La haie fruitière comestible en permaculture

La haie fruitière comestible en permaculture

Un des principes de permaculture, donné par Bill Mollison, est qu’un élément doit remplir plusieurs fonctions. Cela veut dire que lorsque l’on implante un élément dans son design, il faut réfléchir à tous les usages qu’il a ou pourrait avoir, dans le but de favoriser des interactions. Ainsi, le concepteur crée de la redondance et donc de la résilience.

Dans le cas d’une haie, si l’on souhaite en planter une pour délimiter un espace (dans le cas de haie brise vent ou de haie brise vue), on peut aussi lui attribuer d’autres usages, comme celui, par exemple, de nous fournir de la nourriture. Nourriture qui sera pour partie à notre bénéfice, mais aussi à celui de la faune : ainsi, répond-on à une éthique permaculturelle qui est de partager équitablement les ressources. Mais par des plantations variées, cette haie, pourra aussi participer à l’amélioration de la biodiversité locale. Le choix de certains végétaux pourra être bénéfique pour le sol : notre haie peut aussi améliorer le terrain.

C’est cette vision de haie comestible multi-usages que nous allons voir dans cet article.

Dans quel lieu je plante ?

L’exposition solaire de ma haie peut devenir une contrainte. En effet, beaucoup de fruitiers ont besoin de soleil pour fleurir puis fructifier : l’ombre peut donc devenir un facteur limitant. En revanche, l’ombre est favorable à l’épanouissement de légumes feuilles, que l’on pourra disposer au pied de la haie par exemple.

Démarrage d’une haie fruitière entre un poirier et un prunier avec la plantation de framboisiers, caseilliers, fraisiers mais aussi, en attendant que les petits fruits prennent leur place, des légumes comme des fèves (fixatrices d’azote) et des laitues. Certaines plantes sauvages ont aussi été conservées pour leur comestibilité et utilités (pissenlit, lamier, chénopode…)

Démarrage d’une haie fruitière entre un poirier et un prunier avec la plantation de framboisiers, caseilliers, fraisiers mais aussi, en attendant que les petits fruits prennent leur place, des légumes comme des fèves (fixatrices d’azote) et des laitues. Certaines plantes sauvages ont aussi été conservées pour leur comestibilité et utilités (pissenlit, lamier, chénopode…)

De plus, ma haie va avoir une face qui sera plus ombragée que l’autre : ces deux façades offriront des conditions différentes, propices à l’implantation de certains végétaux.

La qualité du sol en place sera aussi un critère à déterminer pour orienter son choix dans des plantes adaptées au lieu. Mon sol dispose-t-il d’une humidité constante ? Quelle est sa texture ? Dois-je prévoir des plantes très endurantes à la sécheresse, adaptées à des terrains ingrats ? Faut-il prévoir un apport de compost ?

Ces différents points sont à déterminer au préalable avant de réaliser les plantations.

Les contraintes de votre lieu deviennent autant de guides et donc d’aide pour votre sélection variétale.

 

De quel espace je dispose ?

Les possibilités offertes par une haie varieront considérablement selon la surface dévolue à celle-ci.

Si vous ne disposez que d’une bande de 80cm, vous ne pourrez pas vraiment envisager la plantation d’arbustes ou d’arbres, ce qui réduira d’autant les possibilités.

Si vous rêvez de produire une partie de vos besoins en fruits mais que votre terrain est trop petit, la plantation d’une haie fruitière comestible pourra combler une partie de votre envie !

Ainsi, sur un espace linéaire occupant moins de surface qu’un verger classique, vous pourrez mettre en place des arbres fruitiers, des arbustes nourriciers, des baies comestibles…

Association dans une même haie fruitière de vigne avec un pommier pour démultiplier les récoltes sur un petit espace.

Association dans une même haie fruitière de vigne avec un pommier pour démultiplier les récoltes sur un petit espace.

L’idée est de travailler les différents étages de la haie, plutôt que de dissocier chacun des éléments.

Là où, dans un verger classique, on mettrait les fruitiers d’un côté du jardin, les groseilliers de l’autre et la vigne ailleurs, sur un même linéaire on peut planter tous ces végétaux en créant un espace multi-étagé.

C’est donc une solution tout à fait adaptée aux petits espaces, comme en ville.

On s’inspire en fait à la fois des principes du jardin-forêt et du verger naturel en permaculture mais sur le linéaire un peu plus restreint d’une haie.

Cela nous permet tout de même d’augmenter les effets de lisière, bénéfiques à l’implantation d’espèces variées.

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Solutions pour un sol peu fertile

Lorsque l’on s’implante sur un lieu, le sol qui est en place n’a pas forcément été cultivé avec amour des années durant, et l’on peut hériter d’un sol tassé et appauvri par des travaux répétés.

Dans ce type de contexte, on peut prévoir la plantation de plantes endurantes, qui viendront améliorer la fertilité du sol. Il en est ainsi des plantes dites « fixatrices d’azote ». Ces végétaux ont la capacité, grâce à des bactéries symbiotiques situées sur leurs racines, de fixer l’azote de l’air (élément chimique nécessaire aux végétaux).

Les plantes, en perdant une partie de leurs racines, vont libérer cet azote et le rendre disponible aux autres végétaux. Ces plantes fixatrices d’azote sont souvent des plantes dites « pionnières » : ce sont elles qui vont réussir à coloniser des espaces ingrats et, par leur présence, amender le sol.

Ce sol bonifié par leur présence, sera alors apte à porter un cortège floristique comprenant des plantes plus exigeantes.

Ici un jeune chalef de Ebbing - Elaeagnus x ebbingei - lui aussi fixateur d’azote et produisant de petites baies rouges comestibles !

Ici un jeune chalef de Ebbing – Elaeagnus x ebbingei – lui aussi fixateur d’azote et produisant de petites baies rouges comestibles !

Mais en plus de leur capacité à rendre le sol plus fertile, certaines de ces plantes sont aussi comestibles ! Citons, par exemple :

  • L’argousier (Hippophae rhamnoides), au beau feuillage argenté. Il offre, sur les pieds femelles, de petites baies orange très riches en vitamine C, qui en font de bons alicaments. Il faudra toutefois penser à planter un pied mâle et un pied femelle à minima, pour les obtenir, car l’espèce est dioïque.
  • Le goumi du Japon (Eleagnus multiflora), présente un feuillage aux tons gris-vert. Ces nombreuses fleurs blanches et odorantes, sont suivies de baies rouges au début de l’été, légèrement astringentes, comestibles.
  • L’arbre à petits pois (Caragana arborescens) est une plante de la famille des Fabacées, qui est caractérisée par sa capacité à fixer l’azote de l’air. L’arbre à petits pois présente de jolies fleurs jaunes mellifères, suivies de gousses contenant des graines comestibles.

 

Des arbustes comestibles multi-usages

Un certain nombre d’arbustes utilisés couramment dans les haies présentent des usages que l’on a bien souvent oubliés, voir méprisés. C’est par exemple le cas de :

  • L’aubépine (Crataegus monogyna ou C. oxycantha). Sa floraison abondante blanche au printemps est un enchantement. Elle a une odeur miellée qui attire les abeilles. Ses fleurs ont des vertus médicinales reconnues. Celles-ci sont suivies, à l’automne, par une fructification rouge, appelée cenelle, qui est comestible. Du reste, les oiseaux ne s’y trompent pas. Ils sont d’ailleurs nécessaires aux graines pour germer : sans leur passage dans leur tube digestif, celles-ci n’auront pas levé leur dormance.
L’aubépine, un arbre ressource formidable dans une haie fruitière notamment pour la biodiversité qu’il soit en fleur ou en fruits !

L’aubépine, un arbre ressource formidable dans une haie fruitière notamment pour la biodiversité qu’il soit en fleur ou en fruits !

  • Le sureau noir (Sambucus nigra), est aussi un oublié. Ses élégantes ombelles de fleurs blanches arrivent à la fin du printemps. On en fait des boissons, des beignets, des tartes et autres gâteaux : elles ont un parfum délicat. Les fruits seront aussi comestibles, mais cuits, car crus, ils sont purgatifs. Le sirop de baies de sureau est un bon antidote aux maux hivernaux.
Le sureau, un autre arbre ressources extrêmement intéressant pour ses fleurs mellifères permettant de faire d’excellentes boissons pétillantes ou autres beignets et ses fruits, légèrement toxiques pour l’homme à l’état cru mais tellement bons une fois cuits en sauce, en gelées, en sirop…

Le sureau, un autre arbre ressources extrêmement intéressant pour ses fleurs mellifères permettant de faire d’excellentes boissons pétillantes ou autres beignets et ses fruits, légèrement toxiques pour l’homme à l’état cru mais tellement bons une fois cuits en sauce, en gelées, en sirop…

Pour ces deux espèces, les pépiniéristes ont développé des cultivars qui offrent des fruits plus gros que leurs parents naturels. Certaines aubépines, nommées azérolier, ont des fruits assez gros, allant jusqu’à 2/4cm de diamètre. Il existe plusieurs cultivars de sureau à gros fruits et à ombelles plus importantes, qui sont utilisés pour des productions commerciales.

 

Les petits-fruits dans ma haie fruitière comestible

Les petits fruits et baies, en plus d’être délicieux, sont généralement de culture facile et productifs en abondance assez rapidement, ce qui les rend incontournables dans une haie fruitière !

Les petits fruits et baies, en plus d’être délicieux, sont généralement de culture facile et productifs en abondance assez rapidement, ce qui les rend incontournables dans une haie fruitière !

Comment passer à côté des petits-fruits pour composer une haie gourmande ? Les groseilliers, cassis, ronces et autres framboisiers ont toute leur place en sous-étage d’une haie comestible.

Leur tolérance à l’ombre est variable. C’est pourquoi on veillera à les disposer selon leur besoin en soleil : les groseilliers à grappe sont plus tolérants à l’ombre (mais leur fructification diminue) que les cassissiers, par exemple.

D’autres arbustes, comme l’amélanchier, à l’attrayante floraison printanière blanche est suivi, en juin, par de nombreuses baies, qui sont très douces. Elles font le plus souvent le bonheur des oiseaux qui arrivent avant le jardinier !

Ce jeune amélanchier de Lamarck, planté il y a deux ans, produit déjà de délicieuses amélanches au goût rappelant à la fois la myrtille et la poire.

Ce jeune amélanchier de Lamarck, planté il y a deux ans, produit déjà de délicieuses amélanches au goût rappelant à la fois la myrtille et la poire.

Des couvre-sols comestibles

Lorsque l’on plante une haie, il ne faut pas oublier de réfléchir aux plantations couvre-sols. Celles-ci permettront de limiter le désherbage et pourront aussi offrir d’autres bienfaits…

Exemple de couvre-sol efficace à la production comestible délicieuse : les fraises des bois !

Exemple de couvre-sol efficace à la production comestible délicieuse : les fraises des bois !

Sur la face ensoleillée de la haie, pourquoi ne pas implanter quelques aromatiques vivaces, comme la menthe (Mentha sp.), la mélisse (Melissa officinalis), la ciboulette (Allium schoenoprasum), le romarin (Rosmarinus officinalis)

Sur la face plus à l’ombre, des couvre-sols tolérants l’absence de soleil direct pourront prendre place, comme la consoude (Symphytum officinalis), la ronce de Chine (Rubus tricolor), l’herbe aux goutteux (Aegopodium podagraria), la claytone de Sibérie (Claytonia sibirica), l’aspérule odorante (Galium odoratum)

 

Des possibilités infinies

Une haie multi-étagée et comestible est donc tout à fait envisageable, quel que soit le contexte dans lequel on se situe. Les combinaisons sont nombreuses : les seules limites sont celles de votre imagination !

Ces haies peuvent devenir autant de vergers naturels, au long desquels il fera bon cheminer, un panier à la main !

Exemple de haie fruitière en ligne avec des arbres fruitiers de canopée (poirier, pommier, prunier, pêcher) et des productions dans les strates inférieures : caseilliers, myrtilliers, framboisiers, fraisiers…

Exemple de haie fruitière en ligne avec des arbres fruitiers de canopée (poirier, pommier, prunier, pêcher) et des productions dans les strates inférieures : caseilliers, myrtilliers, framboisiers, fraisiers…

Quand on installe des haies fruitières en permaculture, on fait vite des récoltes gratifiantes et abondantes à partager avec son entourage !!!

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A propos de l'auteur

Anaïs Jeunehomme

Anais Jeunehomme Anaïs Jeunehomme, paysagiste conceptrice, certifiée en permaculture. Je conçois, avec l’Atelier l’Embellie des jardins inspirés des principes de la permaculture, adaptés au lieu et à ses habitants, valorisant les ressources existantes, où les plantes sont belles mais aussi comestibles, médicinales, mellifères ou amélioratrices du sol. Car un jardin est un lieu de ressourcement et de bien-être, mais aussi une pierre supplémentaire dans l’édification d'une société plus écologique et durable.

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