Nous avons vu, dans un article dédié à la chauve-souris, son mode de vie, son incroyable capacité, sa totale inoffensivité, et son rôle primordial pour la biodiversité. Et si on lui ouvrait la porte de notre jardin ?
Petit aparté sur la conception d’un jardin en permaculture.. on conçoit toujours son jardin en fonction de ses objectifs!
Si votre objectif est d’installer un maximum de chauve-souris au jardin, votre conception doit y répondre. Si le sujet vous intéresse, nous avons une formation adaptée à tous les niveaux à vous proposer!
Les chauves-souris, des insecticides naturels
Rappelez-vous qu’accueillir la chauve-souris présente bien des intérêts. Elle adore ce que vous détestez :
- Les moustiques qui n’hésitent pas à gâcher vos soirées barbecues entre amis.
- Les noctuelles qui adorent s’attaquer aux jeunes plants de votre potager en permaculture.
Tout l’été, tous les soirs, inlassablement, les chauves-souris parcourent leur territoire à la recherche de nourriture. Elles ne sont pas très exigeantes, et « tout ce qui vole » passe « à la trappe ». Et c’est tant mieux : cela signifie qu’elles régulent les populations d’insectes ayant tendance à proliférer, faisant de la chauve-souris votre nouvelle meilleure amie…
Observer les chauves-souris à la tombée de la nuit, faire le boulot à votre place, une bière à la main, est quand même plus sympathique que d’enfiler une combinaison, remplir un pulvérisateur d’insecticides et semer la mort dans tous les recoins du jardin.
Les oiseaux seront de précieux alliés également, retrouvez tous nos conseils pour les attirer au jardin. Attention, sujet passionnant!
Le petit mémo sur les trous d’envol des nichoirs
Quelles tailles pour les trous de vos nichoirs ?
Cette fiche gratuite réalisée avec Gilles Leblais, spécialiste de la vie sauvage vous indiquera quelles tailles choisir pour quelles espèces.
Nichoir à chauve-souris et alimentation
Le gîte oui, mais…
Lorsque l’on parle d’accueillir la chauve-souris, on pense tout de suite « nichoir ». D’abord, on ne parle pas de nichoir, mais de gîte. En effet, comme son nom l’indique, un nichoir accueille un nid qui est :
- Une construction d’habitat par apport de matériaux
- Un lieu d’élevage des jeunes
La plupart du temps, les gîtes à chauves-souris que vous installerez dans votre jardin ne seront ni l’un, ni l’autre. Les mâles qui apprécient ces lieux pour se reposer la journée, sont solitaires. Quant aux femelles, certes elles élèvent les jeunes, mais n’accumulent jamais de matériaux
… le couvert aussi
Ensuite, fournir le gîte, c’est bien, mais il faut proposer également le couvert. En effet, plus le jardin regorgera d’insectes, plus les chauves-souris apprécieront les lieux. Je ne vous propose pas de vous lancer dans l’élevage de moustiques ou de noctuelles, j’ai peu de chance de vous convaincre.
Une fois de plus, le mieux, c’est de laisser faire la nature : laissez la végétation spontanée reprendre ses droits dans les coins reculés du jardin, plantez des fleurs mellifères qui attireront les insectes, qui à leur tour, attireront les chauves-souris. Tondez moins souvent et plus haut, laissez fleurir les primevères, les pissenlits…
et si vous aimez la pelouse rase, achetez de la moquette verte pour votre intérieur, mais laissez l’herbe pousser à l’extérieur…
Enfin, après le gîte et le couvert, il ne faut pas oublier le petit coup à boire. C’est souvent la première chose que la chauve-souris fait en sortant le soir de son gîte, en effleurant une surface d’eau à la façon des hirondelles : rivière, abreuvoir à vache, lac, étang, MARE… Vous me voyez venir ? non…, quand même…, je ne vais pas vous demander de creuser une mare dans votre jardin pour étancher la soif des chauves-souris. Mais la mare a tellement d’autres rôles au jardin, que je vous laisse réfléchir quand même à ce projet.
Si vous souhaitez apprendre dans le détail comment faire la mare de vos rêves, nous avons créé la formation la plus complète et pratique possible!
Les gîtes à chauves-souris
Il existe 2 catégories de gîtes à chauves-souris : les existants, ne nécessitant pas de travail, voire, vous libérant du temps, ou alors, les « fait exprès » le cas échéant.
Les abris à chauve-souris existants
- Un arbre creux qui, s’il ne présente pas de danger n’a pas de raison d’être abattu.
- Le mur de la grange dont les pierres légèrement disjointes laissent apparaître des fissures qui sont autant de gîtes. Ne les bouchez pas, il n’y a pas « péril en la demeure ».
- Un carreau cassé à la petite fenêtre accédant au grenier, mais à l’abri de la pluie grâce au débord de toit.
- Un bardage plein Sud avec un nœud de bois qui à « sauté », laissant apparaitre un trou.
- Un moellon du garage percé lors des travaux.
Vous avez donc déjà des gîtes à chauves-souris. Prenez en soin, ce sont les préférés des chiroptères.
Les abris à chauve-souris « faits exprès »
Il s’agit de construction « on ne peut plus simples », à condition de respecter certaines précautions :
- Abri à chauve-souris en bois : isolant, peu onéreux, respirant, écologique
- Bois non traités : ça va de soi…
- Bois non poncé, voire rainuré, rayé : pour que les chauves-souris puissent s’agripper et grimper à l’intérieur. Ce serait dommage qu’elles patinent sur le palier…
Les chauves-souris ont besoin d’un espace restreint, en particulier les mâles qui ne l’utilisent que pour se reposer la journée. Il s’agit donc le plus souvent de 2 planches espacées de 2 cm. Cela suffit pour la majorité des espèces. Le tout recouvert d’un toit avec l’une des planches plus longue que l’autre pour créer une zone d’atterrissage.
Installation du gîte à chauve-souris
Bien exposer le gîte à chauve-souris.
Vous pouvez fixer une ardoise sur la planche de devant, plus courte, permettant d’accumuler la chaleur des rayons du soleil, les locataires apprécieront le geste. Exposez le gîte plein sud, sur un mur extérieur, contre un arbre, toujours à l’abri des vents dominants. Vous pouvez aussi le placer dans vos combles si ceux-ci sont accessibles. L’espace nécessaire pour laisser entrer les chiroptères : 40 cm de long, 15 cm de haut.
En extérieur, placez ce gîte entre 3 et 5 m de haut, les chauves-souris, on l’a vu, sont des habituées des greniers à la belle saison, même s’il est vrai que l’on peut en trouver derrière des volets du rez-de-chaussée. Pour leur tranquillité, il est préférable de leur donner de la hauteur.
Leur assurer une tranquillité.
Quand vous aurez installé vos gîtes, le mieux est de les oublier, et de passer à autre chose : nichoirs à oiseaux, abris à insectes, à reptiles, et amphibiens… ou pourquoi pas… creuser une mare. Rappelons-le, les chauves-souris aiment la tranquillité, pas la lumière « en pleine poire ».
Je vous donne un truc pour ne pas succomber à la tentation d’aller trop souvent « voir si ça marche » : avant d’installer votre gite, prévoir, par exemple, un emplacement pour une mare. Installez votre gîte. À chaque fois que vous voulez lui rendre visite, direction la mare avec pelle et brouette. Creusez jusqu’à ce que l’envie passe. À renouveler à chaque fois que cela arrive. Et si vraiment vous n’en pouvez plus… vous pouvez discrètement voir si du guano s’accumule à l’aplomb du gîte plutôt que de braquer un phare dans les yeux de ces pauvres bestioles.
Reconnaître le guano de chauves-souris
C’est une petite crotte de la taille d’un grain de riz, plutôt noire, très semblable à celle de la souris et du lézard. Si, en la faisant rouler entre vos doigts gantés, elle ne se désagrège pas, il s’agit de souris, mulots, campagnols ou autres proies de nos amies les chouettes. Ces bestioles omnivores mangent des fibres consolidant leurs excréments.
Si la petite crotte se désagrège en minuscules paillettes, il s’agit soit de lézards, soit de chauve-souris, les 2 ayant le même régime alimentaire à base d’insectes dont la « carapace » constituée de chitine, riche, entre autres en azote, n’est pas digérée par l’organisme de leurs prédateurs. Elle est par contre dégradée dans votre jardin en permaculture pour le plus grand plaisir des plantes les plus gourmandes.
Si vous les trouvez isolées le long d’un mur fréquenté par les lézards, ce sont ces reptiles les propriétaires. Si elles sont plus nombreuses, à l’aplomb de votre gîte, d’une fissure du bardage, dans le grenier, ce sont nos amies les chauves-souris qui en sont à l’origine.
Qui aurait pu croire un jour que l’identification d’une crotte puisse vous réjouir ? tout arrive !
En conclusion, pour accueillir au mieux les chauve-souris :
Avant de nous quitter, revoyons comment accueillir les chauves-souris :
- n’oubliez pas de prendre soin de tous les recoins naturels où elles peuvent s’établir
- installez des gîtes
- creusez une mare
- troquez votre tondeuse contre une chaise longue
- limitez les éclairages extérieurs,
- évitez les travaux dans les combles d’avril à septembre (lieu d’élevage des jeunes)
- évitez les travaux dans les caves de novembre à février (lieu d’hibernation)
- devenez « refuge pour les chauves-souris » en contactant la SFEPM
Sébastien Lazzaroni
Naturaliste de terrain depuis l’enfance, Sébastien Lazzaroni est un amoureux de la faune et de la flore sauvage. Il explore, observe, recense et préserve la nature sauvage grâce à la confection et la pose de nichoirs et d’aménagements divers. Ancien professeur de biologie, il partage, avec pédagogie, son expérience au travers de conférences déambulées pour comprendre, d’ateliers bricolage pour agir, d’articles hebdomadaires dédiés sur son blog colocaterre, et sa page facebook colocaterre. Il conseille également les particuliers et les professionnels dans la mise en place de stratégies pour accueillir la biodiversité et en faire une alliée du jardin, du potager, des cultures, des vergers et de la douceur de vivre.
Sur le même thème
-
Comment créer une mare naturelle sans bâche ?
Si vous êtes là, c’est sans doute que vous avez un projet de création de mares naturelles. Et c’est une excellente nouvelle à la fois pour la résilience de votre jardin (potager, verger…) et pour la biodiversité environnante à qui vous allez offrir un refuge précieux et rare où s’abreuver, se nourrir, se reproduire, s’abriter… Seulement voilà, le fait […]
-
Comment avoir un sol fertile avec la permaculture ?
Trop souvent négligé et mal mené par des labours et retournements intempestifs ou des produits chimiques en tous genres, le sol est pourtant essentiel à la Vie sous toutes ses formes. Lorsqu’il est respecté, il est capable accueillir et nourrir tout le monde, des micro-organismes aux grands mammifères que nous sommes en passant par toute la […]
-
Comment faire un potager en permaculture ?
Si vous vous posez l’une des questions suivantes vous êtes au bon endroit : Naissance d’un potager-école innovant pour les débutants Depuis plusieurs années, notre équipe du bureau d’études expérimente, dans différents contextes, toutes sortes de techniques au potager dans le but de transmettre ensuite nos observations et connaissances, via notre blog et nos formations, […]
Les formations principales en permaculture
Les formations complémentaires en permaculture
Sébastien Lazzaroni
Naturaliste de terrain depuis l'enfance, Sébastien Lazzaroni est un amoureux de la faune et de la flore sauvage. Il explore, observe, recense et préserve la nature sauvage grâce à la confection et la pose de nichoirs et d’aménagements divers. Ancien professeur de biologie, il partage, avec pédagogie, son expérience au travers de conférences déambulées pour comprendre, d’ateliers bricolage pour agir, d’articles hebdomadaires dédiés sur son blog colocaterre, et sa page Facebook colocaterre. Il conseille également les particuliers et les professionnels dans la mise en place de stratégies pour accueillir la biodiversité et en faire une alliée du jardin, du potager, des cultures, des vergers et de la douceur de vivre.
Bonjour, je m’intéresse à cette solution pour lutter contre les moustiques. Mais du coup je ne comprends pas le principes de la marre : ça fait de l’eau stagnante pour les larves, non?
Bonjour, l’écosystème qui va se mettre en place va installer les prédateur des moustiques. Bientôt une vidéo dédiée sur ce sujet 😉
Bonjour, il existe un grand nombre de cabanes pour les chauves souris. Cependant,toutes celles que je trouve en vente sur internet ont toujours des commentaires négatifs tant sur la solidité que sur le manque de jointure des planches etc… Pourriez vous me conseiller une marque
Bonjour Martine
Eh bien figurez-vous que Sébastien Lazzaroni, l’auteur invité pour cet article sur les nichoirs à chauve-souris, en vend sur son site http://www.colocaterre.com rubrique boutique.
Le bois qu’il utilise fait 2 cm d’épaisseur et les planches sont vissées et non clouées ne laissant pas apparaître de jointures entre planches dans le temps.
Je vous laisse prendre connaissance des informations qu’il donne là-dessus sur son site. Belle continuation à vous. Bien cordialement,
Magalie pour Permaculture Design.
henriette ; puis je acrocher un abrit pour chauve souris après un pin , jhabite le sud
Bonjour Henriette,
Je vous transmets la réponse de Sébastien Lazzaroni sur votre question :
Pas de problème pour fixer votre abri contre un arbre. Évitez juste que l’entrée soit à proximité d’une branche horizontale où minouche pourrait venir s’installer et « cueillir » les chauves-souris à leur sortie du gîte.
Bien cordialement,
Magalie pour PermacultureDesign.
Bonjour, très bien sur le contenu : ça correspond à peu près à ce qu’on peut voir à l’extérieur quand ça se passe au moment où on sort ! En revanche, et si on peut dire le journal de vie biologique de la chauve souris est un peu flou vu qu’il n’y a pas ou presque pas de calendrier, je dirais que ça manque de planning par rapport au lieu de vie ! Bon : hiver d’accord – Hivernage, donc ça veut dire décembre – février – Mars ? ensuite Avril Mai Fécondation sur place – puis juillet août mise-bas dans les maternités collectives, septembre : élevage des jeunes ? envol des jeunes , restent- ils sur place ? Octobre Novembre : réserves ? Donc voilà un petit calendrier possible même s’il faut l’adapter à la région et aux micro climats ….à priori le froid ne les gêne pas beaucoup, vu les endroits où on trouve les pipistrelles ( je ne connais que celles là ! ). Est ce que le changement climatique les favoriserait ? j’ai l’impression que oui pour la saison des insectes, un peu comme l’hirondelle ? Certains groupes de palombes commencent à zapper la migration pour rester sur place depuis 3-4 ans…..! En tous cas, tout ça c’est bien intéressant….Bonne continuation
Bonjour Pelatan;
Ma réponse arrive un peu tard mais si cela peut t’aider à répondre à ta question sur le changement climatique et les chauves-souris je peux te résumer les résultats d’un article publié sur le sujet en 2012 dans Mammal Review.
Résumé de la conclusion de l’étude « The impact and implications of climate change for bats » (Sherwin, Montgomery et Lundy ; 2012) :
• L’augmentation des températures peut profiter aux chauves-souris en raison de l’augmentation de la disponibilité de la nourriture, de la parturition précoce, du développement plus rapide des juvéniles et l’extension de l’aire de répartition (pour ceux qui ont une niche écologique large).
• Cependant, certaines conséquences du changement climatique tel que la perturbation de l’hibernation, les événements météorologiques extrêmes, la disponibilité réduite de l’eau dans les environnements arides et la propagation de maladie peuvent entraîner des mortalités importantes.
• De plus, les températures plus élevées vont stimuler une activité hivernale accrue, ce qui pousse les chauves-souris à utiliser les réserves d’énergie vitales, à moins que la disponibilité en nourriture augmente également. Si des événements saisonniers, tels que l’hibernation et la parturition, se désynchronisent avec l’approvisionnement alimentaire, alors le risque de famine sera accru.
Bonne journée et si tu as d’autres questions sur le sujet n’hésite pas =)
Bonjour Pelatan,
Le cycle de vie sur la chauve souris n’est que survolé ici car il a fait l’objet d’un premier article : » Tout sur les chauves-souris, de la pipistrelle à la noctule : particularités, cycle de vie, nourriture… » . Le dernier de la série sera consacré au guano…
Bonne lecture
Sébastien
Bravo bravo pour ce petit exposé sur les chauves-souris très instructif. Ça me donne envie de contribuer à leur préservation. En plus ça ne me paraît pas bien difficile ni contraignant.
bonjour
Ce sera avec grand plaisir vous verrez.. merci pour elles.
Merci beaucoup pour ce que tu fais pour les animaux ! Tu a un grand cœur ! Moi j’adore les chauves-souris ! Et je voudrais pouvoir en fair plus pour elles ! Je voudrais savoir si un nichoir pour oiseaux peut faire un nichoir a chauve souris ? Bisous continue comme ça !