c’est vraiment la problématique du moment sachant qu’en 2019 toutes les déchèteries hongkongaises vont être complètement saturées, et qu’est ce qu’on a choisi comme solution ?
Comme d’habitude : on a choisi de « se couper le deuxième bras » puisqu’on va créer un incinérateur sur l’île de Nan Tao, toute proche, qui va générer déjà une dépense colossale, énergétique, puisqu’on va être sur 8 milliards de dollars hongkongais et puis une génération de gaz toxique qui va être énorme de plus de 1000 tonnes/an, c’est gigantesque, et c’est vraiment proposer un deuxième problème plutôt qu’une solution.
Les solutions en permaculture, on les a.
La permaculture peut être un outil pour jardiner la ville, réinstaller des jardins en ville, vous savez que tous les problèmes peuvent trouver leurs solutions dans un jardin.
Eh bien, cette ville peut se transformer en un jardin environnemental, écologique, en un jardin social et économique.
On va aller voir comment on peut trouver des solutions à ces problèmes dans une ferme en permaculture très connue, très ancienne qui se trouve, ici, à Hong Kong, qui s’appelle « Kadoorie Farm ».
Je vous emmène, on va regarder comment on peut trouver des solutions à tous ces problèmes de mégalopoles.
La Kadoorie Farm : une ferme urbaine et un jardin botanique qui expérimente la permaculture et l’agroforesterie
Voilà nous y sommes.
Bienvenue à la « Kadoorie Farm et jardin botanique ».
Vous allez voir cette ferme est un endroit assez exceptionnel qui a été construit dans les années 1950 à l’initiative de deux frères : les frères Kadoorie.
Cette ferme fait 150 hectares, c’est une très grande ferme. Il y a deux collines et une vallée avec un ruisseau qui serpente à l’intérieur de celle-ci.
C’est vraiment un exemple très intéressant de ferme urbaine, de ferme démonstrative puisque son but premier c’était, à l’origine, de montrer aux agriculteurs vivant dans la proximité de Hong Kong (dans les années 50, Hong Kong rassemblait déjà près de 1 million et demi d’habitants) comment on pouvait construire une agriculture durable, comment on pouvait se nourrir sainement et comment on pouvait rendre Hong Kong autosuffisante en nourriture.
Aujourd’hui, ce lieu est toujours d’une importance capitale, puisqu’il permet aux Hongkongais de comprendre que leur mode de vie a besoin d’être transformé, changé, d’aller vers plus de durabilité.
Comme vous allez voir, il y a énormément de pédagogie dans cette ferme pour amener du changement dans la vie des citadins, et c’est toujours d’une très grande actualité évidemment, et même encore plus que dans les années 1950.
Je vous emmène visiter cet endroit, on va faire un grand tour ensemble.
Alors voici la vue depuis la route de la ferme, qui s’étend sur 150 hectares : deux collines et une vallée en son centre où circule une rivière qui a été, justement, un des points importants dans le choix du site puisque cette rivière pouvait amener de l’eau toute l’année sur la ferme.
Cette eau a été canalisée, l’ensemble de la ferme a été terrassé, comme vous le voyez, il y a eu un énorme travail d’ingénierie qui a été fait sur cette ferme.
C’est un peu le paradis des designers de permaculture, comme vous pouvez le voir.
On a contré le problème de la pente et de l’érosion qui pouvait se produire par l’équipement, le terrassement de multiples terrasses et puis l’eau circule d’une manière très judicieuse sur l’ensemble du site.
Chaque parcelle, chaque filet d’eau sont exploités pour faire pousser des végétaux, ici, des laitues d’eau qui sont des plantes tropicales très intéressantes pour assainir l’eau et pour fournir de la nourriture aux animaux.
On retrouve donc l’eau partout : elle serpente sur l’ensemble de la ferme pour régénérer les sols et pour participer à la pousse des végétaux et diverses productions.
Puis en fin de cycle, tout en bas de la propriété, on a une station d’assainissement par filtre planté donc par roseaux, on appelle aussi ça des phytoépurations ou des zones humides artificielles.
On trouve de la biodiversité partout, énormément de diversité : des fleurs magnifiques, des animaux, des papillons superbes, et puis les concepteurs ont créé des minis mares un petit peu partout aussi pour produire de la biomasse, héberger de la biodiversité, bien entendu, épurer aussi l’eau sur l’ensemble de son circuit.
C’est particulièrement intéressant de regarder tous ces points d’eau avec toute la diversité qui s’y trouve, ils contribuent à l’équilibre de l’ensemble la ferme, bien entendu.
On retrouve aussi énormément d’arbres et de végétaux remarquables : des fruitiers gigantesques, des noyers gigantesques, c’est vraiment un endroit extraordinaire pour ça, voilà ici, un arbre de la famille des légumineuses avant on pouvait voir un noyer, me semble-t-il, et puis, on va rentrer petit à petit en visite sur la ferme, sur l’une de ces terrasses que je vous présentais, tout à l’heure, et on va s’apercevoir que l’ensemble de la ferme est végétalisé alors bien sûr vous voyez un des accès avant de rentrer sur la terrasse.
Les accès, les circulations sur la ferme ont été entièrement pensés pour ne pas produire d’érosion et pour récupérer l’eau, comme ceux qui suivent des stages de permaculture chez nous l’apprennent ; de manière à se servir des circulations comme des avantages, des atouts pour la régénération et non des inconvénients en produisant de l’érosion.
Des forêts fruitières : il y a beaucoup d’essais d’agroforesterie sur cette ferme, donc des vergers assez intéressants, et puis je n’ai pas pu tout vous montrer, mais le début de la forêt fruitière se trouve sur l’une des pentes à colline.
C’est une forêt fruitière intéressante sur un modèle tropical, bien entendu, où on retrouve pas mal de végétaux : des néfliers, des bananiers, des choses comme ça, et puis surtout où on a un bel exemple de densification des végétaux sur des zones extrêmement petites, ce qui serait tout à fait possible dans les mégalopoles comme Hong Kong.
On pourrait très bien penser, sur des petits lopins de terre tous simples comme ça, à installer de multiples strates de végétaux qui cohabiteraient très bien ensemble, produiraient aussi énormément d’abondances et qui auraient une importance dans le cycle de l’eau.
En effet, on temporiserait les flux d’eau, on assainirait aussi l’atmosphère donc ce genre de plantations diverses et variées un peu partout dans la ville serait évidemment très bénéfiques.
Voilà, plusieurs associations différentes avec des couvre-sols, des patates douces, des fruitiers ou l’utilisation de légumineuses ici en têtard, pour, j’imagine, produire de la biomasse pour autre chose.
On a vraiment un petit peu tout le cocktail de ce qu’on retrouve en permaculture, en agroécologie, en agroforesterie sur cette ferme qui a plus de 50 ans.
Des animaux, bien entendu, qui contribuent par leurs excréments, leurs fumiers à la fertilité de la ferme.
On a des poulets, des cochons alors c’est des cochons spéciaux, que je ne connaissais pas, asiatiques ils sont énormes, je ne sais pas combien ils font, mais plus de 250 kg, voilà, ce sont des races locales et on a vraiment des animaux assez intéressants.
Bien sûr des pépinières, il y a, je crois, deux pépinières dans cette propriété pour alimenter en permanence les nouvelles plantations de la ferme.
Toutes sortes d’arbres, toutes sortes de végétaux, d’arbustes, de plantes herbacées sont cultivés dans ces pépinières, qui vont ensuite rejoindre le reste de la propriété.
On a vraiment besoin d’ombrières dans ces régions-là, comme vous le voyez, puisque le soleil tape très très fort dans la période estivale.
Évidemment, on a aussi des exemples de production d’énergies propres : photovoltaïque et éolien, qui ont bien sûr toute leur place dans les mégalopoles et les milieux urbains comme Hong Kong ou comme d’autres villes, puisqu’ils permettent de capter des énergies de manière plus propres que celles qu’on connaît dans notre pays par exemple.
De l’aquaponie, bien sûr, aussi une technique intéressante en ville, et puis, la permaculture présente, bien entendu, sur le site avec cette petite ferme modèle, on va dire, qui sur 674 m2 produit de la nourriture, accrochez-vous bien, pour 5 personnes toute l’année donc c’est assez énorme de voir ça, c’est toujours sur le même modèle terrassé, gestion de l’eau, il y a une fontaine flowform qui permet de dynamiser l’eau, en fin de cycle, pour l’épurer et la rendre au milieu quasi aussi propre qu’elle y est entrée.
Des terrasses maraîchères sont très présentes sur un bon tiers de la propriété avec différents essais, de buttes de permaculture, de culture en billon…
On a des protections actuellement puisque dans la saison hivernale, ici, enfin si on peut dire sous les tropiques, il peut y avoir des gèles le matin et vous voyez comment on peut terrasser et amener quelque part un mélange entre les cultures ancestrales en terrasse et la modernité des nouvelles découvertes de l’agro-écologie, de la permaculture.
On a plusieurs essais sur l’ensemble de la ferme : des carrés de culture avec des associations de légumes avec des strates un peu plus importantes comme le papayer qu’on a vu tout a heure.
Des « Keyhole garden », c’est-à-dire des jardins en trous de serrures où on montre que cultiver dans les petits espaces est possible. Faire pousser dans la ville des végétaux y compris à Hong Kong, c’est possible.
On a des densités de végétaux intéressantes sur l’ensemble de ces jardins en trous de serrures avec toujours une couverture de sol, en tout cas, pour ces ouvrages-là.
Donc c’est vraiment, oui, très très intéressant de voir tout cela à deux pas de Hong Kong avec, bien entendu, du jardinage hors sol en jardinière, car on peut aussi jardiner en jardinière dans milieux urbains : sur les toits, contre les murs, utiliser tous ces supports pour végétaliser et produire de la nourriture ou de la biodiversité ou de l’épuration de l’air ou que sais-je ?
Vous voyez même du blé en jardinière, c’est quand même assez rigolo ça, toutes sortes d’aromatiques, des légumes, des choux…
Un peu de production d’eau chaude, ici qui est dédiée à la structure qui se trouve en dessous. Évidemment, le tri sélectif est montré sur ce lieu puisqu’on a parlé de la problématique des déchets de Hong Kong qui est très importante.
On montre aussi des exemples de toitures végétalisées parce que c’est très important dans les lieux urbains.
La toiture végétalisée a de grands avantages dans la régularisation des flux d’eau, dans la tempérance de l’atmosphère, dans l’épuration et l’assainissement de l’air donc c’est vraiment fondamental.
On finit par la fameuse boutique où vous retrouvez des produits de la ferme etc.
Donc on a vraiment ici dans cette ferme modèle, cette ferme exemple, un microsystème, un microcosme, mais de multiples solutions pour aider la ville à aller dans le bon sens.
Voilà donc un super bel exemple, dans une mégalopole, de démonstration de durabilité, de pédagogie pour amener du changement dans le monde.
Y compris dans les endroits les plus pollués, les plus urbanisés on peut faire des choses.
On peut contribuer à l’amélioration des choses voire même au changement global.
Alors voilà, c’est vraiment quelque chose qui est intéressant à retenir c’est qu’on peut tous, peu importe où nous sommes dans une mégalopole ou dans la ruralité la plus totale, ramener du changement en commençant par planter des jardins : planter des jardins sur 1 m2, planter des jardins sur 1 hectare, sur 150 hectares que sais-je ?
Aussi planter des jardins dans le cœur des gens, leur parler, leur montrer qu’on peut faire autrement.
J’espère que cette vidéo vous aura inspiré. Je vous souhaite à tous de semer les graines de la régénération, de planter votre abondance, on va y arriver en persévérant ensemble.
Salut !
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Permaculture Design
Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.
Avez-vous des projets à hongkong ou avez-vous déplacé surtout pour visiter cette ferme?
Superbes images d’une réalisation qui montre tout le chemin vers l abondance. Pas du tout surpris de découvrir une telle réalisation en Chine ou equilibre et temps ne font qu un.
Encore merci pour ce partage.
eh oui c’est super, transposons cela à l’enseignement et les priorités changeront car qui s’attaque à la terre tombe sur son maitre
Très bonne vidéo qui tombe à point car mon fils part à HK la semaine prochaine, ce sera une très bonne intro pour son voyage! Merci. Alexis