Une des trois éthiques de permaculture est d’être attentif à l’humain. Or, pour pouvoir être attentif aux autres, il faut d’abord être soi-même bien dans son corps et dans sa tête ! Tout un programme, en définitive 😉
Nous laissons la parole aujourd’hui à Jérôme Boisneau, permaculteur maraîcher depuis plusieurs années, qui nous partage son expérience et ses astuces pour prendre soin de lui afin de pouvoir, ensuite, être attentif aux autres et pratiquer sans problèmes son activité de maraîchage en permaculture ;) !!
L’expérience de Jérôme lors de son installation en tant que permaculteur maraîcher :
Lors de ma première année d’installation en maraîchage, si j’avais su prendre soin de moi, j’aurais gagné beaucoup. Beaucoup de temps, pas mal d’argent, et une bonne dose de bien-être. Je le savais pourtant, mais je ne l’ai pas fait. Pourquoi ? Que m’est-il arrivé ? Et qu’aurais je pu faire ?
Voici un condensé de ce qui pourra vous aider à économiser beaucoup tout en produisant plus et mieux.
Prendre soin de soi : un apprentissage par la douleur lors de mon installation en maraîchage
En 2009, suite à une reconversion professionnelle, je passe d’une activité de type « bureau-souris-clavier » à « maraîcher-bâtisseur ».
J’avais tenté de préparer mon corps à ce changement, mais sans doute pas assez. Et au cours de l’automne 2009, des douleurs aux articulations sont apparues. Mais « Je ne pouvais pas m’arrêter », car je « devais finir certains travaux avant l’hiver ». Alors j’ai ignoré ces douleurs et continué à bosser, en prenant ça pour un dépassement de soi. Les endomorphines (antidouleurs naturellement produits par le corps) m’aidaient bien. Et quand, enfin, les derniers travaux prévus ont été finis, je me suis posé et reposé. Mais c’était trop tard : les tendinites étaient là.
Coudes, genoux et une cheville étaient touchés. C’était tellement intense que je ne pouvais plus marcher. Malgré le repos, les médecins de tout type, les anti-inflammatoires et tutti quanti, il m’a fallu 3 mois pour retrouver une marche sans douleur, et un an pour porter un arrosoir à une seule main !
10 ans après, les douleurs aux coudes se réveillent encore lors d’efforts répétés.
Les 2 ou 3 semaines gagnées à l’automne 2009 valaient-elles ces douleurs durables et ces mois de repos forcés ? Certainement pas.
Cet épisode m’a, en revanche, permis d’apprendre, et voici aujourd’hui comment je fais pour prendre soin de moi.
Apprendre à s’écouter même lorsqu’on démarre son projet de maraîchage en permaculture !
S’écouter n’est pas facile, surtout lorsqu’on démarre un projet, plein de l’énergie débordante propre à l’excitation des débuts. Aujourd’hui, pour y arriver, « je » le fais à deux, avec ma femme, 3 ou 4 fois par semaine. Après avoir couché les enfants, on prend 3 à 10 minutes pour discuter tranquillement de notre journée passée, et de celle(s) à venir. Et c’est là une très bonne occasion de s’écouter. En effet, on s’entend mieux en parlant à voix haute, et si malgré tout on ne s’écoute pas, alors l’autre entendra le message et pourra vous aider.
Ce moment est à la fois un moment d’écoute ET de recherche de solutions, qui évidemment doit se faire dans un cadre de bienveillance et de confiance mutuelle. En plus d’être bénéfique pour soi, ce rituel sera aussi très profitable au couple et à la famille ;).
Mes 8 clés pour prendre soin de moi — corps et esprit
Faut-il séparer le corps et l’esprit ? Je ne sais pas, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils sont liés. Le bonheur et le bien-être apportent (ou conservent) la santé physique. Et vice-versa. Alors, prenons soin des deux !
Le chlorure de magnésium : un remède (presque) miracle !
Je trouve le chlorure de magnésium sous forme de nigari en magasin bio. J’ai tout appris sur le chlorure de magnésium dans ce petit livre de Marie-France Muller intitulé « Le chlorure de magnésium : Un remède miracle méconnu », et je l’utilise aujourd’hui de deux manières. En externe pour accélérer les cicatrisations. Sur les petites comme sur les grandes plaies, et c’est impressionnant. En gros, la chair et la peau repoussent plus vite, et la plaie se referme quasi sans croûte. En interne, pour booster le système immunitaire et diminuer les fatigues lors de périodes difficiles. Lisez ce livre et essayez.
La cure d’ortie ou comment vous faire du bien simplement !
En infusion, un litre par jour pendant 2 semaines me fait le plus grand bien. En général, je fais cette cure une fois au printemps, et une fois à l’automne. Chez moi, il n’y avait pas d’ortie : j’en ai planté rien que pour ça !
Apprendre à faire la sieste
J’ai appris ce grand art (que je maitrise encore mal) de s’endormir en quelques minutes pour seulement 10 à 15 minutes de sommeil, juste après le déjeuner. Ce temps passé à dormir est loin d’être perdu : mes après-midis sont ainsi plus efficaces tout en augmentant mon bien-être.
Veiller à préserver ses mains, outil premier du maraîcher en permaculture !
Très sollicitées par tous les métiers manuels, elles doivent être particulièrement soignées. D’abord en évitant les gestes blessants. Typiquement chez les maraîchers, le couteau provoque plein de microcoupures sur la pulpe du pouce à chaque fois qu’on y appuie la lame pour couper une ficelle, des racines, des fanes, etc. Or c’est un geste à bannir, parole de permaraicher expérimenté ! Avec un couteau très bien affuté, on n’a plus besoin de l’appui du pouce.
Enfin, il faut bien soigner et sans attendre, même les plus petites plaies, surtout au niveau des mains. J’applique une solution de Chlorure de magnésium, ainsi qu’une crème réparatrice. J’utilise principalement la crème aux plantes médicinales de chez Weleda contre les gerçures, peaux sèches et abimées, car elle est très efficace.
Se protéger du soleil au jardin
Alors que l’hiver, les bienfaits de ses rayons nous manquent, je profite des beaux jours de décembre et janvier pour travailler torse nu (30 à 40 minutes maximum). En revanche, d’avril à septembre, je porte des t-shirts à manches longues en permanence. C’est la meilleure protection solaire et la moins chère. Et j’ajoute l’indispensable chapeau et les lunettes quand le soleil brille encore plus.
Varier les activités de maraîchage régulièrement
Pour éviter les gestes répétés, source d’inflammation, je varie les activités (désherbage manuel, puis palissage des tomates, puis plantation de laitues…) et j’essaie de varier les gestes au sein d’une même activité : pour manipuler le fumier, la fourche peut être tenue main gauche en bas ou main droite en bas, et je passe souvent de l’une à l’autre position.
Un maraicher bien hydraté = un maraîcher efficace
L’hydratation est aussi importante qu’évidente, et pourtant elle est souvent négligée. Le plus facile pour y penser, est d’avoir, en permanence, une gourde avec soi. Car s’il faut marcher ne serait-ce que 200 mètres pour aller boire, alors… on ira plus tard, puis plus tard… Et on finit par se déshydrater, avoir des maux de tête voire pire, résultat : on n’est pas efficace dans son travail ! Et cela est évidemment valable pour toutes les activités, pas seulement en maraîchage. 😉
Ne pas oublier de célébrer en toute bonne occasion !
Prendre soin du corps est important, prendre soin de l’esprit l’est tout autant ! Alors, à chaque fois qu’une bonne occasion se présente (fin de plantation des tomates, première récolte de fraises, record de vente sur le marché…), on en profite pour se faire un petit ou un grand plaisir. Ça peut être un simple apéro avec les enfants, un resto en amoureux, etc.
Il y a évidemment de nombreuses autres raisons de prendre soin de soi, et aussi de nombreux autres moyens.
Prendre soin de moi, c’est aussi prendre soin de ma famille. Avoir une famille épanouie, cela m’aide au quotidien dans mon jardin.
Alors, j’espère que cet article vous aidera à ne pas négliger cette partie essentielle de l’éthique de la permaculture « être attentif à l’humain », c’est-à-dire vous-même, car cela influera sur la réussite de votre installation en maraîchage bien plus qu’on ne le pense généralement.
Pour une installation sereine de votre projet, faites-en le design complet en permaculture !!
Quel que soit votre projet en permaculture, installation maraichère ou autre, en faire le design complet sera incontournable pour vous éviter bien des efforts inutiles et économiser votre temps, votre énergie et votre argent !
Sur le même thème
-
Comment créer une mare naturelle sans bâche ?
Si vous êtes là, c’est sans doute que vous avez un projet de création de mares naturelles. Et c’est une excellente nouvelle à la fois pour la résilience de votre jardin (potager, verger…) et pour la biodiversité environnante à qui vous allez offrir un refuge précieux et rare où s’abreuver, se nourrir, se reproduire, s’abriter… Seulement voilà, le fait […]
-
Comment avoir un sol fertile avec la permaculture ?
Trop souvent négligé et mal mené par des labours et retournements intempestifs ou des produits chimiques en tous genres, le sol est pourtant essentiel à la Vie sous toutes ses formes. Lorsqu’il est respecté, il est capable accueillir et nourrir tout le monde, des micro-organismes aux grands mammifères que nous sommes en passant par toute la […]
-
Comment faire un potager en permaculture ?
Si vous vous posez l’une des questions suivantes vous êtes au bon endroit : Naissance d’un potager-école innovant pour les débutants Depuis plusieurs années, notre équipe du bureau d’études expérimente, dans différents contextes, toutes sortes de techniques au potager dans le but de transmettre ensuite nos observations et connaissances, via notre blog et nos formations, […]
Les formations principales en permaculture
Les formations complémentaires en permaculture
Permaculture Design
Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.
Je confirme pour le chlorure de magnésium, merci de le rappeler, je fais régulièrement une cure, pris en interne dilué avec de l’eau pour toutes les douleurs rhumatismales.
OK MERCI MR BOISNEAU POUR TOUTES SES INFORMATIONS VRAIMENT CA ME VA DROIT AU CŒUR .MERCI INFINIMENT QUE DIEU VOUS COMBLE DE GRACE . ABIENTOT
Oh que tout cela est vrai!
Oh comme ce serait parfait de suivre les conseils de Jérôme 😉 …
En tout cas merci à lui d’avoir pris le temps de nous les donner.
J’ajouterai : utiliser votre brouette aussi souvent que possible au lieu de tout charrier à bout de bras,
la brouette, c’est chouette!
Bonne continuation à lui et bonnes récoltes à tous.
Merci Sylvie,
Oui, j’utilise souvent la brouette, c’est une bien belle invention.
J’ai même consacré un article sur une brouette que j’ai conçue spécifiquement pour mes besoins : http://permaraicher.com/la-meilleure-brouette-au-monde/
A bientôt,
Jérôme BOISNEAU / Permaraicher
Une sieste après le déjeuner? Mais, si on vient de passer une nuit à dormir, quel sens y a-t-il à faire une sieste en début de matinée, après le déjeuner? Je comprendrais mieux une sieste en début d’après-midi.
Bonjour Hervé,
Déjeuner = repas du midi, donc sieste vers 13 ou 14 H, donc bien en début d’après-midi 🙂
Jérôme BOISNEAU / Permaraicher
Je confirme ! Merci pour le partage …