Les milieux arborés et les haies, quand elles sont bien conçues, sont des biotopes essentiels à la biodiversité.

Seulement, voilà, ce type de milieu s’est beaucoup raréfié ces dernières décennies, ce qui met à mal la survie de nombreux animaux, insectes et autres formes de vie sauvage.

Pour remédier à cela, chacun à notre niveau, nous pouvons agir et planter des haies biodiversifiées dans nos jardins en permaculture.

Pour une haie d’arbres et arbustes bien pensée, qui attirera efficacement la biodiversité locale chez vous tout en vous rendant de nombreux services à vous aussi, suivez les conseils et astuces de Gilles Leblais dans la vidéo ci-dessous…

Photographe de la vie sauvage, ornithologue, conférencier, journaliste naturaliste et auteur, Gilles est un passionné de nature qui souhaite amener un maximum de personnes à se reconnecter à la nature pour la connaître, la comprendre, l’aimer et donc la protéger.

Les haies de permaculture

Pour attirer un maximum de biodiversité chez vous tout en vous protégeant des pollutions, du gibier, des regards et en produisant du bois, de la nourriture, etc. découvrez nos compositions de haies en permaculture !

Ci-dessous retranscription de la vidéo

Pour une haie riche de biodiversité : bien choisir et bien placer ses arbres et arbustes

Quel emplacement pour votre haie ?

Plus le jardin sera arboré, plus il sera riche de biodiversité, et plus on sera dans une relation aimante avec ce monde qui nous entoure.

Pour créer une haie, il faut penser toujours le côté observation.

Un des endroits qui est le plus important dans le jardin, c’est le côté nord parce qu’on va nous protéger, entre autres, des vents froids du nord.

Plan potager en permaculture.

Pour ne pas vous planter et choisir les meilleurs emplacements pour vos haies…

…mais aussi pour tous les autres éléments que vous souhaitez inclure dans votre jardin (mare, potager, verger…), faites facilement votre propre design en permaculture grâce à notre formation en ligne « Invitez la permaculture dans votre jardin ! »

L’intérêt de l’observation, c’est aussi de trouver quels types d’arbres et d’arbustes on va placer dans cette haie : au maximum des espèces locales ou indigènes.

Comment disposer les arbres dans votre haie ?

Je me suis inspiré des travaux d’un ingénieur agronome qui s’appelait Dominique Soltner et que moi, j’ai ensuite amélioré pour la biodiversité.

Le mieux, c’est de planter les arbres en quinconce, c’est-à-dire sur deux lignes.

C’est comme si on mettait des V ou des W les uns derrière les autres.

Exemple de plantation d’une haie d’arbres et arbustes en quinconce pour attirer la biodiversité.
Exemple de plantation en quinconce d’une haie d’arbres et arbustes biodiversifiés chez Gilles Leblais. © Gilles Leblais, photographe de la vie sauvage.

On va créer une haie qui va être densifiée sur toute sa hauteur même aux pieds.

L’intérêt de planter en quinconce, c’est qu’on va pouvoir placer des espèces différentes avec des hauteurs différentes.

En général, côté jardin, on va planter les espèces moins hautes, plus petites et en arrière-plan, on mettra les espèces plus grandes. Par exemple : un bouleau ou un charme en arrière-plan et puis devant, on aura un noisetier et une viorne obier.

Les 3 types d’arbres à inclure dans votre haie

On va jouer sur trois types d’arbres qu’on retrouve dans la nature et qui vont avoir leur importance.

1 — Les feuillus : ceux qui perdent leurs feuilles à l’automne,

2 — Les marcescents : ceux qui ne perdent leurs feuilles que quand les autres feuilles commencent à repousser au printemps. Exemples : charme, hêtre, certains chênes également…

Chêne marcescent dans une haie.
Chêne marcescent dans une des haies chez Gilles.

3 — Les persistants et semi-persistants : ceux qui conservent leurs feuilles toute l’année (ou une partie de leurs feuilles pour les semi-persistants) Dans ce groupe-là, il va y avoir des semi-persistants comme le houx, le buis, le troène d’Europe, le laurier-tin. Là où moi j’ai innové et où je suis le seul à le faire, car d’après mes observations, ça m’a semblé intéressant : c’est que je mets également des conifères. Ça permet de jouer sur une largeur et sur une hauteur avec eux et notamment dans la vision de la haie pendant l’hiver. Donc ça, ça a son importance.

Dans sa haie, on va pouvoir jouer avec ces 3 types d’arbres en quinconce en mettant deux marcescents, deux caducs, deux persistants et ainsi de suite… au gré de ce qu’on a envie de faire.

Donc dans la lecture du paysage, du jardin, non seulement notre lecture, mais également celle des animaux, ça va avoir un impact positif.

La relation qu’il y a entre les arbres par le système racinaire, le mycélium des champignons, etc., tout ça n’est pas anodin puisque ça va s’imbriquer au fil des ans, au fil des saisons d’une manière hyper importante pour avoir une biodiversité de plus en plus intéressante dans un jardin.

Chouette hulotte (Strix aluco) dans le feuillage d’un arbre.
Parmi les animaux sauvages qu’on peut se réjouir de retrouver au jardin grâce à une haie arborée bien conçue : la chouette hulotte (Strix aluco), formidable auxiliaire pour la régulation des petits rongeurs, mulots et campagnols ! © Gilles Leblais, photographe de la vie sauvage.

Planter une haie : les 3 points à ne pas négliger !

1 — Respecter les distances légales de plantations avec le voisinage

Chose à laquelle il faut penser et qui est hyper importante pour créer cette haie : respecter les distances.

C’est-à-dire, si on suit la loi pour une haie non taillée, mettre au moins 2,50 mètres entre sa haie et le bord de son terrain.

Moi j’ai mis les premiers arbres plantés à 2,60 mètres.

2 — Penser au positionnement des arbustes dans la haie pour des récoltes efficaces

Il sera important de jouer sur l’efficacité de ces plantations pour vous aussi en mettant les arbustes qui vont donner des fruits ou des baies en avant puisque ce ne sont généralement pas de grands arbustes.

Cela vous facilitera les récoltes ;) !

Cornouiller mâle (Cornus mas) en fruits dans une haie.
Pensez à bien placer vos arbres fruitiers dans votre haie en quinconce pour vous faciliter la récolte, comme c’est le cas chez Gilles pour ce cornouiller mâle (Cornus mas) placé côté jardin pour un accès direct aux fruits !

3 — Planter votre haie à la bonne période

La troisième chose à laquelle il faut penser, c’est de planter à l’automne.

C’est toujours mieux qu’au printemps puisqu’il y aura moins d’arrosages à faire et les arbres auront le temps de développer leur système racinaire, radicelles, etc., dans le sol.

Le secret pour une haie dense et touffue :

Petite mise en situation :

Imaginons qu’on plante à l’automne prochain, donc on est entre octobre/mi-décembre, l’idéal novembre.

On va planter ces arbres en quinconce.

L’important, c’est qu’un an après, on se retrouve à la même période, et puis on passe à l’année suivante.

Au début de cette année suivante (donc 1 an et 1 à 3 mois après la plantation initiale), pendant l’hiver, donc on est en janvier/février, et seulement une fois, par une belle journée, on évite la pluie ou un froid trop intense, on va tailler cette haie nouvellement plantée depuis 1 an, qui s’est déjà bien installée et qui a déjà poussée.

Certains arbres peuvent être à plus d’un mètre, voire plus.

Je vais faire peur, mais on va rabattre ces arbres sauf les persistants, notamment les conifères, puisqu’ils sont beaucoup plus durs à repartir, mais tout ce qui est marcescent et caduc, on va les tailler à 20 cm du sol.  Ce sera la seule fois que ce sera à faire, mais ça aura une importance fondamentale.

Jeunes arbres dans une haie biodiversifiée qui poussent de façon dense sur plusieurs pieds.
Un an après la plantation de vos arbres et arbustes caducs ou marcescents dans votre haie, une taille hivernale drastique, à 20 cm du sol, permet une densification très importante de l’arbre qui repart de plusieurs pieds au printemps suivant.

Pourquoi ?

Parce qu’au lieu d’avoir un pied au printemps qui va suivre, ils vont repartir de rejets de souche.

Et donc, il y aura deux pieds, trois pieds, voire plus suivant les sujets. Ça va densifier la haie au niveau du bas de cette haie. Ce qui fait qu’elle sera dense aussi bien en bas qu’en haut alors que malheureusement, dans les jardins, la plupart des haies sont ratées parce qu’elles sont touffues en haut, mais toujours éparses en bas. Et une haie bien touffue en bas, c’est primordial pour la biodiversité puisque dès le bas, dès la strate du bas d’une haie, la biodiversité se met en place notamment dans le sol pour certains insectes qui ont besoin d’ombrage, etc.

En faisant cela, vous allez augmenter le quota biodiversité de la haie et pour nous aussi, ça aura des avantages (ombrage, brise-vent, brise-vue) parce qu’au lieu d’être ajourée, elle sera dense et touffue.

Comment améliorer une haie existante ?

J’ai modifié ce tronçon de haie en ajoutant une jeune haie en mélangeant du persistant, du marcescent, du semi-persistant et du feuillu. Et donc, l’automne prochain, il faudra que je taille.

Pour certains, ce ne sera pas nécessaire puisque ceux-là, ils sont repartis sur plusieurs pieds, mais par exemple, ce jeune pied de sorbier des oiseleurs, à l’automne, je le rabattrai à 20 cm.

Un naturaliste montre la hauteur à laquelle il pratique une taille de densification sur les jeunes arbres caducs ou marcescents.
L’hiver prochain, Gilles va tailler à 20 cm du sol ce jeune sorbier des oiseleurs pour l’inciter à former plusieurs rejets et donc se densifier au printemps suivant.

Même si l’arbre avait été comme ça, je l’aurais rabattu exactement au même endroit de manière à ce qu’au lieu d’avoir un seul pied, il ait un deuxième pied, voire un troisième, voire un quatrième qui partent.

Non seulement je vais limiter l’arbre dans sa hauteur, s’il était sur un seul pied, ce qui est intéressant dans un jardin par rapport aux voisins par exemple, mais en plus, ça va lui permettre de se densifier au niveau de son pied donc la haie sera plus étoffée.

Plantons tous des haies efficaces pour sauver notre biodiversité

Si on va tous vers ça, en arborant nos jardins de cette manière, on est capable de créer, au pas de nos portes, on va dire mis bout à bout, le plus grand parc national du monde parce que ce système arboré, c’est la clé de la réussite pour sauver notre biodiversité notamment dans nos jardins.

C’est vraiment ce qu’on doit mettre en place aujourd’hui, si on veut réussir notre retour à la nature et nous mettre en contact avec ce sauvage qui nous entoure.

Jolie hermine (Mustela erminea) dans un jardin en permaculture riche de biodiversité.
Jolie hermine (Mustela erminea) photographiée par Gilles dans son jardin Paradis en Isère, un animal sauvage qu’il fait bon revoir au jardin, car elle est une grande régulatrice des populations de rongeurs et de taupes ! © Gilles Leblais, photographe de la vie sauvage.

Aller plus loin dans la protection de la biodiversité avec Gilles Leblais

Pour plus de détails sur l’installation d’une haie idéale pour accueillir au mieux la biodiversité chez vous, afin de trouver quels arbres choisir selon votre contexte, comment les installer, les entretenir, etc., découvrez le livre de Gilles Leblais : Ma haie refuge de biodiversité.

photos d’animaux sauvages dans des milieux arborés. © Gilles Leblais

Ma haie, refuge de biodiversité

Choisir, planter, observer

Livre de Gilles Leblais

Éditions Terre Vivante

Environ 14 €

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Comme nous apprécions beaucoup le travail de Gilles, nous avons également consacré des articles à plusieurs autres de ses livres qui sont tous des odes à la biodiversité et la nature sauvage.

Découvrez-les en détails dans nos articles ci-dessous :

Gilles nous a également ouvert les portes de son « Jardin Paradis » à Velanne en Isère pour une série de vidéos consacrées à la biodiversité à découvrir ci-dessous :